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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 16:40

Cher(e)s Ami(e)s,
Ci-joint un compte rendu qui vient de paraitre dans la Revue
électronique des Professeurs de français au Canada...
pour votre information.
Amitié

 Voix plurielles 10.1 (2013) page 181

 

 Bouraoui, Hédi. La réfugiée (Lotus au pays du Lys). Toronto : CMC, 2012.

  

hedi-1--copie-1.jpgCMC Editions, Toronto, Canada, 2012
Collection
Nomadanse, dirigée par Elisabeth Sabiston, directrice du Canada Mediterranean Center
Couverture dessinée par Micheline Montgomery
Illustrations internes de Martine Lamy, Sophie Olicki, Ody Saban, Claudine Goux,
Gèrard Sandry
, Pierre Silvain, Laudine Jacobée, Adam Nidzgorski, Stoimen Stoilov
ISBN 978-2-9812022-0-8

   Note de lecture rédigée par Nafée Nelly Faïgou 

 

 

« Si l’amour, ce nomade béni, est ton invité,

accueille-le avec tous les égards. »

Azizoddin Nasafi

 

http://www.adamantane.net/hebergerie/jointure/recensions_dossier/bouraoui_couverture/Ce narratoème est un conte chanté aux protubérances poétiques racontées à toutes les enfances perdues ou enfouies. Une histoire à l’encens musical dit au coin du crépitement silencieux des regards de la voie lactée bercée par le son du luth.

Le lecteur s’extasie de la richesse linguistique, du chatoiement du vocable de l’auteur, magicien esthète qui fait disparaître et reparaître les mots à volonté entre ses doigts habiles. C’est jour de fête, car le lecteur-témoin-multifacette, chenille lourdaude, est catapulté dans les airs, transmué par la parole-purgatoire de l’auteur, en papillon.

Le lecteur émigre ainsi d’un pôle à l’autre de la terre à la fois au-dessus et au niveau de chaque lopin de terre traversé. Il se prête au jeu et écoute l’auteur refaire une histoire humaine donnée, celle de Dorboa, fleur de lotus, en épopée fantastique où la protagoniste principale est capsule d’amour transformant tout ce qu’elle effleure, en oasis aux plantes volubiles.


La réfugiée est un texte participatif aussi bien dans sa structure linguistique que dans son contenu, tel un parfum au corps parfaitement proportionné et balancé, car tout y est dosé avec parcimonie et science. Le contenant participe à la compréhension du contenu. Aucun des genres mélangés n’aurait pu, à lui seul, offrir une puissance du signifié de cette envergure. Chaque genre tel que le poème, le roman ou le conte pris à part, manque chacun d’une qualité que l’autre genre possède. L’auteur a cueilli la particularité de chaque structure afin de nous offrir un cultivar de genres endémiques, un jardin d’épiphytes aux potentialités infinies.

Le narratoème devient ainsi un état de tolérance au sens le plus pur du terme. Chaque élément procède et participe du meilleur de l’autre. Cela lui permet d’atteindre des octaves de perfection jamais atteintes. En voyant le meilleur chez l’autre, on atteint inévitablement l’apex des qualités en soi et vice-versa.

Il serait alors intéressant de se poser la question : qui est le véritable réfugié ? Celui qui s’accroche à ses préjugés ou celui qui s’en déleste et ouvre ses bras et son odorat aux parfums qu’il rencontre au gré de sa quête ?

Le contenu du texte est cordiforme et bilinéaire dans son essence. La lecture se fait à deux niveaux. Au-delà de la thématique de la dualité : immigration / sédentarisation, peur /

 

Voix plurielles 10.1 (2013) page 182

 

amour de l’autre, amitié / égoïsme, guerre / paix et méchanceté / tendresse quotidiennes racontées. C’est le mythe de l’apprentissage perpétuel. Celui du néophyte aussi bien que celui de l’élève. C’est une inflorescence sacrée / profane où se côtoient la verve romanesque, les sourates chantées et les mantras scandés.

 

La respiration même du texte entre chaque phrase crée un espace… en suspension où, dans sa générosité immense, l’auteur-poète offre avec insistance un temps-espace de rencontre où le lecteur participe à la création du texte en apportant sa contribution déclinée en pensée-trois-points-de-suspension.

Le narratoème devient alors une tour de Babel reconstituée avec les moyens de bord ; de la ponctuation, du pollen, la complicité infaillible des abeilles et du lecteur. Un nectar que chacun hume et déguste à volonté.


Le politique, la religion et la philosophie, les mythes, l’épopée, la musique, la poésie, le roman, l’amitié, l’amour, le chant sacré s’imbriquent en un bouquet auquel il est difficile de résister. Sous un « discours » fleuri, Hédi Bouraoui atteint, l’air de ne pas y toucher, aux bassesses et aux grandeurs humaines. Celles-ci s’élèvent, se mêlent et se perdent dans le vent en un brouhaha d’anémochores que l’on respire indistinctement. C’est le narratoème dans sa forme absolue, hymne à l’amitié et aux différences multiples, chacune nécessaire dans cette tapisserie d’une « langue-être » en puissance.


Nafée Nelly Faïgou

 

CMC.jpg

 

Il est possible se procurer le livre auprès du CMC = cmc@yorku.ca



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