Isaac notre patriarche
Cette promesse déjà entendue d'une bénédiction en lui, devenue cette fois-ci une
bénédiction en sa descendance, promesse faite au Père des familles de la terre, a labouré son être de mille-et-une questions.
Qui sera-t-il cet enfant attendu, rêvé et espéré et pourtant dénié par la carte du ciel
que sait lire Abraham, l'Hébreu ?
Mais l'Éternel lui avait dit de « sortir » et de porter son regard bien haut
dans les cieux, au-delà des étoiles, au-dessus du soleil, en un lieu hors nature où les lois du déterminisme n'ont plus aucun pouvoir pour figer le sort des hommes. Il l'avait invité à
sortir de ses propres limites pour habiter le temps quand il se fait Éternité.
Il avait donc fallu qu'Abraham se mette en chemin vers sa terre intérieure pour mériter
que lui soient dévoilés les secrets de la terre de Canaan. Il fallait à présent qu'il quitte le centre de sa terre pour visiter son ciel et entendre la voix de la promesse d'un à venir sur
la terre des hommes.
Mais que peut être cette promesse qui s'installe dans un futur voilé et que peut être le
temps quand il se fait Éternité ? Pourquoi cet enfant devra-t-il se nommer Isaac et que peuvent signifier profondément les rires de ses parents ?
Enfin, quelle est cette assurance qui donne au peuple d'Israël, aujourd'hui comme hier et
hier comme demain, la force de traverser tant de tourments insupportables, tant de haines viscérales, tant de regards malsains sans jamais perdre l'espoir d'un rire universel qui se moque
du ridicule des situations figées par les pensées obsolètes des grands de ce monde, qui se moque de leurs plans et projets, eux qui se leurrent du pouvoir de décider de l'avenir de la terre
d'Israël et du peuple d'Israël ?
En hébreu, Isaac veut dire « il rira », car père et mère bien avancés en âge ont
souri, puis rit intérieurement de cette annonce extraordinaire d'une engeance à venir, qui se moque des lois de la nature.
« Il rira » est un futur qui promet la délivrance et la joie d'un Vivre ensemble
tant espéré pour les hommes. Ce futur, je voudrai l'interroger avec vous et visiter les mots qui disent le temps hébreu pour tenter de comprendre un peu du sens de la promesse
divine.
Isaac, selon la kabbale, est la « personnalisation » de la Colonne de la
Rigueur, Guevorah. La Tradition dit qu'Isaac affrontait ses ennemis avec le sourire et qu'il connaissait le secret de la dérision ; c'est avec le rire qu'il démasquait les forces
négatives et faisait tomber les écorces du Mal.
Son nom s'écrit avec un Youd
dont la valeur est 10, un Tsadé dont la valeur est 90, un Het dont la valeur est huit et un Kouf dont la valeur est 100.
Le Youd renvoie à la dixième épreuve d'Abraham concernant la ligature d'Isaac, le
Tsadé renvoie aux 90 ans de Sarah lorsqu'elle a mis au monde son fils, le Het renvoie aux 8 jours de l'alliance de la circoncision et le Kouf renvoie aux 100 ans d'Abraham lorsqu’enfin il
est devenu père.

L'ensemble du nom a pour valeur le nombre 208 qui est le nombre des os du corps
humain (il y a 365 nerfs, 248 muscles et 208 os) mais c'est aussi huit fois vingt-six, soit huit fois le nombre du Nom ineffable. Je n'aborderai pas ici le secret du nombre Huit selon la
Tradition juive — une autre opportunité pour le faire se présentera certainement. Mais la symbolique des os est importante, car ils sont la charpente de l'homme qui tient le plus
longtemps dans un corps sans vie, quand il retourne au silence de ce qui ne fait que ressembler à la nuit, bien après que l'âme ait quitté le corps. Isaac est une charpente, une
structure osseuse et bien que j'en ai fort envie, je ne vous parlerai pas ici de cet os très particulier qui est la porte des Cieux et que je garde en réserve pour la lection sur l'échelle
de Jacob.
Il y a plusieurs mots qui disent le temps et je voudrai ici en retenir trois : le mot
ZMaN, le mot ET et le mot MOED.
Le mot ZMaN est écrit avec les lettres racines du mot Invitation HaZMaNa, car le temps est
bien une invitation à être, non pas à laisser passer le temps sur nous, mais bien à l'habiter pour être présent à chacune de nos pensées, présent dans les mots qui traduisent un peu de
notre intériorité et présent dans les gestes de la vie qui portent trace de nos engagements.
Comment ne pas entendre alors que le ZMaN offre la MaNNe, nourriture du ciel pour nos âmes
qui ont soif de spiritualité, pour ceux qui ont répondu « présent » à l'appel de l'invitation ?
