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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 10:40

Mis en ligne le Mercredi 11 Décembre 2013

Question : Je suis vendeur dans un magasin. Durant les moments où aucun client ne se présente, je joue aux mots croisés pour me « faire la main ». Dois-je le dire à mon patron ?

Le Moussar : Éthique de travail

Réponse : Votre question est très courante. Tandis que plusieurs personnes ont une attitude 100 % travail, nombreuses sont celles qui ne voient rien de mal à s’occuper de leurs affaires personnelles pendant les « temps morts ». Certains employeurs tolèrent cette conduite ; c’est le cas en ce qui concerne l’utilisation d’internet. Quand les sociétés eurent besoin d’ouvrir l’accès à internet dans les ordinateurs de leurs employés, les politiques adoptées étaient généralement très strictes. Mais avec le temps, plusieurs firmes optèrent pour des règles plus souples, en réalisant que le monde n’allait pas s’arrêter de tourner si les membres de leur personnel suivaient de temps en temps l’actualité sportive ou effectuaient un virement bancaire urgent.

Cela dit, les patrons ont de bonnes raisons de se méfier de ce genre de comportement. Voici les causes principales :

  1. Les employés sont peut-être vigilants de faire des mots croisés, lire des romans, etc. uniquement durant les « temps morts », mais ces passe-temps ont tendance à allonger la durée des temps morts perçue par les salariés. Il se peut que lorsqu’il n’y a pas de clients, votre patron souhaite que vous vous occupiez des tâches administratives.
  2. Les divertissements peuvent être très prenants ; lorsqu’une personne entre, vous pouvez être au milieu d’une définition difficile (de mots croisés) et ne pas vous adresser à elle tout de suite. C’est une attitude très peu commerçante qui risque de faire fuir la clientèle. Même si vous posez immédiatement votre grille de mots croisés, l’acheteur va probablement avoir l’impression que votre attention n’est pas suffisamment portée sur votre travail.
  3. Le fait de faire d’autres choses durant les heures de travail peut entraîner une attitude négative. De la même façon que les patrons exigent une certaine tenue de travail, ils demandent généralement une certaine ambiance de travail.

    Il n’y a rien de nouveau dans ces remarques, et les rabbins de l’époque du Talmud évoquent le sujet. Nous apprenons dans la Tossefta (recueil d’adages ordonnancés parallèlement à la Michna) : « Si quelqu’un qui emploie son prochain dans un magasin en lui allouant la moitié des bénéfices ; s’il [le commerçant employé] est un artisan, il ne doit pas exercer sa profession, car cela détournerait son attention du commerce ; or s’il [le propriétaire] est dans le magasin avec lui, c’est permis. Si quelqu’un emploie son prochain dans un magasin en lui allouant la moitié des bénéfices, ce dernier ne peut pas acheter ou vendre d’autres produits, et s’il l’a fait, le bénéfice doit être partagé [1]. »

La Tossefta parle d’un employé qui est un réel partenaire, car il reçoit une partie des bénéfices et qui est donc intéressé à ce que l’affaire réussisse et est motivé à la faire fructifier. Pourtant, les rabbins nous informent que le partenaire est en droit d’exiger que l’on ne s’engage pas dans d’autres activités qui pourraient être distrayantes.

Maïmonide écrit : « De la même manière que les employés ont l’interdiction de voler le salaire du pauvre [travailleur] ou [même] de retarder son paiement, le pauvre [travailleur] a aussi le devoir de ne pas voler le travail [l’effort dû au] patron, en paressant par ci et par là et [finalement] en passant toute la journée à l’escroquer. Il doit plutôt être rigoureux d’exploiter au mieux son temps. » [2]

Source : http://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/moussar/temps-morts-au-travail-dois-je-le-dire-a-mon-patron_2686.html

http://media.torah-box.com/660x360/ethique-jugement-balance-1651.jpg

Il est vrai que vous ne « paressez » pas, mais le fait de tuer le temps reste une preuve d’oisiveté. Et même si ce passe-temps n’est pas bien méchant, vous devez obtenir la permission de votre employeur si vous désirez continuer.

 


[1] Tossefta Baba Metsia, chapitre 4:7.

