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Eden se jette à l’eau. 5
Amir sent sa volonté l’abandonner. Si c’était une partie de cartes, ou bien un apéritif, il ne dirait pas non, mais une partouze pour un Tunisien de Sfax ? L’éducation sfaxienne est stricte, pourtant son énergie fléchit, et il descend lentement s’allonger sur l’herbe fraîche.
Du coin de l’œil il voit Eden déboutonner sa chemise. Ô les beaux seins bien galbés. Son embonpoint et son mutisme ont disparu comme par enchantement. Une belle fille ! C’est Cendrillon qui change de peau, le vilain poussin devenu un cygne gracieux.
Même si elle ne parle pas, ses gestes en disent long. Tout près d’elle, les deux gaillards, debout, arc-boutés à deux bouleaux, tels deux sagittaires, leurs flèches bien fermes sont prêtes au lancer, tenues par des arcs invisibles. Ils sourient à pleine dents, comme deux louveteaux prêts à bondir sur leur proie.
Sandrine et Bernadette se rapprochent d’Amir, elles sont belles comme des déesses, pardon Seigneur, quel blasphème. Leurs jambes élancées sont proches, leurs yeux brillent comme des émeraudes. Il distingue nettement leurs toisons encore humides de la rosée de l’après-midi. Il se sent affaiblit, ah cette maladie mystérieuse. Il retrouve sa maman en mémoire, il l’entend lui reprocher :
"Soued es sâ’ad aléhèm ! Sodome et Gomorrhe !"
Eh ! Les amis, 17 ans et demi en Tunisie vont-ils partir en fumée, après un mois en France ? Amir voit Eden se dégrafer. Quel corps ! Il aperçoit les pleins et les déliés, - il y a quelques semaines elle était bien grasse -, mais à quoi est due cette métamorphose ? Elle est leste f'allure sportive… Elle regarde du côté d’Amir attendant un signal qui n’arrive pas. Et pour cause, sa vue se voile et les sons deviennent de plus en plus faibles. Eden repousse ses soupirants d’un geste énergique, et s’écrie :
— Que se passe-t-il, qu’as-tu ? Aidez-moi, je vous prie. Il avait 42 degrés de fièvre tout à l’heure…
42 ou 38 ? Il ne sait plus, ou elles'embrouille...
— Ô la vache s’écrient les filles d’Eve.
La vache, dans ce cas c'est Conchita. Perdant ses sens notre ami s’endort.
Le réveil se passe, comme dans les romans à quatre sous, dans une clinique. Claudie est à son chevet, il lui caresse la main, il doit lui raconter ce qui s’est passé dans la clairière, mais sans rappeler le rôle d’Eden. Pourquoi lui faire du tort et attiser une jalousie inutile ? Le médecin Dr. Blum entre et leur explique que la maladie provient d'un virus tout simplement, mais vu les efforts qu’Amir a du faire, la fièvre a monté et a causé ce profond sommeil et le délire qui s’ensuivit.
De retour au château, il se décide à parler à Claudie :
— Je voudrais te mettre au courant...
— Chut ! Tu as parlé dans ton sommeil causé par la fièvre : tu as dormi deux jours d’affilée et tu es faible. Eden t’a pris la température et tu as perdu connaissance.
— Qu’a-t- elle dit ?
— Pas grand-chose ! Mais je suis restée à ton chevet et tu as parlé de Conchita la vache rousse et d’une partouze et tu as prononcé le nom d’Eden et que tu voudrais être fidèle : oublie tout chéri, ne te fatigues pas. Je te pardonne d’avoir rappelé Eden dans ton trouble, mon chéri. Tu as dit dans ton délire que... tu... as... fait l’amour avec deux Françaises... en même temps... Je te pardonne, ùais çà fait mal.
Amir réfléchit : s'il a dormi deux jours apès avoir perdu connaissance, alors, la course, la clairère ? Mystère...
Le rêve est-il le miroir de la réalité et le délire évoque-t-il le désir ?
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