Avec la participation se Shoshana Vegh

Photos Meïr Cohen


L'organisation Amit a pour but de conserver la Souvenir  de la vie culturelle  des Juifs de Tunisie. Avec l'aide de dons et du parrainage de Mme Myriam Fieberg-Ikar, le maire de la ville Netanya, l'organisation a construit un Centre culturel qui se consacre à ces fins.

L'espace est vaste fort bien entretenu et jouit d'un décor intérieur approprié. Il comprend une synagogue, un édifice commémorant les victimes de la dernière Guerre Mondiale et un registre des évènements heureux ou pénibles survenus à la population Juive gravés sur le Mur occidental.



Meir Cohen, Camus, Miri Elkalaï et Eyal Ortal (Photo Meir Cohen)


Dans ses projets d'avenir, dans la mesure où les donnateurs seront généreux, Amit voudrait construire un nouvel étage au dessus du rez-de-chaussée, afin  d'y abriter d'autres  travaux.


Des activités diverses sont organisées dans ce complexe, comme par exemple un club pour retraités qui viennent y discuter des dernières nouvelles et des sujets inscrits à l'ordre du jour, en sirotant un thé à la menthe ou en jouant à des jeux de société. D'autres viennent pour participer à des   activités culturelles diverses : on a déjà vu sur scène, des sketches basés sur des proverbes tunisiens, en langue mi judéo-arabe et mi française. On y entretient aussi un forum d'internet qui a déjà vu sur page des récits d'auteurs Sfaxiens, parmi eux, Hédi Bouraoui et Claude Kayat.


La direction de l'organisme s'occupe surtout du pan  historique concernant les ressortissants de Tunisie en Israël et de la participation aux colloques opportuns. On y rencontre le Dr Arrari, Nessim Taïtou, Roger Aloni, Dr Victor Ayoun et Maître Orthal.


Entre autres activités basées sur le volontariat, Amit a hébergé entre ses murs le Salon du Livre Tune, projet conçu et organisé par Myriam Elkalay. Le département du livre n'est pas nouveau chez Amit, puisque on peut y acheter les collections francophones d'Amazone, par exemple. Myriam qui est volontairement chargée du dossier culturel, a proposé d'accueillir à Amit le Salon du Livre Tune, elle a en outre accommodé cette activité et a été félicitée de toutes parts.


Le Salon du Livre a été couronné  de succès, non pour l'abondance de ses invités,  ni pour les nombreux visiteurs venus des quatre coins du pays et en dehors d'Israël. La réussite est due, à mon avis, aux auteurs qui fidèles au rendez-vous nous ont honoré de leur présence, assis près de leurs stands, proposant leurs œuvres en langues hébraïque et française, poètes, nouvellistes, romanciers, chercheurs, historiens ou explorateurs. Le leitmotiv chez tous ces écrivains est  La Tunisie, notre vie dans ce pays, nos us et coutumes et la "Asrra", la connivence avec nos voisins de différentes confessions en général.  

En observant les écrivains, j'ai perçu leur émotion de participer à ce meeting. C'est le premier du genre. Maître Orthal, membre de la direction a reçu les convives, avec  fierté non contenue. Dommage que les jeunes, descendants des émigrants Tunisiens n'étaient pas de la partie. Ceux qui ont pensé qu'il faudrait atteler la nouvelle génération à la rescousse, ont dû être déçus.



  

 

Le musée d'Amit (Photo Meir Cohen)

Les auteurs.

 Yaccov Hazan, recteur du Centre Van Lyre, professeur de littérature, écrivain et critique littéraire,   préside la séance d'ouverture. A son avis, les premiers Juifs sont arrivés à Djerba après la destruction de Deuxième Temple. La Tunisie est connue dans les parchemins bibliques sous le nom de Tharsis. A ce propos, il rappelle le prophète Jonas dont la tragicomédie a droit à trois chapitres dans la Bible :

Prof. Yaacov Hazan (Photo Meir Cohen)

-- "Lève-toi ! Va à Ninive, la grande ville, et prophétise contre elle : car leur iniquité est arrivée jusqu'à moi", ordonne Dieu l'Eternel. Jonas, qui connaît à l'avance le scénario, "se leva pour fuir à Tharsis, hors de la présence de l'Eternel"1. Il y arrive rejeté par une baleine sur les rives de Tharsis.