[2] Code de Maïmonide, lois de la location et de l’embauche 13:7.

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 17:00
Proverbes sfaxiens

par Camus Igal Bouhnik, mercredi 27 février 2013, 18:33 · 

 

Li nhabou la nasbar ali   Proverbes sfaiens

Je ne l’aime pas, je ne peux me passer de lui

 

Messouda a des ennuis avec son conjoint.

Il boit, il sort souvent jouer aux cartes, perd et a tendance de ne pas persévérer dans son travail.

 

Les parents de la jeune femme sont très gênés par cette situation et jettent des calembours à leur fille.

 

Parfois c’est elle qui en a assez et dans ce cas elle prend ses hardes et revient au foyer familial.

- Que se passe-t-il ma fille, demande la maman ?

- J’en ai marre de cette vie, Je ne l’aime pas, Li nhabou est la réponse.

 

Une semaine passe et Lalou le mari trouve que la maison est vide, son linge est sale, des bons petits repas ne mijotent plus dans la marmite.

Dans ces cas-là, la femme au foyer est une solution idéale. Mais pour la faire venir, il faudrait faire un effort…

Lalou est dans son élément dans ce genre de combines.

Il se fait beau, bien habillé et rasé de près, il vient offrir un cadeau à sa dulcinée…

- Ma chérie, comme tu es ravissante ! La vie ne vaut rien sans toi.

Ce disant il offre une jolie gourmette qui font briller les yeux de Messouda.

Tout sourire Lalou lui chuchote que le lit est froid sans elle…

- Viens chérie, j’ai changé de disque… dit-il pour briser ses dernières défenses.

Et il fait tinter les clefs de la maison.

Massouda court préparer ses affaires et s’apprête à sortir pour regagner son logis.

Ce qui ne plait guère aux parents.

- Où vas-tu demande le papa bouleversé ?

- Ne m’en veux pas papa, je ne peux me passer de lui, la nasbar ali

 

 

Donc : Li nhabou la nasbar ali

Je ne l’aime pas, je ne peux me passer de lui

 

Variante : Li nhabek la nasbar alek

Je ne t’aime pas, je ne peux me passer de toi

 

Source : http://www.tunecity.net/phpBB2/viewtopic.php?p=19202#19202

 

http://papillondereve.p.a.pic.centerblog.net/o/b618d3da.jpg

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 08:31

 

                                                       
Le jeune roi Arthur

Le jeune roi Arthur tomba un jour dans une embuscade et fut fait prisonnier par le monarque d'un royaume voisin.  

Le monarque aurait pu le tuer mais fut ému de la jeunesse et de la joie de vivre d'Arthur.

   

Alors il lui offrit la liberté contre la réponse a une question très difficile.  

Arthur aurait une année pour deviner la réponse et s'il ne pouvait

la donner au bout de ce délai il serait tué.

La question était : que veulent réellement les femmes ?

 

Une telle question laisserait perplexes les hommes les plus savants

et pour le jeune Arthur cela semblait être une quête impossible. Mais

Comme c'était quand même mieux que la mort, il accepta la proposition

du monarque de lui ramener la réponse au bout d'un an.

 

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 Il retourna dans son royaume pour interroger tout le monde : les princesses,

les prostituées, les prêtres, les sages et le fou de la cour. Il parla a chacun mais personne ne put lui donner une réponse satisfaisante. Ce que la plupart des gens lui dirent fut d'aller consulter la vieille sorcière qui était la seule à pouvoir connaître la réponse.

 

Le prix en serait élevé car la sorcière était connue dans tout le royaume pour les prix exorbitants qu'elle demandait.

Le dernier jour de l'année arriva et Arthur n'avait pas d'autre choix que d'aller parler à la sorcière. Elle accepta de répondre à sa question mais il devait d'abord accepter son prix.

 

La vieille sorcière voulait épouser Gauvain, le plus noble des Chevaliers de la Table Ronde et le plus cher ami d'Arthur.

Le jeune Arthur fut horrifie la vieille sorcière était bossue et terriblement laide.

Elle n'avait qu'une dent, sentait comme l'eau des égouts, faisait souvent des bruits obscènes. Il n'avait jamais rencontré de créature aussi répugnante.

