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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 12:07

Ma tante Beya

 

Elle se prénommait Shelbya, mais tout le monde l’appelait Beya ou Béa, Béatrice à l’école primaire qu’elle a fréquenté jusqu’au cours supérieur. 

Tante Beya avait de l’esprit et quel plaisir était d’être en sa compagnie !

Avec l’âge sa vue s’affaiblit et sa mémoire aussi un peu. Si d’habitude on la trouvait souvent assise en train de lire une brochure ou plongée dans un livre, ces derniers temps elle déchiffrait mal les lettres s’embrouillant devant sa vue fatiguée.

-         Va consulter un ophtalmologue, azizti* lui proposa maman.

-         C’est ce que je ferais bientôt, kouni metanïa ya oukhti*.

 

http://tunecity.net/IMG/jpg/CoreteJapon3.jpg

En outre, elle oubliait où elle avait laissé son porte-monnaie, sa clef et en allant à la cuisine, elle ne se souvenait pas si elle y était venue pour remuer le contenu de son tajine, ou pour boire un verre d’eau ou tout simplement pour éteindre le feu. Maman trouva une solution partielle à ces menus problèmes.

-        Fais un nœud à un mouchoir Beya et chaque fois que tu ne trouveras pas la clef  tu diras : « Ya Myriam rends moi ma clef, sinon ton mari sera prisonnier, attaché à mon mouchoir ».

-        C’est un bon conseil Meha, mais  j’oublierai certainement l’emplacement du mouchoir.

-        Non tu t’en souvindras.  

Sur ce, maman prit un mouchoir et l’attacha à la poignée d’un tiroir.   

-        Voilà, de cette manière, tu trouveras toujours ton mouchoir. Mets tes clefs et ton porte-monnaie toujours dans ce casier. Tu seras ainsi dispensée d’implorer Myriam.    

-        Quelle bonne idée…  Et les autres oublis ?

-        Inscris tout ce que tu voudras t’en souvenir sur un papier, placé toujours à la même place avec le crayon, disons dans le tiroir où est relié le mouchoir.    Les autres oublis ne sont pas graves.

-        Merci ma chérie. Enhabek, ya omri*.

 

Un beau jour un arôme de molokhïa* monta de la maison de tante Beya. Moi j’adore la molokhïa, ainsi que maman d’ailleurs. Justement tante  Beya nous invite goûter son mets.     

-        Meha, venez manger avec nous, cria-t-elle de sa cour attenante à la nôtre.

Ce n’est pas de refus. Nous y allons.

 

Assis à sa table nous la félicitons pour sa bonne cuisine.   « Quel bon plat ! Hum comme c’est bon ».  La molokhïa est succulente, bien plus qu’aucune autre. Pourtant maman est bonne cuisinière.

-        Elle est excellente ya omri. Comment l’as-tu si bien réussie ? demanda maman.

-        La recette habituelle chérie, sans rien de  plus.  

-        C'est-à-dire ?          

-        Voyons,  tu sais : Huile, oignon coupé en petits carrés, tomate entaillée, piment piquant nettoyé et équeuté, viande baba* en morceaux, du sel, du carvi pilé avec de la coriandre, de l’eau et de la molokhïa moulue en poudre.  Je laisse rosir les carrés d’oignon dans l’huile, j’ajoute la molokhïa, la viande, je couvre d’eau en ajoutant  la tomate, le piment et le sel. J’assaisonne à la fin de la cuisson.

-        Je la prépare de cette manière, mais la tienne est unique Beya oukhti.

 

Nous mangeons avec appétit et tante Beya nous ajoute encore sans que nous ne rouspétions. Elle est si bonne, comment refuser un rabiot ?…

-        Mangez ! nous conseille tante Beya. Tu sais Meha, ajoute ma tante savante : la molokhïa calme les nerfs, est bonne pour la circulation, pour le système digestif…

-        Tant que çà ?

-        Et ça ne coûte pas cher.

-        Oui c’est vrai, et elle est excellente ta molokhïa ajoute maman.

-        Et elle est bonne pour le sexe ajoute ma tante en chuchotant à l’oreille de maman.

-        Tu aimes le sexe Beya demande maman à mi-voix pour que nous n’entendions pas ma cousine et moi. Rires.

-        J’adore susurre-telle. Et toi non ? Elles parlent à voix basse, un murmure.  Mais moi, j’entends.

-        Maman c’est quoi le sexe ?

-        Beya ?  Ma mère regarde ma tante.  Celle-ci intervient :

-        La sexologie est une science que tu étudieras plus tard mon petit.

-        Et tu aimes ça tata ?

-        Oui. Nous sommes pour les études. Qui étudie s’enrichit…

 

Maman rit et je ris aussi imité de ma cousine sans savoir pourquoi. Nous mangeons si bien que la marmite se vide petit çà petit. La gourmandise est un défaut, mais c’est tellement exquis…  Je trouve une carotte dans le fond et je la croque. Elle a un goût de molokhïa- carotène. Maman n’en croit pas ses yeux. Jetant encore un coup d’œil, elle aperçoit une aubergine.

