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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 12:35
                       

L’Avare en arabe marocain


Auteur de l'article : Katy Bisraor Ayache   

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Jamais  Ronit Ibagi n’avait pensé que sa pièce de théâtre allait devenir un  phénomène de société. Joué en arabe marocain, l’Avare de Molière est l’événement théâtrale de cette année.

 

Lors de la première représentation raconte Ibagi, des gens sont montés sur scène et m’ont salué avec enthousiasme, en me disant, “désormais vous nous avez rendu notre honneur, nous sommes fiers de notre culture “. Je n’ai pas compris alors. L’honneur des israéliens marocains n’était pas du tout ma préoccupation, je voulais tout simplement faire du théâtre dans la langue d’origine de mes parents et de mes grands parents, langue que je n’avais même pas apprise, mais qui avait accompagnée mon enfance. Je pensais que les personnes de la génération de mes parents seraient tout simplement heureux d’entendre une pièce en marocain. véhiculant l’humour, les traditions, les non-dits, l’espace culturel. Cette fois, la légitimité n’était pas exprimée dans le folklore de la fête de Mimouna et des hennés des mariages, mais au théâtre, symbole suprême de l’establishment culturel israélien.

 

http://endirectdejerusalem.com/wordpress/wp-content/uploads/2008/01/les-acteurs-de-l-avare-mis-en-scene-par-R-Ibagi.jpg

Arrivée à l’âge de quatre ans de Casablanca,  Ibagi s’installe avec sa famille à Migdal Haemek, au nord d’Israël. Ibagi, qui s’appelait alors Raymonde, ne se rappelle rien de son pays natal. Raymonde devenue Rina, puis Ronit fait tout pour cacher ses origines. “Je voulais être ashkénaze raconte t-elle. J’avais honte de l’accent de ma mère, de ses traditions, de ces manies importées du mellah. A cette époque, être marocain, c’était être inférieur. J’ai fais du théâtre pour m’intégrer. “

 

Pourtant dans sa maison, Ronit s’imprègne de la langue de ses aïeux et passe des journées à écouter les histoires que lui raconte sa grand-mère aveugle, en arabe marocain. La petite fille comprend tout juste la langue mais saisit que les histoires de sa grand-mère recèlent un monde prestigieux, oublié, inconnu, renié.

 

Après des études de théâtre,  elle décide un jour, comme une sorte d’expérience anodine, presque un jeu de vacances, de mettre en scène des histoires du Maroc, en arabe marocain. Amis, frères et cousines sont mobilisés, deviennent acteurs d’un soir, dans des petites pièces emplies d’humour et de tendresse, faisant passer des soirées inoubliables à quelques dizaines de personnes. Progressivement le cercle restreint s’agrandit, de bouche à oreille, de ville en ville, on entend qu’un théâtre marocain est né. Ibagi tente d’intéresser l’establishment, dans un premier temps en vain. Tel-Aviv ne croit pas à l’avenir d’un théâtre en langue étrangère et de plus en dialecte arabe, qui ne peut intéresser qu’une minorité. Jusqu’au jour où un producteur comprend le potentiel, injecte des fonds, mobilise des équipes, des centres communautaires d’abord, les grands théâtres ensuite.

 

La suite, une série de représentations à guichets fermés. Des jeux de mots, un humour, des références culturelles, profondément ancrées, non seulement chez la génération des années 50, mais aussi chez celle des enfants et petits-enfants, qui souvent sans comprendre la langue, viennent assister à la renaissance d’une culture désavouée pendant des années. Pour Ibagi, la réaction du public était comme un choc culturel, les gens riaient aux larmes, même sans comprendre chaque mot. Un des acteurs commente à sa manière le succès, ” 2000 ans d’histoire ne s’effacent au bout de quelques années. “

 

Shmuel Malka, un des acteurs de la pièce explique ” L’arabe marocain a 5 % d’hébreu moderne, 5 % d’hébreu biblique, 5 % de français, 8  % d’espagnol, 10 % de sons gutturaux, 10 % de gestes orientaux et le reste d’arabe. A travers la langue c’est donc tout un monde qui est raconté. Mis à part un petit nombre de professionnels, la plupart des acteurs continuent à travailler normalement, menuisiers, instituteurs, ce qui renforce encore l’authenticité de cette expérience théâtrale.

 

D’autres sont plus pessimistes sur l’avenir de ce renouveau culturel.  Contrairement au yiddish qui reste la langue parlée de milliers d’israéliens,  le marocain ne pourrait  réellement prospérer que dans le domaine du folklore.

 

Sur l'auteur de l'article, Katy Bisraor Ayache :

 

Journaliste depuis le début des années 1980, elle couvre l'actualité israélienne dans les journaux, la radio et la TV. Parle à la radio JParis tous les matins, à sept heures trente, depuis près de trente ans  En direct de Jérusalem”.


Source : En Direct de Jérusalem


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commentaires

I
<br /> j'aimerai savoir comment se procurer le dvd, si quelqu'un peut me renseigner, j'aimerai l'offir à mes parents<br /> <br /> <br /> merci d'avance.<br />
Répondre
C
<br /> <br /> Sans doute chez : livres et disques<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> I have been visiting various blogs for my essay writing research. I have found your blog to be quite useful. Keep updating your blog with<br /> valuable information... Regards<br /> <br /> <br /> ___________________<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Process Essay<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Thank you so much, good luck with your work!<br /> <br /> <br />