Il refusait de forcer son ami à l'épouser et d'endurer un tel fardeau.

 

Gauvain en entendant la proposition parla à Arthur. Il lui dit que ce n'était pas un si terrible sacrifice pour sauver la vie d'Arthur et préserver la Table Ronde.

 

Ainsi le mariage eut lieu et la sorcière répondit à la question.

Ce qu'une femme veut vraiment c'est de pouvoir décider de sa propre vie.

Chacun sut à l'instant que la sorcière venait de dire une grande vérité et que la vie d'Arthur serait épargnée. Et ce fut le cas. Le monarque voisin épargna la vie d'Arthur et lui garantit une totale liberté.

Quel mariage ! Arthur était tenaille entre le soulagement et l'angoisse.  

Gauvain se montrait agréable comme toujours, charmant et courtois.  

 

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La vieille sorcière montra ses plus mauvaises manières. Elle mangea avec les doigts, rota et péta et mis tout le monde mal a l'aise. La nuit de noce approcha. 

Gauvain se préparant psychologiquement pour la nuit de noce entra dans la chambre.

 

Mais quelle surprise ! La plus belle femme qu'il ait jamais vue se tenait devant lui.

Gauvain était éberlué et demanda ce qui se passait. La beauté répondit que comme il avait été gentil avec elle quand elle était la sorcière, elle serait la moitié du temps horrible et déformée et l'autre moitié une magnifique jeune fille. Quelle forme voulait-il qu'elle prenne le jour et la nuit ? Quelle question cruelle...?

 

Gauvain commença à réfléchir à ce problème : pendant la journée une belle femme à montrer à ses amis mais la nuit, dans l'intimité une vieille et sinistre sorcière, ou bien dans la journée une hideuse sorcière mais la nuit une belle femme pour jouir des moments intimes?

Que feriez-vous ?  

Ce que choisit Gauvain est écrit plus bas mais ne lisez pas avant d'avoir fait votre propre choix.

 

Le noble Gauvain répondit à la sorcière qu'il la laisserait choisir elle-même.

 

En entendant cela elle annonça qu'elle serait belle tout le temps parce qu'il l'avait respectée et l'avait laissé décider elle-même de sa vie.

 

Morale de l'histoire (Conficius) :

- Laissez votre femme décider. Cela ira dans le sens de vos intérêts.

« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés ».

 

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 08:25
Petit conte philosophique, Pirkei Avot (III)
par le Dr Reuven (Roger) Cohen

Rabbi Ismaël disait : "Celui qui étudie pour enseigner…"

Sur un texte de Michel de Certeau



 Nous avons le plaisir d'avoir avec nous le Dr Reuven (Roger) qui nous délecte de sa plume d'oie et de ses maximes instructives.


"L'organisation des pratiques sera plus forte que le système de représentations dont elle assure la circulation ou le maintien. Cela se décèle, on l'a vu, dans le processus qui substitue le primat des pratiques à celui des croyances". Michel de Certeau, "L'écriture de l'histoire, Paris, 1975, p. 233".

 

"Au deuxième bouton. Il donnera naissance à un nouveau sarment ".

Je serrai les branches du sécateur dans ma main à l'endroit que Tino

m'indiquait et dépouillais la vigne d'un de ses sarments. A la fin de la taille, nous en ferons, sous sa direction, un grand feu dans un des coins éloigné de la vigne, afin d'éliminer tout danger de prolifération d'insectes nuisibles pendant l'hiver.   

"Comment sais-tu tout cela Tino, lui demandais-je, tu as appris la viticulture en Italie ?"

 

Il éclata de rire "En Italie, j'étais étudiant comme toi. Je ne connaissais de la vigne que le bon vin qu'elle donne ! Non, j'ai appris tout cela par la pratique ! J'ai lu les livres, les brochures d'enseignement qui s'y rapportent. Comme toi, j'ai travaillé sous la direction du responsable d'une vigne qui m'a enseigné les petits trucs, que seul un viticulteur chevronné comme lui, connaît. Lui aussi a appris le vrai métier par la pratique, quoique lui ait étudié dans une école d'agriculture pendant quelques mois avant de faire son Alya. C'est en m'enseignant la culture de la vigne qu'il s'y est perfectionné. Ne ris pas, c'est ainsi. Moi aussi en te l'enseignant, je découvre encore d'autres techniques. Cela me permet de la cultiver mieux encore. Bon, ce n'est pas tout de parler, il faut aussi travailler. La pluie arrive."

