Arieh (Arik) Einstein est né le 3 janvier 1939 à Tel Aviv et est mort à l'hôpital Ikhilov mardi soir, le 26 novembre 2013 dans la même ville. Son père, Yaakov Einstein était acteur au sein de la troupe Ohel.
Dans sa jeunesse, Arrik fut champion d'Israël de saut en hauteur et il pratiqua différentes branches de sports dont le basketball et l'athlétisme. Il a été supporter numéro de l'équipe de football Hapoël Tel Aviv et a désiré être moniteur de sport à l'armée. Sur le conseil de son père, il postule pour la troupe d'artistes de Tzahal étant donné sa vue faible, il rejoint donc la brigade de Nahal.
A l'audition il est remarqué par Haïm Topol. Ce dernier le prend à part et lui dit :
- Tu es bien maigre et dans notre brigade il n'est pas seulement question de chanter et de jouer, mais aussi de monter et démonter le podium, de transporter, bref un travail physique. Si tu me prouves que tu es costaud, je te prends, vous êtes trois bons candidats et nous devons recruter deux seulement.
- Quelle preuve dois-je donner ?
- Nous allons nous défier au bras de fer. Si tu me descends le bras tu as gagné.
« Et Arik m'abaisse le bras en un clin d'œil. Nous l'avons engagé »… nous confie Haïm Topol hier téléphoniquement de Londres.
Largement considéré comme le plus grand chanteur de l’histoire israélienne, l’annonce de sa disparition plonge tout Israël dans une profonde tristesse. Le chanteur-compositeur israélien Arik Einstein a chanté nos poètes, rendant honneur à la langue hébraïque, avec lui pas une faute d'orthographe n'est permise et il est de règle que le vocabulaire soit correct.
Tous les médias, les trois chaînes de télévision ainsi que les stations de radio ont suspendu leurs programmes pour rendre compte de l'événement.
Des dizaines de milliers de personnes, dont des amis et la bohème israélienne, ont interrompu leur travail et toute activité, pour venir en début d'après-midi mercredi, par une température de 33 degrés sur la Place Rabin à Tel-Aviv pour rendre un dernier hommage au chanteur Arik Einstein, icône artistique du pays.
Ce dernier honneur rendu spontanément au plus grand chanteur Arik Einstein a vite pris l'allure d'un deuil national.
Arik Einstein n'était pas seulement un grand chanteur à la voix de barytone claire et agréable, il n'était pas uniquement un parfait compositeur et un acteur comique inné. C'était lui l'artiste qui a tendu la main à d'autres, aux plus jeunes et leur a parlé d'égal en égal. C'est lui qui a su donner aux nouveaux chanteurs un coup de pouce, les appeler au téléphone pour leur dire : « Bravo, j'aime ce que vous faites ». C'était l'homme qui par amitié a faufilé dans une chanson le nom de son musicien ou de son électricien.
Arik était si simple que tous ses collaborateurs sont devenus ses amis. Il était si sensible aux ennuis d'autrui qu'il était toujours là pour aider et ce n'est pas surprenant qu'il avait conquis des cœurs de partout. Mouni Mouchonov a conclu :
– Arrik tu es né fils unique, mais tu as trouvé une multitude de frères et sœurs.
L'artiste Mouni (Menahem) Mouchonov étant considéré comme un de ses plus grands amis a été appelé par le compositeur Noam Shérif dans le but de vérifier si Arik accepterait de recevoir un prix comprenant une somme d'argent importante. Mouni est allé voir Arik afin de considérer la question :
– Arik, tu sais Noam Shérif ma téléphoné…
– Ah oui ? Comment s'est-il exprimé. Et là Arik essaya d'imiter la voix de Noam Shérif.
– Attends Arik, il est question d'un prix que tu devrais recevoir…
– Comment a-t-il parlé ajouta Arik sans permettre à son interlocuteur de terminer sa phrase.
– Arik il est question d'une somme d'argent importante que tu devrais recevoir.
– Monter sur une tribune et recevoir un prix ? Non je suis trop timide pour çà.
Arik n'a pas été timide pour téléphoner au Premier Ministre lorsqu'il le fallait, mais pour recevoir un prix, il n'oserait pas grimper sur le podium. Arik.
Arik le modeste, le timide nous disait qu'il faut savoir pardonner.
Arik nous priait dans une chanson de ne pas conduire vite, dans une autre de croire que l'amour triomphera. Il nous a assuré que toi et moi nous changerons la face du monde et aux jeunes il a chanté : « Vole oisillon, traverse le ciel mais prends garde, le vautour veille dans le firmament… »
Arik a réuni tout Israël dans sa mort. Enseveli dans le cimetière de la Rue Trumpeldor - dans l'intimité - a supplié sa famille. Etaient présents en dehors de ses proches, ses amis aussi. Sa femme Sima Elyaou et ses deux filles mariées aux deux fils de son ami Ouri Zohar sont orthodoxes ainsi que ce dernier qui a été le premier à se couvrir la tête de la kippa. Arik qui avait été bouleversé par ce changement survenu chez son ami avait chanté il y a vingt huit ans : « J'ai perdu un ami. » Lors de la sépulture Ouri Zohar a dit avec émotion : « Tu avais dit en parlant de moi que tu avais perdu un ami, mais voici que c'est moi qui te perd. »
« Tu étais le plus grand, notre chanteur national, a proclamé, très ému, M. Netanyahu ».
Je n'ai jamais vu avant ce jour tant d'amour et d'émotion exprimés à la mort d'un homme, fut-il un grand artiste. Le seul évènement comparable à celui-ci était le recueillement du peuple en novembre 1994, dans la même place après l'assassinat d'Itzhak Rabin, alors Premier Ministre.
Après la Sépulture, les amis d'Arik, ceux qui l'aiment sans l'avoir connu de près, sont restés : un groupe s'est réuni devant la maison de l'idole, un second est resté sur la Place Rabin et un autre groupe n'a pas quitté le cimetière. Assis par terre, ils sont restés là à chanter les chansons inoubliables de leur chanteur adoré, jouant de la guitare. La nuit est tombée depuis longtemps et ces personnes venues la veille à 1 heure du matin ne pouvaient plus quitter les lieux, chantant mélodiquement à la mémoire du plus grand chanteur disparu.
En conclusion : tout l'amour exprimé spontanément à Arik le compense du fait qu'il n'ait jamais reçu le Prix
d'Israël. Le chanteur-compositeur Arik Einstein n'a pas reçu le Prix d'Israël, mais il a obtenu le Prix du Peuple
d'Israël. J'ajouterai Arik que toi qui n'a pas rejoins la religion comme ta femme, tes deux filles et ton ami Ouri, tu es par tes qualités morales
le plus proche de Dieu que tous les autres. Oui Arik.