Le blog de Camus

David Fogel  (Vogel), un nouveau livre 

La vie de l'auteur racontée par sa fille. Tamara Mizrahi (83 ans), la fille de l'auteur, ne se supposait nullement que son père David Fogel (Vogel) soit un grand écrivain, l'un des plus grands de langue hébraïque. Elle recevait bien  une fois l'an quelques centaines de dollars comme droits d'auteur, mais pensait-elle, c'était sûrement l'usufruit de quelques nouvelles et poèmes publiés.

Tamara née en 1929 en France et y ayant vécu jusqu'à sa majorité, a accompagné son père dans sa vie bohème dans les cafés de Paris. A l'âge de cinq-six ans - sa maman Ilka, tuberculeuse étant placée dans un sanatorium à Hauteville -, elle est envoyée à un internat. Elle se souvient d'un papa affectueux, venant la visiter une fois toutes les deux semaines, n'oubliant pas de lui offrir une tranche de gâteau, gourmandise un peu chère pour cet homme vivant au jour le jour dans une petite chambre louée.

L'auteur David Fogel né en 1891 à Satanov en Russie, écrivain, poète nouvelliste a roulé sa bosse : Vienne (études dans une yechiba), Paris, Israël (alors La Palestine. Il ne s'y acclimate pas et n'y reste pas longtemps), retour à Paris (1925). En 1917 il a publié des poésies, en 1923 son premier livre a vu le jour.

La vie tournant mal pour David Fogel, l'envahissement de La France par les Allemands le poussent à quitter Paris pour Hauteville, Haute Savoie, pour se rapprocher de son épouse en voie de guérison. 

Arrêté dans cette commune de 500 habitants en 1942, sans doute dénoncé comme étranger, il est assassiné au camp de concentration, Auschwitz, en 1944.

Fogel - de la génération du prix Nobel S. Y. Agnon -,  occupe encore une place très honorable dans la littérature hébraïque, bien vu des connaisseurs, tout comme Abraham Shlonsky et Nathan Alterman. Plusieurs de ses ouvrages sont édités des dizaines d'années après sa mort. Un  festival en son honneur a été organisé il y a quelques années.

Son œuvre : Lifnei Sha'ar ha-Afel : Avant l'aube, (70 poèmes), Vienne (1923)

Le-ever ha-Dmamah : Vers le silence, (78 poèmes), édition posthume Tel Aviv (1983)

They All Went Out to Battle(Yiddish)

In the Santatorium(1927)

Facing the Sea, Paris (1932)

Married Life (1929; Menakhem Perry's version 1986)

Viennese Romance (c. 1937-1938; édition posthume  Tel Aviv 2012)

Extinguished Stations (ed. Menakhem Perry) (1990)

Romance Viennoise. 

Son manuscrit Viennese Romance a été retrouvé dans les archives par une étudiante en littérature, Lilakh Nethanël qui faisait des recherches sur David Fogel pour une thèse en doctorat. Elle était très surprise par ce qu'elle trouvait dans les archives : des centaines de pages dont l'écriture est serrée, des pages à remettre en ordre, des mots reliés à délacer.  Nous lui devons ce livre édité en 2012.

Tamara Mizrahi a été retrouvée à Long Highland avec son époux. Un contrat va être signé pour les droits d'auteur qui sans la vigilance de la rédactrice auraient abouti aux archives.

Le thème du livre : Mikhaël Rost, 18 ans,  quitte la commune de son enfance pour vivre à Vienne, celle de la fin de l'empire  Austro-hongrois afin de connaître le monde et de chercher sa voie.

Peter Dean un homme riche lui offre une offre sa protection et lui ouvre sa bourse. Il peut ainsi vivre dans la fainéantise : de café en café, de bar en bar, se mêlant aux personnages de cette époque.

La personnalité de Rost est complexe, pleine d'aspects contraires : d'un côté il est égoïste, arrogant, aimant la vie facile et d'un autre, il est sensible aux maux d'autrui, a l'oreille fine, l'œil vif et prête main forte.  Il est pauvre mais élégant. Il est un amant sans moralité  avec Gertrude qui l'héberge,  mais très doux avec sa fille Erna.

Cette complexité de qualités et de défauts fait de Rost une personne au caractère inattendu, troublant et captivant.  Cette œuvre a été sans doute créée selon la connaissance de la vie de l'auteur.