Au bout de quelques minutes, elle était là. 

Nous allâmes nous abriter sous le toit de la petite baraque, qui faisait office de hangar où nous déposions les outils et la sulfateuse. Tino sortit de sa petite musette un thermos, deux tasses  d'aluminium et m'en remplit une de café fumant.

 

C'était une de ces pluies d'automne où les brusques averses sont épaisses mais courtes. Jamais méchantes. Le temps d'une petite pause café. Il faut en ces moments là savoir se taire et écouter. Se recueillir et savourer.

Je pensais à ces jeunes agriculteurs des années 40 et 50 du siècle dernier, qui s'étaient installés en communautés pour vivre de cette terre et qui, comme "Les Compagnons du Tour de France",  apprenaient leur métier en le pratiquant sous la surveillance d'un Maître, avant de faire un stage dans une ou deux des communautés sœurs, pour se perfectionner.

Je me dis que la mise en pratique de leur idéal devenait plus importante alors que les croyances qui le composaient. A ce stade des choses, les pratiques véhiculaient les croyances et assuraient  leur solidité, et non le contraire.

  Je comprenais encore pourquoi les Profs de  Sciences politiques et Sociales, abandonnaient l'Université pour la Politique ou pour l'aide aux communautés sociales en difficulté. Je comprenais combien 68 avait changé les idées et les conduites parmi les Enseignants - et non seulement parmi les étudiants. Il leur parut alors qu'il leur manquait la mise en pratique de leurs recherches et de leur enseignement. Cette mise en pratique sans laquelle celui-ci demeurait lettre morte. Ils demandaient, en ce sens, à refaire la Révolution, mais à la manière que Maô et Le Che l'avaient faite.

 

Perdu dans mes pensées,  je n'avais pas senti que la pluie s'était arrêtée et que Tino était retourné au travail. Je bondis de mon petit tabouret de bois et courut à ma rangée. "Tu aurais dû me faire signe lui dis-je !"

 

"Pourquoi, me répondit-il en souriant, je t'enseigne le travail de la vigne, non la discipline du travail à la vigne. Celle-là, tu l'apprendras par la pratique, une fois qu'à ton tour tu enseigneras l'entretien des pieds de vigne à un "néophyte". Car sans discipline, pas d'études ni d'enseignement possibles. A plus forte raison pas d'accomplissement de la chose étudiée et enseignée. Sais tu ce que dit Rabbi Ismaïel à ce sujet ?  Lui, il pensait, bien entendu, principalement à La Loi. Mais la chose est valable pour tout enseignement".

 

Tino, en plus de son travail à la vigne, donnait des cours de Judaïsme, le soir, aux membres intéressés de son Kibboutz. La chose était assez courante dans ces communautés où l'étude et le travail étaient inextricablement liés.

Je lui signifiais par un mouvement de tête que je n'en savais rien.

"Il disait, reprit Tino, Celui qui étudie pour enseigner, parvient à s'instruire et à enseigner. Et celui qui étudie pour accomplir ce qu'il étudie, parvient à s'instruire, à enseigner et à accomplir ce qu'il a étudié."

Pirkei Avot* : maximes de nos pères.

 

                                                                                               
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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 13:42

 

Pirkei Avot

 

"Rabbi Eléazar, fils d'Azariah disait : Sans pain…"

 

Par le Dr Reuven (Roger) Cohen    

 

 

Sur un poème d'Eugène Pottier:

 

"C'est assez languir en tutelle,

L'égalité veut d'autres lois,

Pas de droits sans devoirs, dit-elle,

Egaux, pas de devoirs sans droits !"

