Un pogrome diplomatique –
Communiqué de RAISON GARDER, 16 septembre 2011
Article mis à jour le 18-09-2011
Les messages reçus depuis le 12 septembre attestent que la dernière déclaration de Raison Garder a
contribué à provoquer un réveil collectif salutaire. Nous voulions à la fois briser un silence incompréhensible dans le débat français et fonder de façon argumentée les raisons pour
lesquelles la reconnaissance d’un Etat de Palestine dans la situation présente n’était pas justifiée.
Clarifier et formuler cette position est capital dans une atmosphère de confusion générale et de
manipulations idéologique. Elle permet de comprendre la volonté de destruction de l'Etat d'Israël qui se trame dans la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien à l'ONU. La
déclaration de Raison Garder s’inscrit dans le compte à rebours très serré à présent lancé. Plusieurs initiatives sont en cours qu’il faut saluer et soutenir, à commencer par la réunion de
parlementaires français au Théâtre du Gymnase le 20 septembre.
Nous joignons à notre envoi trois lettres à l’adresse du président Obama par Ed Koch, au président
Sarkozy par le député Claude Goasguen et le sénateur Plancade et par le Bureau de Marseille de l’association France-Israël.
Le président de la République et son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, doivent prendre
conscience des risques mortels qu'ils feraient courir à l'Etat d'Israël en soutenant l'initiative palestinienne au Conseil de sécurité comme à l'Assemblée générale de l'ONU, en entraînant avec
eux l'Union Européenne. Ils rejoindraient ainsi le bloc d'Etats de l'Organisation de la Conférence islamique et de ses satellites.
Le pays d'Israël ne vaut pas moins cher que la Libye.
Par là même, ils méconnaîtraient gravement le sentiment de la majorité de la communauté juive de France
et accentueraient encore plus une inquiétude qui rappelle celle des jours les plus sombres de 1967.
Tous nos élus, du plan municipal au plan national, doivent être alertés en ce sens et par tous les
moyens, associatifs et individuels, comme les lettres que nous publions en donnent l’exemple.
La France ne saurait en aucune manière se joindre à la tentative de pogrom diplomatique sous des dehors
vertueux dont l'ONU devient l'arène.
La France doit joindre son veto au courageux veto américain et suivre dans l'Union Européenne l'exemple
politique et moral de l'Allemagne et des Pays-Bas.
Il y va de l'honneur de la République, de l'image qu'elle laissera dans l'Histoire et de son
avenir.
LA LETTRE DE ED KOCH* AU PRÉSIDENT OBAMA
Jewish World Review, 13 septembre 2011
Le Président et le Congrès vont-ils envoyer un message à l’Egypte et à la Turquie pour leur dire
qu’attaquer Israël, c’est attaquer les Etats-Unis ?
Israël est désormais encerclé par des nations arabes et plus largement musulmanes qui pensent que le
moment est venu de détruire l’état juif. Ils ont essayé de conquérir Israël lors de cinq guerres depuis 1948. Ils ont échoué, mais ils essaient encore.
Depuis les révoltes du « printemps arabe » survenues au cœur du monde arabe, en Tunisie, en Libye, en
Egypte, au Yémen et en Syrie, les faiseurs d’opinion du monde occidental ont tout fait pour donner une image positive de ces révolutions grâce à une analogie avec les révolutions qui ont permis
aux pays d’Europe de l’Est de se libérer des régimes communistes qui avaient été mis en place par l’Union Soviétique.
C’est ainsi que les médias ont regroupé ces divers soulèvements contre les régimes autoritaires arabes
sous le terme de « printemps arabe ». Cette expression avait pour ambition de signifier que les Arabes, jusqu’alors englués dans le Moyen Age, avaient enfin émergé de ces sombres ténèbres et que
l’on pouvait les applaudir et les accueillir au sein du monde occidental.