« Nourriture » disais-je, car si les lettres du mot Temps écrivent MaNNe
qui est un mot hébreu, elles écrivent aussi le mot MaZoN qui signifie « nourriture ».
Le mot ET (prière de prononcer la lettre T) s'écrit avec deux lettres qui sont le Ayin et
le Tav et ensemble ils font le la guematrie de 470.
C'est un nombre très intéressant qui lie ensemble le secret de Gog et Magog, le Vin de la
délivrance finale et le Signe 22.
Je vais essayer d'être claire non sans remercier d'ores et déjà mon ami David Lellouche
qui me soutient dans mes études et me délivre ses enseignements si précieux.
La lettre Ayin de ET veut dire Source, Œil et vaut 70, tout comme les mots « Gog et
Magog », « Vin » et « Secret ».
La lettre Tav de ET veut dire Signe et elle est la vingt-deuxième lettre de l'alphabet
hébreu qu'elle clôture.
Je ne voudrai pas faire ici d'interprétation toute personnelle, simplement vous proposer
des rapprochements et vous laisser libre de vos associations.
Mais ET, le temps est aussi le temps pour chaque chose (un pour pleurer, un pour rire, un
pour détruire, un pour construire, etc.) qui se partagent en 28 moments décrits par le Roi Salomon, car le Nombre 28 est la clé du Temps (28 jours, 28 sections dans le mois lunaire, 28
ans dans le grand cycle et autres, développés de manière bien profonde dans le livre de la Création, le "Sefer Hayetsira").
Enfin le temps est aussi MOED qui est l'anagramme du mot Conscience "MOUDA" et qui nous
parle d'un Rendez-vous fort particulier, celui de la Tente du Rendez-vous qui accompagnait les Hébreux dans le désert et qui se dit OHeL MOED.
Un rendez-vous qui se tient, lorsque l'homme a entendu l'invitation du cœur du Temps pour
réussir à être présent à lui-même, réussir à se nourrir de la spiritualité et réussir à endosser les épreuves d'un temps pour tout.
MOED que nous pouvons encore diviser en deux lectures ED qui veut dire
« Témoin » et MO, constitué d'un Mem et d'un Vav et qui symbolisent, en tout cas à mes yeux, le Mem, le ventre maternel des eaux de la Binah, l'Intelligence et le Vav, le cordon
ombilical qui relie la conscience de l'homme à cette Connaissance secrète au cœur de la Tente du Rendez-vous. C'est alors que dans la Tente du Monde, l'homme peut enfin être initié aux
secrets de l'Univers.
Que pourrai-je encore ajouter sur MOED ? Il est le mot retenu par la Bible pour fixer
toutes les fêtes juives, tous ces temps de rencontre d'un peuple avec le Divin ; sans doute, il appartient à ceux qui s'élèvent au rang de Témoins de la transcendance d'offrir leurs
tâtonnements sans honte, ni crainte, car on ne saurait garder jalousement les enseignements des traditions humaines.
Me suis-je trop éloignée d'Isaac et du rire à venir ? Sans doute un peu, comme à
l'accoutumée quand je me laisse emporter par mon désir de créer du sens et de lire les mots et les lettres hébraïques comme un code secret pour apaiser mes interrogations.
Abraham avait interrogé le Maître du Monde : est-ce Éléazar qui héritera des fruits
que j'ai planté dans le cœur des hommes ? Puis il avait demandé : est-ce mon fils Ismaël, fils d'Agar, la servante de Sarah ?
Mais n'en déplaise à qui en déplait, la promesse est claire et sans équivoque ; ce ne
sera ni Éléazar, ni les fils d'Ismaël qui hériteront d'Abraham et de cette terre, mais bien Isaac, fils physique et spirituel de son père.
Et Isaac, modèle du Rire à venir rit des plans des Nations, de leurs priorités et piteux
calculs sur le compte d'Israël, car il sait que le Maître du Monde se joue des projets fumeux de destruction des puissances nucléaires et autres armes malfaisantes.
Quels que soient les artifices dont elles usent pour nous abuser, les Nations qui ont les
yeux rivés à la terre promise et qui ne cessent de nous disputer le droit à une terre — la nôtre — ne décident de rien du tout et ne font que préparer le lit du Mal qui
se retournera contre elles. Car on ne saurait acheter la paix sur le compte d'un peuple, on ne saurait sacrifier Israël sur l'autel de l'islamisme sans payer de leurs personnes les
mauvaises herbes qui croissent dans leurs champs.
Isaac ne craint rien ; il sait que la promesse d'un peuple juif revenu sur sa terre
est déjà réalisée. Il rit en lui-même de cet avenir qui promet la victoire des forces du Bien sur les forces du Mal, pour qu'enfin éclate le rire de la délivrance pour tous.
Rira bien qui rira le dernier !
Rachel Franco
Israël, le 27 octobre 2010