(Eugène Pottier: "L'Internationale, 3ème strophe, Paris, Juin 1871")*

 

Vêtu d'une légère chemise blanche à manches longues qu'il portait sur un long pantalon noir, il avait l'allure par cette chaleur, d'un gentleman égaré. Mais son large chapeau de paille et ses sandales de caoutchouc le situait sur cette plage qu'il parcourait, aller et retour, une caisse frigorifique pendue à son épaule en criant à tue-tête "Artic, Kartiv, glaces et rafraîchissants!" En général, les vendeurs ambulants de glaces ne dépassent pas la trentaine. Lui devait avoir plus de 60 ans et semblait animé d'une énergie de jeunot.


Les estivants allongés sur la plage semblaient le connaître. En achetant leurs esquimaux, certains échangeaient avec lui quelques mots, d'autres lui serraient la main, d'autres encore le retenaient un instant.

"Qui est-ce, demandais-je à Mikhal ?"

"C'est Rebbe Haïm, me répondit-elle, un sage entre les sages, mais un peu particulier ! Attends, je vais te le présenter". Elle lui fit signe, non sans avoir auparavant jeté son paréo sur ses épaules. Je la fixais tout étonné de son geste. "C'est pour le respecter, me dit-elle. Il travaille sur la plage depuis de nombreuses saisons. C'est un Rébbé. Mais un Rébbé pas comme les autres".


Il s'approcha de nous et Mikhal lui demanda des esquimaux et me présenta. "Rebbe Haïm, je vous présente Roni, un ami de Beer-shev'a, lui dit-elle. Il est venu me rendre visite car la plage lui manque. Je lui ai dit qu'il gagnerait à connaître un homme "sage" comme vous !"


Il me serra la main, et sous les pans de sa chemise, je vis qu'il portait les "Tsitsiot", ces mèches de fils tressées que portent les religieux.

"Comment se fait-il qu'à votre âge vous travaillez dans ce genre de travail harassant, lui demandai-je ?"


"Il est écrit : 'Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front', me répondit-il, et il me tendit l'esquimau. Les papiers au panier, ajouta-t-il en souriant, comme pour clore l'entrevue".


Mais j'insistais. 

"Cependant, les Rébbés de votre âge que je connais, ne travaillent pas ainsi ! Ils enseignent, par exemple, quelques heures par semaine et reçoivent pour cela un petit salaire des Institutions religieuses de leur localité. Ceux qui vivent de cette manière ne se comptent pas par dizaines, mais par centaines !

Il ôta ses lunettes de soleil, plongea son regard dans le mien, et répéta en insistant d'un mouvement de son indexe : "Il est écrit : 'A la sueur de ton front' ! Tout le reste est affaire d'interprétation, de 'sages commentaires' qui s'éloignent de ce qui est écrit dans Notre Livre Sacré".  

J'eu un haut le corps. J'étais en présence d'un Rébbé qui, par son conformisme, son attachement à "La Lettre", parlait, toute distance respectée, comme parlait Luther il y a un demi-millénaire !


Il demandait de revenir au Texte Ecrit et de le respecter tel que nous l'avons reçu. Il bousculait cette tradition, plus de deux fois millénaires, de La Thora transmise par l'Ecriture et de La Thora transmise par La Parole, toutes les deux reconnues comme valables. Je voulus ajouter quelques mots, mais il me fit un petit signe d'adieu et s'éloigna.        

 

"Ce Rébbé est un Révolutionnaire, dis-je à Mikhal. Les Révolutionnaires, les Jacobins, eux aussi, demandaient de retourner et de s'appuyer sur l'Ecrit et non sur l'Interprétation de l'Ecrit.

C'est ainsi que, de Révolution à Révolution, prisonniers de leurs codes, de Journées Révolutionnaires à Journées Révolutionnaires, répétant un rite inchangé en France, ils sont parvenus au désastre de La Commune de Paris !"


"Je ne sais pas si Rebbe Haïm est un Révolutionnaire ou pas, me répondit Mikhal. Mais c'est de lui que je tiens ce trait de sagesse qui fait du Travail la condition sine qua non de la Thora, et de la Thora celle du Travail. C'est ainsi qu'il agit, et c'est sa conduite qui me le fait respecter. Il répète, à qui veut bien l'entendre, cette maxime de Rabbi Eléazar, fils d'Azaria: "Sans pain point de Thora, sans Thora point de pain".