Certains observateurs, dont j’ai fait partie, ont exprimé une grande inquiétude au sujet du soutien
aveugle de l’occident, et en particulier de notre gouvernement américain, pour tous ces mouvements arabes révolutionnaires. A mon sens, il était dangereux pour notre sécurité nationale de se
débarrasser du président égyptien Hosni Moubarak de manière aussi expéditive en exigeant qu’il soit déposé, comme le président Obama en a décidé. C’était certes un despote, qu’on a décrit comme
quelqu’un d’autoritaire dans un monde de dictatures musulmanes, mais à tout le moins désirait-il conserver de bonnes relations avec les Etats-Unis et préserver la paix avec Israël qui avait été
signée en 1978 par Anouar El-Sadate et Menahem Begin à Camp David. Ceux qui l’ont renversé ont été très clairs : leur intention est de mettre fin à cette paix. Les forces dominantes aujourd’hui
en Egypte sont les militaires, les Frères Musulmans et d’autres islamistes. Le but des militaires est de préserver leur position privilégiée de force de gouvernement. Les Frères Musulmans et les
autres factions islamistes sont les mieux organisées et les plus fortes politiquement parmi les formations civiles qui sont en lutte pour saisir le pouvoir lors des prochaines élections
présidentielles.
La récente occupation et le sac de l’ambassade israélienne au Caire sous le regard passif de la police
et de l’armée égyptiennes, nous montre bien que le gouvernement intérimaire en Egypte a décidé de mettre de côté la paix avec Israël et de choisir les islamistes. Le Times du 11 septembre
rapporte que « les officiers de l’armée et des forces de sécurité égyptiennes sont pour l’essentiel restées immobiles et ne sont pas intervenu pour empêcher la démolition de l’ambassade. Ils se
sont contentés de se mettre devant les portes de l’ambassade pour empêcher les émeutiers de rentrer. Les forces de sécurité s’étaient retiré de la Place Tahrir et d’autres zones sensibles dès le
début de la journée pour éviter des heurts avec les émeutiers, même si les militaires avaient publié un avertissement sévère sur leur page Facebook condamnant tout destruction de biens ».
L’ambassadeur israélien, sa famille et d’autres officiels israéliens ont dû s’enfuir pour protéger leur vie. Ce sont les admonestations du président Obama qui les ont préservés des violences et
leur ont permis d’emprunter des jets israéliens pour rentrer en Israël.
Et qu’en est-il de la situation avec la Turquie ? Autrefois amie d’Israël, la Turquie a désormais un
gouvernement islamiste dirigé par le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, dont les derniers propos ressemblent à s’y méprendre à une déclaration de guerre. Selon le Times du 10 septembre, « le
Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan a déclaré à Al Jazeera, la chaîne de télévision pan-arabe, qu’il utiliserait sa flotte de guerre pour empêcher des commandos israéliens d’aborder un navire
se rendant à Gaza, comme l’an dernier où 9 passagers avaient été tués, et pour empêcher Israël d’exploiter les ressources en gaz naturel qui se trouve dans les fonds maritimes ».
Les Nations Unies, qui sont en général loin d’être des défenseurs d’Israël, ont récemment publié un
rapport établissant qu’Israël a parfaitement le droit de mettre en place un blocus de Gaza afin d’empêcher des armes d’atteindre la Bande de Gaza qui est aujourd’hui gouvernée par le Hamas. La
Turquie a pourtant refusé les conclusions de ce rapport et renvoyé l’ambassadeur israélien. Le Hamas a déclaré qu’il était en guerre avec Israël et que s’il était en position de pouvoir le faire,
il expulserait tous les Juifs de Palestine arrivés après 1917 et qu’il utiliserait la violence pour parvenir à ses fins. Le Hamas a intentionnellement tué des civils innocents et envoyé des
milliers de roquettes sur le sud d’Israël ou permis à d’autres groupes terroristes de le faire.
En plus du Hamas à sa frontière sud, Israël doit maintenant faire face à une Egypte de plus en plus
hostile disposant d’une armée de près d’un million d’hommes et d’une population de 81 millions de personnes. Au nord d’Israël se trouvent non seulement le Liban et la Syrie qui lui sont hostiles
mais aussi la Turquie qui dispose d’une armée d’un million d’homme et d’une population de 73 millions de personnes.
Il est également très dérangeant de constater la montée d’une haine anti-juive en Grande-Bretagne et en
France. En Grande-Bretagne, cette haine s’est manifestée le 1er septembre dernier par le biais de gens qui se prétendent artistes et qui sont intervenus pendant un concert de
l’Israël-Philharmonic Orchestra dirigé par Zubin Mehta à Londres. La police n’a arrêté personne parmi les perturbateurs qui ont empêché un public de 5000 personnes de suivre le concert. Aucun
conférencier pro-israélien n’est admis dans les universités britanniques. On ne les invite pas, ou alors juste pour qu’ils se fassent huer.
