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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 16:49

 

"J'ai été sauvée des griffes de la Gestapo"

Par Emilie Cailleau, publié le 15/04/2010 à 11:00

 

Les Justes ont sauvé la vie de juifs pendant la guerre. Leurs descendants et leurs enfants cachés se souviennent...


Jessica Bories montre la photo de son arrière grand-père qui a sauvé Suzy, une enfant juive, en 1942.
Source :

http://www.lexpress.fr/imgstat/logo_lexpress.gif


Jessica Bories montre la photo de son arrière grand-père qui a sauvé Suzy, une enfant juive, en 1942.

"La médaille de Juste est une façon d'honorer la mémoire de mon grand-père."


Pierre Harent, graphiste de 28 ans, est toujours en contact avec Norbert, le juif polonais que ses grands-parents ont sauvé au cours de la Rafle du Vel d'Hiv. Il le considère comme un membre de sa famille.

 

"Mes grands-parents ont caché une dizaine de juifs pendant deux nuits, les 16 et 17 juillet 1942. Parmi eux, deux voisins, Rivka Patalowski et son fils Norbert, ont été cachés dans une cave du quartier parisien à Ménilmontant.

 

Rivka et Norbert ont ensuite été conduits dans le Nord grâce une couverture ingénieuse imaginée par mon grand-père. Mon grand-père René s'est déguisé avec une blouse blanche d'infirmier et a placé Norbert dans une camionnette transformée en véhicule de la Croix-rouge. Ensuite, Norbert a trouvé refuge chez une famille dans l'Oise tandis que Rivka a résidé dans la Somme.

 

Après la guerre, ils sont tous deux restés des membres de la famille. Norbert et mon père ont constitué le dossier pour que mon grand-père reçoive le titre de Juste à titre posthume. Aujourd'hui quand Norbert en parle, il en a encore les larmes aux yeux. Cette médaille de Juste était une façon d'honorer la mémoire de mon grand-père et de faire en sorte que son histoire ne soit pas oubliée."

 

"Ma grand-mère trouvait ça normal d'aider des juifs"

Pierre Collardey, urbaniste de 30 ans, explique comment sa grand-mère est venue en aide à une famille juive, les Tenenbaum.

"Ma grand-mère Germaine ne cherchait pas de reconnaissance particulière pour ce qu'elle a fait pendant la guerre. Elle en parlait d'ailleurs très peu. Je n'ai été au courant de cette histoire que très récemment.

Germaine et son mari s'étaient liés d'amitié pour Henry Tenenbaum, un juif Allemand en exil. En 1942, ma grand-mère a aidé l'épouse d'Henry, Charlotte, ainsi que sa fille Jacqueline à quitter Paris. Elle leur a permis de rejoindre leur village du Limousin, à Saint-Léonard de Noblat, dans la zone libre.


Charlotte et Jacqueline ont échappé à une rafle grâce à un contact de résistant anonyme du nom d'Anjou 60 15. Charlotte a eu rendez-vous avec deux policiers en civil qui l'ont escorté jusqu'au train. Elle a pu traverser clandestinement la ligne de démarcation en marchant une quinzaine d'heures dans la forêt. Après plusieurs péripéties et le passage par plusieurs planques, Charlotte et sa fille ont été placées en lieu sûr. Ma grand-mère a réussi à les faire héberger dans des fermes tenues par des résistants. Là-bas, les Tenenbaum se sont faits passer pour des ouvriers agricoles."


"J'ai été cachée dans la sous pente d'une brasserie pendant un mois"

Suzy, 70 ans, a été sauvée par les arrières grands-parents de Jessica Bories. Aujourd'hui elle vit en Israël. Elle raconte:

 

"Mon histoire d'enfant cachée est liée à celle de mon père. Il s'est enfui de Berlin en 1938 pour échapper aux premières déportations de Juifs allemands qui avaient des papiers polonais. Il est alors l'unique survivant d'une famille qui a été déportée quelques jours avant la nuit de Cristal au camp d'extermination de Belzec.