 

 

* Le Jacobin Eugène Pottier avait 55 ans, quand, ayant participé aux combats de la "Commune", il se cacha dans une cave pour fuir les massacres perpétrés par les Versaillais .C'est là qu'il écrivit ce poème qui deviendra "L'Internationale".  ("M. Winock et J.-P. Azéma, Les Communards, Paris, 1964").


 

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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 19:24

 

Proverbes tunisiens.

Jeb el merouha, mèsh natek kef.
Apporte l'éventail, je veux te donner un soufflet.
Que signifie ce dicton ?



J'avais emmené ma fillette, brûlante de fièvre à l'hôpital. Un médecin que j'ai  rencontré à l'entrée m'a ordonné de la conduire de suite et sans attendre au pavillon d'enfants. Ordre que je me suis employé à exécuter de suite, seulement le garde a essayé de m'y empêcher.
-- Ce n'est pas l'heure des visites. N'arrivant pas à me faire entendre, et pour cause… Il refusait de m'écouter. Je me suis passé de sa permission et ma petite dans mes bras,  je  suis parti d'un pas rapide vers l'ascenseur. Là le gardien m'a rattrapé, laissant le portail sans surveillance, et voulant porter plainte contre moi, il me demanda de lui prêter mon stylo.

-- Jeb el merouha, mèsh natek kef. Tu demandes mon crayon à bille, pour te plaindre contre moi ?

Je l'ai laissé bouche bée, la porte se refermant électroniquement sur son nez. Au département, les médecins l'ont foutu dehors, en lui disant un proverbe israélien cette fois.
-- Il est des moments où l'on doit garder le portail et d'autres où l'on ne doit pas garder rancune.
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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 16:44

Pirkei Avot

 

"Ben Zoma disait : Quel est le véritable héros…"

 

Par le Dr. Reuven (Roger) Cohen

 

Sur un texte de Sénèque :

"Pas un ne se demande s'il vit bien, mais s'il aura longtemps à vivre. Cependant tout le monde est maître de bien vivre ; nul, de vivre longtemps."

(Sénèque, Lettres à Lucilius, Livre Troisième, Lettre 22, 17, Paris, 2007).  

 

Marcel avait la meilleure Boulangerie et Pâtisserie de la rue des Rosiers.

On se pressait, dès les premières heures de la journée, devant sa porte, et le  vendredi, le dernier de la queue devait patienter plus de dix minutes avant d'être servi, tant les clients achetaient de halot et de gâteaux pour le Shabbat. Le commerce marchait bien, la clientèle était fidèle, la patronne satisfaite derrière sa caisse, les serveuses au comptoir sympa et rapides. Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si Marcel ne souffrait d'un gros défaut qui lui rendait la vie difficile et faisait de celle de ses ouvriers un véritable cauchemar : Marcel était coléreux. Et malgré les prières de sa femme et les conseils de ses docteurs, il se refusait d'avaler ces médecines qui "abrutissent", selon lui, les coléreux. Il soutenait qu'il était coléreux comme un autre est paresseux, et qu'il avait de bonnes raisons de l'être. "Que les ouvriers et toi-même ne traînent pas, répondait-il, et que vous exécutiez mes ordres à la lettre ! Comment veux-tu faire marcher ce bazar sans cela ? Il faut un capitaine à bord, un seul !"   

Pure invention de sa part. Imagination quasi maladive, puisque la Boulangerie se mettait au garde-à-vous chaque fois qu'il ouvrait la bouche.

En vérité, ses colères le prenaient soudain et sans raison. Il explosait alors comme un volcan. Oui, mais les volcans en général annoncent leur irruption. Certains signes précurseurs permettent aux humains et aux animaux de fuir, de chercher refuge. Mais  au pétrin ou au comptoir, point d'abri face à la surprise ! Il fallait courber la tête, se recroqueviller sur soi-même et attendre que passe la tempête. Il fallait de plus se protéger que les projectiles, que dans sa rage il ne manquait pas de projeter, ne t'atteignent. Miro le jeune mitron, en avait fait les frais quand, paralysé par la peur, il reçut une miche qui venait de sortir du four. Il fallut toute la douceur et le billet que lui glissa Rose, la patronne, pour qu'il ne se rende en pleurs chez ses parents.   