-        Beya, tu as des secrets pour moi ? Tu as ajouté une aubergine et une carotte ?

Tante Beya est confuse.

-        Je les avais posées sur la planche, je ne savais qu’elles ont abouti ici. 

Fouillant encore dans la casserole, je ramasse un objet, un ornement en maillons  sur le bout de ma fourchette… Une parure ?…  

-        C’est qu’est-ce que c’est ? je demande.

-        C’est ta chaînette, remarque  maman ? Ma gentille et adorable tante est confuse.

-        Je l’ai cherchée ce matin. Comment a-t-elle glissé ici ?  Ouf ! Mais c’est de l’or pur, vous savez ?                 

-        Dhab safi haï carat* riposte maman. Ton repas est dhab safi, plaisante-t-elle pour clore le sujet. Mais j’ajoute mon grain de sel :

-        Un repas, fine gourmette…

-        … Pour les fins gourmets conclue tante Beya en m’embrassant…

 

Du coup nous avions compris que tante Beya est devenue distraite.  

 

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***

Glossaire :

Molokïa* : mets de feuilles de corète séchées et moulues.

Azizti* : ma chérie

Kouni metanïa ya oukhti : sois tranquille ma soeur

Enhabek, ya omri* : je t’adore ma chérie 

Viande baba* : viande grasse avec os

Dhab safi haï carat* : Or pur dix-huit carats

 

Les images : feuilles de corète, la molokhïa

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 08:00

Francfort-sur-le-Main


Pour quelle raison je vous parle de l'aéroport de Francfort-sur-Main ?


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En revenant de Tunisie nous avons fait escale dans cet aéroport. Nous devions prendre le vol 686 en partance vers Tel Aviv à 10 heures trente le dimanche 18 mai 2009. Mais voilà que par un jeu du sort, notre voyage a été reporté à 22 heures trente.


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Nous avons attendu donc 16 heures dans ce terminal long comme un jour sans pain. de 6.00 à 22.30.  En fait nous étions sans aliment tout ce temps là.

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Ce qui nous restait à faire était de nous intéresser à ce complexe aussi passionnant que la description d'un autre complexe. 

Comme personne n'a prit la responsabilité de ce retard, ce sont nous qui étions pris dans le piège.  Tout passe dans la vie, n'est-ce pas ?


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L'aéroport international de Francfort-sur-le-Main


L'aéroport international de Francfort-sur-le-Main (Frankfurt Airport FRA) situé à Francfort-sur-le-Main, est le principal aéroport allemand. Il est aussi le quatrième aéroport d'Europe desservant le plus grand nombre de destinations internationales.


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L'aéroport comprend deux terminaux, reliés par une ligne de train automatique, le SkyLine, longue de 2 km.



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La partie sud de l'aéroport était occupée jusqu'en décembre 2005 par la base américaine de l'USAF de Rhein-Main Air Base. Le projet de construire un troisième terminal est en cours, car la capacité maximale est quasiment atteinte.

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Francfort devrait aussi construire une quatrième piste d'atterrissage. Ces projets apporteraient de la vitalité à la région, mais le nombre de mouvements augmentant, affecteraient négativement les riverains.

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Un accord a été conclu - dans le cas où l'aéroport s'agrandirait -, qui interdirait le trafic entre 23 heures et 5 heures

La Lufthansa compte pour 56,2 % des mouvements à FRA, transportant 59,3 % des passagers et 50,9 % du fret.

Source du document sur l'aéroport  : Wikepedia


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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 08:00

Naissances prématurées


Le 15 février 1964. Je suis allongé dans mon lit et tiens en mains un roman passionnant  d’Alexandre Dumas : Le vicomte de Bragelonne  (Dix ans plus tard), Gisèle ma très jeune épouse depuis huit mois, ou plus exactement depuis le 17 juin 1963, est tout près de moi. Elle se plaint d’une douleur au bas ventre et au dos. Je lui propose une tisane, ou un verre de thé, mais elle refuse. Elle ne veut pas un massage non plus. J’essaie de la calmer, tant bien que mal, et elle finit par s’endormir.

Le lendemain soir, j’ai encore le même roman en mains, quand elle sent une nouvelle douleur.  Je renouvelle mes suggestions,  une boisson chaude ou une friction qui sont repoussées de même que la veille. Les plaintes de faisant plus denses, je cours chez  maman,  à deux pas de ma maison. Mes parents ont justement fermé la porte, et maman a déclaré : " Je n’ouvrirai pour personne. Je suis fatiguée. "

 

 

הנה התאומות שלנו


Je sonne et m’annonce à travers les battants verrouillés. La porte s'ouvre et j’explique à maman la raison de ma visite nocturne :
— Gisèle a mal au ventre et au dos.
— Appelle donc un médecin.
— Pour un petit mal de ventre ?
— Avance et trouves un médecin, donnes moi la clef de la maison, je m’occuperai d’elle en attendant.

Cinq minutes plus tard, je frappe à la porte du Docteur Samson. Je suis intimidé, en lui demandant de venir examiner ma femme. Il ne pose pas de questions et m’accompagne. En ce temps lointain, les voitures étaient rares à Dimona, notre commune, et les téléphones aussi. Les médecins et les notables de la ville étaient parmi les rares privilégiés qui les possédaient.

