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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 12:09

 

LES JUIFS D'ALGERIE  (Suite)


http://www.terredisrael.com/Doc-Blog/richard_ayoun.jpgEn ce qui concerne les contestations entre juifs et Musulmans, elles sont du ressort du Cadi dont ils doivent baiser la main.
En justice la parole du juif est considérée comme nulle lorsque un Musulman en nie la véracité.
Pour les litiges relatifs aux mariages, aux divorces ou aux héritages, la justice est rendue par les Rabbins qui siègent publiquement sur le parvis de la synagogue. Les pouvoirs du tribunal rabbinique pour les juifs sont les mêmes que ceux du Cadi pour les Musulmans. Il juge aussi bien "au criminel qu'au civil", et, ses décision sont sans appel. Il a à sa disposition une force spéciale de police qui lui permet de faire exécuter ses sentences : amendes, coup de fouet, emprisonnement ainsi que la mise au ban de la société (1).

 

A la tête de la magistrature se trouve dans chaque ville un chef de la Nation, désigné par le Dey d'Alger ou par le Bey de Constantine ou le Bey d'Oran, qui se nomme le Mokadem,c'est à dire le préposé. Son rôle est d'administrer la minorité juive au nom du Dey, par exemple à Alger. Le Mokadem perçoit les taxes, les impôts selon la richesse de chacun et il doit les offrir "avec humiliation", je cite là les textes de l'époque. Au moment de la remise du tribut, le Mokadem reçoit un soufflet ou un coup de poing sur le crâne, pour montrer l'esprit d'obéissance aux prescriptions du Coran.


Les juifs paient aussi des avanies, et des droits commerciaux (2). Ils sont obligés d'enterrer les condamnés à mort, de porter sur leurs épaules les maures qui débarquent dans les eaux basses, de nourrir les animaux du sérail (3).
Les maisons juives, avant 1830 sont quelquefois constituées d'une seule petite chambre où selon certains textes, vivent le père, la mère et parfois plus de cinq enfants... Les soldats turcs y entrent souvent et maltraitent les femmes sans qu'ils puissent s'y opposer, car tout juif qui lève la main sur un Musulman est condamné à 1'amputation de celle-ci.
Dans le même ordre d'idées, tout juif qui fait banqueroute est pendu si des musulmans sont parmi ses créanciers ! (4).
 

 

Cependant il faut noter que certaines familles juives jouissent de certains privilèges, notamment les juifs d'origine livournaise, Juifs d'Italie qui ont un statut particulier, c'est à dire le statut Toscan. Mais à part ces quelques familles on peut dire généralement que les Juifs dépérissent dans la misère et 1'oppression.
Souvant pour apaiser une révolte de la milice, le Dey lui livre à discrétion les biens et les personnes des juifs. Par exemple à Alger en 1806, à la suite d'un pogrom, trois cent Juifs sont massacrés et les valeurs enlevées sont estimées à 30 millions de francs .(5).A la suite de ce pogrom, une partie de la communauté juive d'Alger va s'établir à Marseille, ou en Italie, et beaucoup reviendront en tant qu'interprètres avec l'armée française, en 1830.
 

 

Avant cette date, ce sont les juifs qui doivent assumer les travaux pénibles et inattendus. Par exemple, pendant l'été 1815, la région d'Alger est couverte par une nuée de sauterelles qui détruit
tout sur sonpassage. Pour protéger ses jardins, le Pacha ordonne à plusieurs centaines de juifs de les protéger jour et nuit, il leur faut veiller tant que dure cette invasion.
 

 

Shaler, le Consul américain relate : "Le cours de leur vie n'est qu'un mélange affreux de bassesses, d'oppressions et d'outrages... Je crois qu'aujourd'hui les juifs d'Alger sont peut-être les restes les plus malheureux d'Israël" (6).
En fait, ces juifs d'Algérie étaient établis depuis plusieurs siècles. Certains pouvaient être les descendants de ceux qui ont vécu au VI° siècle avant J.C. A l'époque turque, sous la domination des Deys d'Alger, ils ont eu des périodes de persécution mais aussi de tranquillité.
Certains par leur activité ont acquis une prospérité commerciale, citons les Busnach,les Cohen Bacri ou les Bouchara.
Cette conquête marque pour la communauté juive d'Algérie, le début d'une aventure à peu près sans précédent dans l'histoire, puisque la minorité juive va être happée dans l'orbite culturelle, économique et politique du conquérant français ; la classe dirigeante des juifs d'Algérie, en accord avec les Israélites français et les Grands rabbins obtiennent la naturalisation collective en octobre 1870, c'est le fameux décret Crémieux.
 