La chose ne pouvait pas continuer ainsi. La révolte grondait à la Boulangerie et les ouvriers avaient annoncé à Madame Rose qu'ils "montaient au feu" et qu'ils allaient se plaindre à leur syndicat. Rose, en pleurs, leur demanda deux ou trois jours de délai pour régler ce problème, et qu'en aucun cas la Boulangerie n'en souffre.

 

Mais la Boulangerie en souffrait déjà. Toute une fournée avait brûlé lors d'une irruption, et le lendemain, les clients s'étaient plaint  que le pain avait un goût légèrement aigrelet, comme si le levain avait tourné.

Rose se souvint alors "de la mayonnaise qui tourne". Sa mère lui avait raconté que lorsque la ménagère est fâchée, sa mayonnaise tourne. Des énergies négatives agissent alors sur les mets préparés par elle. "C'est ce qui nous arrive avait dit Rose à Marcel". Mais celui-ci la traita de superstitieuse et de psychologue de deux sous et lui demanda de le laisser tranquille. De peur qu'il n'explose de nouveau, elle se tut et décida d'aller consulter son oncle, le Rabbin, que Marcel respectait plus que tout autre.

 

Le Rabbin l'écouta avec attention. "Envoie-le moi, Rose, ma fille, lui répondit-il".

"Il ne voudra pas venir et explosera en sachant que je suis venir prendre conseil auprès de vous, lui dit-elle".

"Dis-lui que je voudrais lui parler d'affaires. Il viendra." 

Il vint.

"Comment vont les affaires Marcel, Lui demanda-il ?"

"Très bien, mon oncle, lui répondit Marcel."

"Dis-moi, mais réfléchis bien avant de répondre. Qu'est-ce qui va mieux, les affaires ou ta santé ?"

Il se dandina sur son siège, hocha plusieurs fois de la tête, et à la fin il répondit : "Les affaires, mon oncle. Ces derniers temps je suis un peu tendu et porté à m'énerver pour un oui ou pour un non !"   

"Alors que tu ne sais pas combien de temps t'est donné à vivre, car aucun de nous ne peut le savoir, tu fais passer les affaires avant ta santé, avant que de bien vivre. Et alors que les affaires se portent bien, elles, tu leur consacres ta santé, tandis qu'elles-mêmes ne font rien pour toi ! On appelle cela du 'Fétichisme', de 'L'Avoda Zara'! Et cela pourquoi ? Parce que tu n'es pas capable de surmonter ton avidité du gain, tes bas instincts et tes colères ! Sais-tu ce que disait Ben Zoma à ce sujet ?

 

Il disait : 'Quel est le véritable héros ? C'est celui qui sait vaincre ses passions'. (Pirkei Avot, Chap. 4, 1).


 

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 19:42
Pirkei Avot* : Rabbi Tarphon disait…

Par le Dr. Reuven (Roger) Cohen
 
Sur un texte de Friedrich Nietzsche : "What is good ?" (The Antichrist, 2). 


Le ton de la conversation montait et frisait la querelle. Ce qui avait commencé par un dialogue amical et un tant soit peu pédagogique entre le père de Dan et son professeur principal Roni, "Son Educateur" (c'est ainsi que nous le nommons dans nos lycées), tournait au vinaigre.


Roni soutenait que les valeurs humanistes, qui le guidaient dans son rôle d'Educateur et dans ses conversations avec Dan, étaient de loin plus importantes dans sa formation et pour son avenir que ses notes en mathématiques et en anglais.
"Je lui enseigne, comme aux autres élèves de sa classe, ce qu'est le Bien, l'attitude responsable et la bonne décision à prendre face aux dilemmes moraux."
Haïm ne l'entendait pas de cette oreille. Selon son entendement, Roni se devait de soutenir Dan dans ces matières qui assurent ce diplôme, le Bac, sans lequel dans la Société d'aujourd'hui, on est moins que rien.