— Commandez une ambulance et hospitalisez-la dans la clinique d’accouchement à Beer Cheva,  me dit le praticien, après sa visite.
— Maintenant, ou demain demande-je bêtement ?
— Tout de suite ! Fut la réponse. Voila mon ordonnance. Venez, je vous déposerai, vous gagnerez du temps !

Gisèle est reçue de suite par la sage-femme, et moi confus n’en croyant pas mes oreilles et me yeux, étant sur qu’il s’agit d’un malentendu. D’abord elle a un tout petit ventre, ensuite ne faut-il pas neuf bons mois pour arriver à terme ? Bientôt on va m’envoyer rouler dans les escaliers pour avoir fait cette farce. Le Docteur Samson doit se tromper, maman de même. Je sors prendre l’air et je rencontre le chauffeur d’ambulance qui me propose de revenir avec lui à la maison, à Dimona. C’est ce que je fais, fuyant comme un lapin.

 


Le lendemain matin, le 17 février, je suis au travail, à Kitane la grande fabrique de textiles. Je suis la depuis un quart d’heure seulement, que je vois debout devant moi, tout souriant, mon frère Nathan, Vivi pour es amis.
— Félicitations, me crie-t-il, ta femme a été délivrée.
— Tu dois te tromper, je lui réponds. Ce n’est pas possible.
— Comment me tromper. J’ai donné un coup de fil : tu as des jumelles.
— La tu dois te tromper vraiment. Avec le petit ventre qu’elle avait !... Tu ne sais pas bien l’hébreu. Tu as entendu sûrement ton correspondant bégayer dans le téléphone : "Une fille est née, une fille."  Et tu as compris : une fille est née et une autre fille.


 

מיצווה מיכל וריקי עם דוד שלמה

— C’est toi qui dérailles complètement. Tu as deux jumelles. Maman est déjà partie pour visiter Gisèle et tes bébés, à la clinique d’accouchement.

Je range rapidement mes outils, et cours comme un fou. Ma femme a mis au monde deux jumelles. Record de Guînes. En huit mois deux enfants, c’est le championnat du monde. Je prends vite le bus en direction de l’hôpital. La m’attend une déception : les nouvelles nées avant terme ont été envoyées par hélicoptère à Tel-Aviv, faute d’incubateurs à Beer-Cheva. Donc je ne les verrai pas de suite.

— Je les ai vues me dit maman. Elles sont aussi petites que deux bouteilles de lait. Leurs membres sont transparents. J’ai choisie une, la plus grosse, et j’ai demandé qu’elle porte mon nom.
— D’accord maman. On l’a nommera Miha. Ou en Hébreu :Mikhal.
— Gisèle m’a déjà donné son accord. Je voudrais que la deuxième porte mon nom aussi.
— Nous ne pouvons pas donner le même nom aux deux, maman.
— Nous nommerons l’une Miha et la seconde Mihona.
— Pour la seconde c’est non. A propos maman, il y a une grande différence entre les deux ?
— 1120 grammes pèse l’ainée et 1600 la cadette.

Je me sens triste. Mes filles sont si petites. Mais j’essaie de cacher mon désarroi. Je rentre voir mon épouse avec un grand bouquet de roses rouges. Je l’embrasse, la félicite, lui demande pardon de pas avoir été auprès d’elle, à l'accouchement, un moment si important.
— De toutes façons, on ne t’aurait pas laissé être à mes cotés. Je suis contente que tu aies dormi à la maison. (Quelques années plus tard, on a autorisé à l’époux à être présent pendant l’accouchement de ses enfants). Tu sais chéri, elles sont petites.
— Ne te fais pas de mauvais sang, mon chou, elles sont nées au septième mois. Pendant les deux mois qui viendront, elles grandiront et grossiront.

En sortant de la clinique le soir, je rencontre un homme qui était présent à notre mariage.
— J’ai entendu dire que ta femme a accouché, pourtant neuf mois ne sont pas écoulés depuis votre noce.
— C’est possible, nous n’avons pas compté, je réponds à l’indiscret.

A la maison papa nous remonte le moral :
— Vous savez, je me suis endormi cet après-midi. Et vous savez ce que j’ai vu dans mon rêve ? Nos deux jumelles, bien portantes, habillées de rose avec des rubans et chaussées de souliers noirs vernis, tous brillants. Elles s’amusaient dans la maison. Le rêve de papa s’est réalisé et neuf semaines plus tard, Mikhal et Riki quittent l’hôpital et sont reçues comme il se doit par la famille Bouhnik. Pourtant papa n’a pas eut la joie de les voir courir dans la maison : il nous a quitté le mois d’octobre suivant. Zikhrono librakha. Que son âme repose en paix.

Les deux premières petites filles de notre famille sont natives du 17 février 1964 : Riki est née à une heure dix, et Mikhal à une heure vingt. Elles se portent bien. Le reste est une autre histoire. Mazel tov.

 

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