Charlot Bar Tov a écrit son roman "Les Clefs" qui comprend deux parties. La 1ère raconte le roman d'amour impossible entre un jeune Juif Tunisien et une Allemande,  lors de la 2ème guerre Mondiale. Ayant connu les personnages véritables de cette tragédie, j'ai vite fait d'acquérir ce livre. La 2ème partie du livre raconte le retour de Charlot à Nabeul où il a retrouvé ses voisins, des personnes connues et aussi le bedeau de la Synagogue qui lui a confié les clefs du lieu saint.

De gauche a droite, Charlot Bar-Tov, Nessim TaÏtou,  Yaacov Hazan et Viviane Sémama (Photo Meir  Cohen)

Yossef Péri (Parienti) m'a vendu le second livre : Tounès blad el fel oul yasmine. Le titre du livre parlant d'une randonnée en Tunisie sous la senteur du jasmin m'a cligné de l'œil. J'y ai trouvé maintes descriptions de villes et contrées, en plus de lieux saints et de l'histoire des rabbins célèbres en Tunisie.

Shoshana Vegh est  native d'Ashkelon en Israël (1957). Sa mère est originaire du Kef et son père est ashkénaze.  Shoshana professeur de langue hébraïque et de littérature au Lycée de Netanya, a fait son master en littérature à l'université de Bar Ilan. Elle a pensé qu'étant seconde génération de mère Tune, elle trouverait sa place dans un des stands d'Amit. Elle a été accueillie à bras ouverts. J'ai été attiré par deux de ses livres de poésie que j'ai achetés :

*Crops of Madness et *Are you for realm, écrits en hébreu, évidemment.

Viviane Semmama Lesselbaum a écrit deux livres historiques en français et elle a cherché parmi les convives un metteur en scène pour une pièce théâtrale qu'elle a édité.

D'autres écrits ont été présentés :

Hanna Cohen : "Les femmes en bleu".

Dr Myriam Guez Abigaïl : la poésie pieuse des femmes Juives de Tunisie.

Menahem Krief : "L'homme aux neufs noms" en français.

Le Rabbin  Mikhaël Sitbon est l'auteur francophone de "Mes deux passions, La Bible et la musique".

Tous les écrivains d'origine tunisienne n'étaient pas là, il y avait des manquants et c'est dommage.

J'ai regretté l'absence du Professeur et historien  Haïm Saâdoun fils de Coco et d'Yvette de Sfax. J'ai rencontré Hâim Saâdoun quand il était âgé de trois ans, dans la rue Jérôme Fidèle dans le bureau de son père. Son oncle Moshé Bouhnik, alias Bishi était l'une des plus belles mémoires de la Diaspora Sfaxienne. Sa tante Colette et sa mère Yvette sont les amies  d'enfance de Marguerite Axisa,  la secrétaire générale de la Diaspora Sfaxienne.  

Les œuvres traitant des coutumes des Juifs Tunisiens ont trouvé leur place dans cet Espace Culturel d'Amit, les ouvrages et le nid, ont tout en commun. 


Pour terminer un  poème de Shoshana Vegh :


Paume d'amour

Sortant  de sa coquille

L'escargot se pose sur ma paume

Draps mouillés d'écume

Et lettres inversées

Mutent en poésie

Par enchantement,

Durant la sieste

Emmitouflée

Dans la couverture

Qui a connu nos ébats

Je te revois en souvenir

Toutes les eaux ne viendront 

A bout

Du feu de la passion 

Tu me demandes

De   donner  grâce

A l'escargot ?

 

1- Reuven (Roger) Cohen : "Lève toi, va à Ninive, la grande ville".