Au lieu de consacrer ses heures d'entrevue avec Dan en diatribes stériles sur sa conduite, ses relations avec les autres Profs et les autres élèves de sa classe, pensait Haïm, Roni ferait mieux, en tant que Prof de Math., de l'aider à rattraper son retard.
"Et puis, qui peut éduquer par "le verbe" au Bien absolu, lui demandait Haïm ? Le Rabbin, le Philosophe, le Législateur ? Le Bien ne s'enseigne pas en quelques leçons à l'école. Et la conduite de Dan ne changera pas au bout de quelques conversations. Tandis que ses progrès en maths, oui. Ce n'est pas comme la propagande ! Il ne s'agit pas là d'un lavage de cerveau !"


La conception de Haïm était tangente à celle que soutint le grand écrivain que fut "Samekh" Izhar. Son "retournement" sur ce sujet avait fait scandale. Il avait, un beau matin, soutenu que l'Ecole était faite pour enseigner et non pour éduquer. Le tollé que sa déclaration avait soulevé avait causé une tempête parmi les pédagogues, de loin bien plus importante encore que celle qu'avait causée Victor Hugo parmi les critiques parisiens, avec son Ruy Blas en 1838. Une véritable querelle entre "Anciens et Modernes". Mais là, il ne s'agissait pas d'art, mais d'un fait de société.
Depuis que la Société israélienne avait traduit, de suite après la Guerre d'Indépendance, "La Volonté de Puissance", que Nietzsche avait empruntée à Schopenhauer, en volonté d'enrichissement et en volonté de faire carrière, "l'Esprit de l'Ecole" avait changé. Petit à petit, pour réussir dans la vie, les diplômes avaient pris le pas sur les conduites exemplaires, celles qui répondaient aux valeurs d'égalité, d'entraide, de don de soit.


Nietzche avait dit : "What is good ? All that enhances the feeling of power, the Will of Power, and power itself in man." (The Antichrist, 2, in Essential Thinkers Friedrich Nietzsche, London, 2005).


"Le Bien n'est pas affaire de discours mais de pratique. Il faut le considérer comme le résultat d'un entraînement. Il faut entraîner l'enfant à le pratiquer. Il se pratique pas à pas, et cette pratique se poursuit tout le long de la vie, jusqu'à un âge avancé, renchérissait Haïm. Et cette méthode pédagogique d'un autre âge dont tu te fais le mentor, ces longues conversations que tu mènes avec tes élèves, ne servent absolument à rien. Elles ne sont que temps perdu. Ce sont des pratiques qui me rappellent les méthodes de lavage de cerveau."





Dans son for intérieur, Haïm souhaitait, chose inacceptable dans l'Ecole d'aujourd'hui, que tous les Profs du Lycée participent à cette œuvre indépassable dans sa valeur sociale et humaine qu'est l'éducation de la jeune génération. Il souhaitait qu'ils s'y attellent par leur exemple personnel, par leur conduite. Qu'ils "éduquent" leurs élèves, dans le petit espace qui leur est dévolu. Seule cette voie pourrait porter les fruits attendus. Et les parents eux-mêmes n'en sont pas dispensés. Que personne ne se "défile". Que personne ne paresse sur ce point.


L'œuvre éducative dans son essence est un travail de longue haleine où chacun doit jouer son rôle. "Et que nul ne se leurre, ajouta-t-il. Que nul ne pense qu'il pourra, seul, la mener à bien. Ne joue donc pas le rôle du "commissaire", ce rôle bien connu dans les régimes totalitaires, dit-il à Roni, qui l'écoutait bouche bée. Souviens-toi que cette tâche repose sur nos épaules. Sur nous tous. Nous nous devons tous de pratiquer cet "enseignement" du Bien. Nous avec nos enfants. Vous avec vos élèves. Chacun dans son petit espace. Souviens-toi de ce que disait Rabbi Tarphon : Tu n'es pas obligé d'achever le travail, mais tu n'es pas libre de t'y soustraire ".


"Rabbi Tarphon disait : La journée est courte et le travail considérable. Les ouvriers sont indolents, cependant le salaire est important et le maître presse. Il disait : Tu n'es pas obligé d'achever le travail, mais tu n'es pas libre de t'y soustraire ". In "La Maxime des pères" (Chap. II, 20-21, Paris, 1983)

Pirké Avot* : Maximes de nos pères.





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