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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 18:06
Mon 1er Grand Pardon à l'armée


Kiko m'a dit : Si tu fais la prière de bonne foi, même une seule fois dans la vie Le Bon D-ieu te viendra en aide.

  1957 : Nous devions faire une marche de 10 kilomètres à pied de notre base près du Carmel. Le sous-lieutenant nous dirigeant lit mal la carte et nous fait faire un grand détour de 20 km, nous sommes arrivés fatigués et affamés au camp des manoeuvres : 30 km au lieu de 10.

  Le caporal Gérard m'appelle et m'envoie sur le champ à la cuisine où je travaille sans arrêt jusqu'à 21 heures à peler des pommes de tere et à laver la vaisselle. J'avais juste eu le temps de me redresser et de me dégourdir les membres, que le sergent Fernand dit Fernandel, me commande de tenir la garde de 21 heures à 22 heures.
Je n'ai pas eu le temps d'aller sous ma tente chercher des balles et ainsi j'ai pris mon tour de garde sans cartouches dans la culasse du fusil. Le hasard veut que justement passe le Capitaine,  je l'arrête et pour lui montrer mon zèle je lui demande de me dire le mot de passe. Lui pense autrement et pour montrer de quel bois il se chauffe,  il prend mon fusil en mains et l'examine.
-- Il n'est pas chargé !!! À Yom Kipour tu resteras à la base : Pas de permission pour toi.

  Je n'ai aucune envie de rester seul dans cette base de jeudi matin jusqu'à mardi à midi. J'appelle Nataf et lui demande de se joindre  à moi. Il me promet de réfléchir à la question. Le dimanche matin il m'appelle téléphoniquement au bureau du secrétariat et me dit que mon ami Kiko est en route. Ors, Kiko n'est pas connu dans cette caserne. Pour lui procurer un laisser passer je dis à l'officier de service que mon ami va venir, qu'il est " Hazan ", meneur de prières et que nous en aurons besoin pour Le Grand Pardon.

Sitôt mon ami arrivé la sentinelle au portail lui demande s'il est le Hazan et fait la remarque qu'elle n'a jamais vu de Hazan à la calotte si petite et aux culottes si courtes.

  Kiko me demande las signification de son état de Hazan et je lui explique le subterfuge.
-- Je ne me rappelle rien des prières me dit mon ami de sa voix flegmatique si connue. Comment m'en tirer ?
Je pense qu'il se moque de moi, car je ne connais aucun Marocain ne sachant pas ses prières par coeur.
-- Je suis sûr que la synagogue sera vide. Tous les militaires sont en permission. Tu n'auras pas de gros problèmes.

  Le soir nous nous rendons au Temple qui est bondé, au moins cent personnes sont là, venues voir le meneur de prières et l'entendre.
Kiko ouvre son livre de quatre cent pages au chapitre déjà lu à 14 heures. Ne savant pas comment débuter, il  chante :
-- Vous êtes le Bienfaisant et nous sommes tous penauds, la tête basse !
Les fidèles répètent après lui, ne comprenant pas pourquoi il commence par ce couplet. L'un d'eux se dirige vers Kiko et lui fait la remarque. Mon ami tourne une centaine de pages et arrive à la prière du lendemain matin. A ce moment les prieurs comprennent qu'ils ont affaire à un Hazan sorti " des Pieds Nickelés ".
  
   Un barbu prend la direction des affaires et lit à haute voix " Tous mes serments ". Il n'a pas la voix de Tino Rossi mais ça peut aller. Les fidèles l'accompagnent afin de l'encourager pendant que Kiko et moi prenons la poudre d'escampette.


   La journée du lendemain toute entière, je prie au Bon D-ieu et lui demande à ma façon de me pardonner ce mensonge qui a mit mon ami dans une situation délicate. Je prie sans cesse, nous sommes dans de beaux draps, Seigneur aidez nous, pardonnez votre humble pécheur, votre fidèle qui est menteur. Par la même occasion je demande pardon à mon ami accouru comme à son habitude à mon appel.
-- Laisse moi dormir ! grogne Kiko. Si tu fais la prière de bonne foi, même une seule fois Le Bon D-ieu te viendra en aide.

   L'après midi nous nous rendons à la synagogue pour l'épilogue "Hanéhila" qui est aussi important que le prologue " Tous mes serments ". A la fin de la cérémonie le meneur de prières improvisé demande si quelqu'un sait sonner du Cor, le Schofar qui termine cette longue journée de prières et de jeûne.  Le Son du Schofar est le cri que Notre Bienfaiteur Le Seigneur Tout Puissant entendra, et alors il nous absoudra. Personne ne répond, personne ne sait.

   C'est alors que mon ami Kiko s'avance et s'écrie :
-- Moi ! Moi je sais ! Il prend en main le Schofar et il sonne exactement comme il se doit : " Troua'a, Shevarim, Tkia'a " et ainsi de suite dans l'ordre convenable, sans ouvrir le livre et pour terminer un long son rituel. Kiko nous a tiré d'embarras. Sans Kiko nos prières n'avaient aucune valeur.
Kiko est entouré et félicité. Nous nous embrassons entre fidèles et chacun demande pardon aux autres.



   Dans notre chambre Kiko me dit :
-- Tu vois ? Si tu fais la prière de bonne foi, même une seule fois Le Bon D-ieu te viendra en aide.
-- Comment sais tu le maniement du Cor ? Tu n'as même pas regardé le livre ! Explique moi.
-- Mon grand père sonnait du  Schofar le Jour du Grand Pardon à Mogador. Je l'ai entendu tant de fois faire des répétitions que j'ai appris les sons par coeur et que je l'imitais quand il tait absent.

N'oubliez pas de demander pardon et de pardonner aux autres. N'oubliez pas aussi de prier de bonne foi.  Si vous le faites sans arrière pensée, vous serez réhabilités.  




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commentaires

V
<br /> <br /> Je viendrai relire plus tard car je dois reconstituer toute ma communauté en raison du bug d'OB<br /> <br /> <br /> Merci de ta réinscription.<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> Violette<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Je pensais être déjà inscrit dans ta communauté, mais je peux lme tromper.<br /> <br /> <br /> Bonne journée et à bientôt, après la fête du Grand Pardon.<br /> <br /> <br /> <br />