 

Nous avons vu dans la lucarne de notre planque les camions de la police de Vichy ratisser le quartier.

Mon père est donc parti se réfugier en Belgique où il a rencontré ma mère. Pour échapper aux Allemands qui avaient envahi le pays en mai 40, ils ont fini leur périple à Pau, sous la ligne de démarcation. En août 42, alors que j'avais 2 ans, les rafles ont commencé dans la zone libre. Mon père s'était lié d'amitié avec un bûcheron. Celui-ci a lu à la mairie sur les listes de déportation que mes parents et moi devions être déportés. Il a couru chez ma mère nous avertir qu'un convoi venait nous chercher dans une heure.

 

L'arrière grand-père de Jessica, Jean Orgeval, qui tenait la brasserie paloise nous a ouvert immédiatement la porte. Il nous a cachés ma mère et moi dans la sous pente du café pendant un mois. Les conditions étaient terribles, il faisait très chaud. Nous avons vu dans la lucarne de notre planque les camions de la police de Vichy ratisser tout le quartier et emmener tous les Juifs au camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques).

 

Papa Jean nous a sauvés la vie à ma mère et moi."

"Bien qu'étant juive, j'ai été considérée comme une fille catholique. J'avais même un certificat de baptême!"

En 1941, Berthe, une enfant de 8 ans, a été cachée pendant trois ans par Marie Massonnat, dans le village de Le Montcel (Savoie).

 

"Marie Massonnat s'est occupée de moi avec beaucoup de tendresse pendant 3 ans. C'était en quelque sorte le paradis. Bien qu'étant juive, j'ai toujours été considérée comme une fille catholique. J'avais même un certificat de baptême. J'ai pris goût à cette vie: je me rappelle quand je faisais de la luge, c'était très amusant. Comme les autres enfants j'allais à l'école. Il a fallu me construire une histoire crédible et ça a marché. Partout dans le village, je racontais que j'étais de confession catholique et tout le monde le pensait.

 

C'était très dangereux de voir mes parents, je n'ai pu les voir que trois fois en trois ans. Mais je ne saurais dire qu'ils m'ont beaucoup manqué, car j'avais beaucoup de liberté et d'affection. Bien sûr tout n'était pas rose, j'avais toujours le sentiment que rôdaient des Allemands et des collabos autour de moi. Le danger était permanent.


Après la guerre, mon amitié avec la famille Massonnat a continué. Je suis très liée à l'arrière-petite fille de Marie Massonnat, Adeline. C'est ma famille de France."

 

Retrouvez le reportage sur les descendants de Justes en Israël en cliquant ici.

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commentaires

M
<br /> <br /> Tu vois je penses que si il y avaient eu plus de gens comme eux ces Justes, on aurait épargné beaucoup de vie fauchée pour rien comme ça pour faire le jeux d'une poignée de débiles.......<br /> <br /> <br /> Je trouve ça formidable et surtout le fait que beaucoup soient encore en contact, je pense que lorque tu "dois " ta vie au courage d'une personne il est normal que ça créé des liens de famille<br /> presque.<br /> <br /> <br /> Bon aprèm Camus<br /> <br /> <br /> bisous<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Bonne soirée Morgane,<br /> <br /> <br /> Il y a en France, partout en Europe en Afrique du Nord er particulièrement en Yunisie des Justess des Nations qui o,t sauivé des vies, accueillies des familles spoliées de leurs biens.<br /> <br /> <br /> La famille de mon ami le Professur Hédi Bouraoui dont je rappelle les oeuvres,  a recueilli deux dames une mère âgée et sa fille une demoiselle handicapée. Elles ont été sauvées par cette<br /> famille de Justes. <br /> <br /> <br /> De partout il y a eu des Justes et chaque année on leur fait honneur et ils ont bien gagné le Pradis.<br /> <br /> <br /> Bon week end et bisous.<br /> <br /> <br /> <br />