Quant à la France, elle travaille actuellement avec les Palestiniens pour les faire admettre dans
l’Assemblée Générale de l’ONU. Il semble que le seul défenseur d’Israël sur le continent européen soit l’Allemagne grâce à l’indéfectible soutien apporté par la Chancelière Angela Merkel. Je l’ai
rencontrée en 2004 à Berlin où je l’ai entendue s’exprimer lors du colloque de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sur le thème de la montée de l’antisémitisme où
je dirigeais la délégation américaine. J’avais été impressionné par la profondeur de sa sincérité dans sa dénonciation de l’antisémitisme qui reconnaissait combien la nation allemande s’était
dépravée sous le règne d’Hitler en recherchant l’extermination des Juifs du monde.
Il ne fait aucun doute que les nations musulmanes se lèchent les babines à l’idée des conséquences d’une
victoire militaire contre Israël ou bien d’une victoire diplomatique à l’ONU qui se prépare à être le lieu d’un nouveau Munich. Si Assad en Syrie est prêt à massacrer des innocents, hommes,
femmes et enfants dans les rues des villes syriennes, comment croyez-vous qu’il se comporterait si ses soldats pouvaient patrouiller dans les rues de Tel-Aviv ?
Avec 7,7 millions d’habitants, dont 1,2 millions d’Arabes, Israël se voit menacer de destruction par les
pays arabes. Cela ne fait pourtant pas la une des journaux et l’on n’entend guère de dénonciation des dirigeants de l’OTAN. En revanche ce sont les « révolutionnaires » du fameux « printemps
arabe » qui se voient tresser des louanges par les faiseurs d’opinions américains et, plus encore, européens.
Dimanche dernier, nous avons commémoré à New York City, Washington, et Shanksville (Pennsylvanie), la
mort de plus de 3000 civils innocents lors des attentats du 11 septembre commis par des terroristes dont les supporteurs se comptent par millions et peuplent au moins 62 pays. Nos alliés de
l’OTAN n’ont à aucun moment soutenu les Etats-Unis au niveau où ils avaient promis de le faire lors de l’invasion de l’Afghanistan pour punir le gouvernement afghan qui avait offert un refuge à
Al-Qaïda, coupable des atrocités du 11 septembre et de beaucoup d’autres. Mon jugement pourra paraître sévère mais il semble bien que de nombreux pays de l’OTAN, dont la Grande-Bretagne et la
France, seraient prêts à livrer la nation juive à ses meurtriers putatifs si seulement cela leur permettait d’avoir la paix, à l’instar d’un Chamberlain offrant la Tchécoslovaquie aux Nazis.
Sommes-nous prêts, nous, Américains, à nous battre pour nos précieuses libertés et à soutenir des pays comme Israël qui partagent les mêmes valeurs morales et culturelles que nous ?
L’Amérique, unie derrière le président Obama et le Congrès, doit absolument faire comprendre aux
terroristes islamistes que nous ne nous rendrons jamais. Nous les pourchasserons afin de les tuer comme nous avons pourchassé leur chef, Ousama Ben Laden.
Les Etats-Unis sont le seul ami et allié d’Israël. Il n’est ni fantaisiste ni même prématuré de se
demander ce que feront les Etats-Unis quand les nations musulmanes qui entourent Israël, et qui seront cette fois-ci menées par l’Egypte et la Turquie, avec d’autres nombreux soutiens, se
lanceront à l’assaut de la nation juive ? Le président et le Congrès lui viendront-ils en aide ? Israël ne devrait-il pas le savoir dès maintenant ? Les nations musulmanes ne devraient-elles pas
le savoir dès maintenant ?
Je demande au Président et au Congrès de faire pour Israël ce que le président Kennedy avait fait lors
de la crise des missiles cubains de 1962. Le Président Kennedy avait dit : « la politique de notre nation sera de considérer tout missile nucléaire en provenance de Cuba et en direction de toute
nation de la sphère occidentale comme une attaque de l’Union Soviétique envers les Etats-Unis nécessitant une riposte déterminée envers l’Union Soviétique ».
Traduction : Jean Slamowicz
* Edward Irving "Ed" Koch, né en 1924, est un avocat, politicien et commentateur politique américain. Il
a fut membre de la Chambre des Représentants de 1969 à 1977, et a rempli les fonctions de Maire de New York durant trois législatures (1978-1989).
Source : UPJF Union des Patrons et Profressionnels Juifs de France
http://www.upjf.org/fr/4314-un-pogrome-diplomatique--communique-de-raison-garder-16-septembre-2011.html