 

Avec l'arrivée des Français en Algérie, en 1830, le culte israélite va être dirigé par des rabbins soit Alsaciens, soit du Sud-Ouest de la France ou du Comtat Venaissin et l'on peut dire que pendant toute la présence française jusqu'en 1960, tous les Grands rabbins des grandes villes d'Algérie étaient des métropolitains comme il est dit dans les textes : "pour civiliser ces gens-là". Les juifs d'Algérie passent du statut de colonisés à celui de colons, grâce à la France. Profitant de l'essor prodigieux de la colonie française, ils vont avec l'aide de la classe dirigeante qui est maîtresse de l'administration des Consistoires juifs et des organisations qui en dépendent, s'intégrer en quelques décades à la civilisation française, compte tenu du fait, que l'ensemble des personnes d'Algérie vit en dehors de l'idée d'une intégration à la métropole.
 

 

Les juifs d'Algérie, favorisés par les structures sociologiques de l'Algérie française, vont connaître une promotion sociale rapide. Mais ce changement a déraciné ces juifs de leurs sources hébraïques, ils vont sur un certain plan perdre certaines valeurs juives, moins reconnues. Quelques-uns des dirigeants juifs d'Algérie ont essayé de combattre la tendance à une francisation totale, non par hostilité envers la France, mais par crainte de la déjudaisation.
 

Plusieurs grandes familles ont formé une "intelligentsia juive" désireuse de s'assimiler à la civilisation française tout en essayant de maintenir leurs traditions propres. Le choix a été fait en 1962, la très grande majorité des juifs d'Algérie est venue s'installer en France et n'a pas choisi Israél pour se. fixer. C'est ce que l'on peut appeler un colonialisme réussi. Les juifs d'Algérie ont un amour profond pour la France et c'est pour eux un honneur d'avoir servi dans l'armée française. Ce phénomène profond d'attachement à la France vient de ce qu'ils se souviennent dans quel état ils étaient avant 1830. D'ailleurs pour les grandes familles juives d'Alger, d'Oran ou d'ailleurs, la culture c'est le Français. Ils parlent français à la maison, bien avant 1830, s'habillent à "la chrétienne" comme le soulignent le voyageur Shaw ou d'autres.
 

 

Le décret Crémieux n'est pas venu du jour au lendemain; de 1830 à 1870 de nombreux juifs d'Algérie veulent devenir français. Le Sénatus Consulte de Napoléon III de 1865, leur permet de devenir français par naturalisation individuelle.. Ainsi, les juifs d'Algérie vont passer avec l'occupation française des années 1830, du Moyen àge à l'époque contemporaine!

 

RICHARD AYOUN (1948-2008)


NOTES
(1). Laurence, Rapport à la Chambre des pairs sur l'organisation et l'administration de la justice dans les possessions françaises sur la côte septentrionale d'Afrique, Paris 1834, p. 9.
(2). Les droits d'entrée étaient fixés à 5 1/2 ad valorem pour les chrétiens et les Maures et à 12 % pour les juifs.
(3). Genty de Bussy, Conseiller d'Etat, il fut intendant civil de la régence d'Alger, De l'établissement des Français dans la Régence d'Alger, Paris 1835, 2 vol., p. 230.
(4); Pananti, littérateur toscan, Relation d'un séjour à Alger, traduction française, Paris 1920, p. 229.
(5). Edmond Pellissier de Raynaud, officier d'état-major attaché à l'expédition d'Alger, puis directeur des affaires arabes et par la suite Consul de France à Malte, Tripoli et Bagdad, Annales Algériennes, Résumé de l'histoire d'Algérie jusqu'en 1854, Paris 1854, 3 volumes, t. 1, p. 78

 

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commentaires

D
<br /> vive la France <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Si tu lez dis, alors vive Laz France....<br /> <br /> <br /> <br />