C’était comme si la foudre était tombée sur nous…
A la mémoire d'Itzhaq Rabin assassiné le 4 novembre il y a seize ans. Le mémorial officiel a eu lieu hier mercredi.
Rabin 1948
Le 4 novembre 1995, deux coups de feu tirés à bout portant touchent le Président du Conseil et ministre de La défense Itzhaq Rabin (1 mars 1922-4 novembre 1995). Cette nouvelle ahurissante reçue comme un coup de massue asséné sur le crane, nous colle un temps interminable à la TV, espérant avoir des bonnes nouvelles. Hélas nous avons appris sa mort. Eytan Hebar son porte-parole annonce de sa voix basse : « le gouvernement israélien annonce avec stupéfaction la mort d’Ytzhaq Rabin, Président du Conseil et ministre de la défense ».
Des jeunes se groupent à l’emplacement de cet horrible assassinat, la place des rois devenue depuis la place Rabin. Ils pleurent assis sur le sol autour de milliers de bougies allumées à sa mémoire et chantent des complaintes en son souvenir. Ils ne quittent pas cette place des jours durant.
Rabin homme de valeurs a dit : « J’ai été chef de l’Etat-Major et j’ai libéré Jérusalem. J’ai été ambassadeur aux Etats-Unis, j’ai rempli plusieurs fonctions de ministre et j’ai rempli le rôle de Président du Conseil deux fois. Chacun à ma place se contenterait de l’une de ces activités qui remplirait toute une vie. Mais j’ai une idée qui ne me quitte pas, je voudrais pousser le traité de paix avec nos voisins arabes ».
Rabin et Igal Alon
Autres paroles de Rabin un an avant son assassinat, dans son discours après avoir reçu le Prix Nobel de La Paix : « Un bébé vient au monde sans rien savoir de la démocratie. Il ne choisit ni son père ni sa mère. Il ne décide pas de quel sera son sexe, ni la couleur de sa peau, ni sa religion, ni le pays qui sera sa patrie. Il ne peut préférer habiter un palais ou une bicoque ou de vivre dans une démocratie ou sous une tyrannie. Dès le moment où il apparait à la lumière du jour, ses petits poings fermés, son avenir au cours des années dépend en grande partie des dirigeants de son état ».
Nous avons été désolés de voir notre peuple divisé, lors du Traité d’Oslo. Nous aurions voulu que nulle main meurtrière ne vienne changer le cours de l’histoire. Nous avions promis à nos enfants qu’ils n’auraient pas besoin de faire la guerre. Ayant failli à cette promesse, nous aurions voulu que nos petits-enfants soient en dehors de ce conflit entre israéliens et voisins arabes. Un meurtrier a mis fin à nos espoirs.
Hélas ! J’ai vu avec consternation à la TV en octobre 1995, - un mois avant l’assassinat, - les manifestations de l’extrême droite et des orthodoxes contre le traité d’Oslo, dans des scènes que j’aurais préféré qu’elles n’aient jamais existé : le portrait de Rabin en uniforme SS a été exhibé, un cercueil contenant soi-disant le corps de Rabin a été porté sur les épaules des manifestants. Sur une terrasse les dirigeants de l’opposition étaient assis. Ils diront n’avoir rien vu du balcon où ils étaient, un balcon surplombant la place de l’émeute.
En 1995, Avigdor Eskin*, un membre du Gush Emunim récita la malédiction suivante, que l'on tient pour être la Pulsa d'Nora*, à l'encontre d'Isaac Rabin : « Les Anges de la destruction le frapperont. Il est maudit où qu'il aille. Son âme quittera directement son corps... et il ne survivra pas au mois. Les ténèbres seront son chemin et l'Ange de Dieu le pourchassera. Un désastre par lui jamais encore expérimenté lui est promis et toutes les malédictions connues dans la Torah s'appliqueront à lui. Je vous livre, à vous les anges de la colère et de la justice, Isaac fils de Rosa Rabin, afin que vous puissiez l'exterminer... Mettez à mort Isaac la maudit. Qu'il soit damné, damné, damné ! »
Le Pulsa diNura ou Pulsa Denoura vient de l'Araméen : פולסא דנורא qui signifie « langues de feu » serait une cérémonie kabbalistique par laquelle on demanderait à Dieu de maudire une personne. Pourtant si l’on cherche dans les écrits de la kabbale, on ne trouverait aucune citation de ce genre.
De là l’arrêt de mort de Rabin a été signé. Ainsi la minorité réussit à tourner la page de l’histoire. Nous avons perdu des décennies de paix de prospérité et de sérénité.
Nous ne te t’oublieront jamais, Itzhaq Rabin.
Rabin
Sur l’homme :
Rabin ayant fait une carrière militaire, se destinait à être ingénieur agricole, mais la vie en a décidé autrement. On se souvient de Rabin le jeune militaire de la guerre de l’Indépendance, de la guerre des six jours et du raid Entebbe (voir Wikipédia). Acclamé à son entrée triomphale à Jérusalem, il préfère à la fin de cette guerre d’embrasser la carrière diplomatique et devient ambassadeur aux Etats-Unis en 1968. En 1973 il est élu député au parti travailliste et rejoint le gouvernement en tant que ministre du travail. Choisi en tant que dirigeant de son parti, il succède à Golda Meir à la tête du gouvernement en 1974. Son mandat se termine après sa démission suite à une faute technique : son épouse Léa a gardé un compte en banque ouvert aux Etats-Unis (et ce n’était pas permis à l’époque).
Lors de son second mandat en 1992, le gouvernement de Rabin construit des routes, l’économie fleurit, l’éducation reçoit des budgets agrandis. Rabin fait la paix avec La Jordanie et Israël est reconnu par Les palestiniens. Deux balles ont mis fin à ce mandat.
Ce qu’ils disent, paroles entendues à la télévision et dans la rue :
« Rabin est un homme franc et loyal. S’il avait dit une chose ou émit un projet, je l’ai cru les yeux fermés ».
« Rabin était aimé de la population. Il parlait dugri, franchement, il disait exactement ce qu’il pensait ».
« Il fallait bâtir un pont sur la rivière Abraham à Beer Shéva, afin de relier le quartier Nevenoy du reste de la ville, les jours de pluie. Rabin ayant vu les eaux couvrant la route, ordonna immédiatement de construire un pont moderne, en remplacement de l’ancien pont turc. Sitôt dit, sitôt fait ».
« Mon fils handicapé après une bataille a sombré dans l’amertume. Il ne fait plus rien, fume à longueur de journée. Les autorités militaires ne l’ayant pas reconnu comme infirme de guerre, nous avons écrit à Rabin. Il a tout réglé en un tournemain ».
« Rabin a ordonné de détruire le bidon-ville de Kfar Shalem pour reconstruire à la place des vraies maisons. Nous lui devons notre confort actuel ».
Voir d’autres détails dans Internet, Google, Wiképdia et autres.
A lire le livre de sa petite-fille Noa Ben Artzi-Philosophe, en langue française : Au nom du chagrin et de l'espoir.
Le dernier dicours de Rabin : Ici
Avigdor Eskin* : http://www.lepost.fr/article/2011/08/29/2577654_rencontre-avec- avigdor-eskin.html
Pulsa DNora * : http://www.esoforums.com/esowiki/index.php?title=Pulsa_dNora
http://www.un-echo-israel.net/Nous-avons-prie-pour-la-mort-de