En Bref : autrefois en Tunisie le chamach passait de maison en maison afin de réveiller les fidèles et pratiquer les Selihot, il appelait de sa voix chantonnante.
Les Selihot, Repentirs
Pendant les 40 jours précédant le Grand Pardon, les Juifs se lamentent et se repentent afin d’être pardonnés par le Seigneur tout Puissant de tous les péchés commis en quantité considérable, si l’on croit au livret des "Selihot".
Hodesh Tov Eloul – Ani léDodi véDodi Li -. Eloul est le mois hébreu du retour et de l’amour du prochain. C’est le retour aux rites et coutumes, c’est le retour au foyer, à une femme bien-aimée et surtout le retour à la foi.
A quatre heures, avant l’aube le réveil sonne et je me lève. Même s’il ne carillonne pas, je me réveille de toute façon. Je fais ma toilette et mes préparatifs et me rend à la synagogue du quartier. A partir du premier du mois d’Elloul, pendant les 40 jours précédant le Grand Pardon, les Juifs se lamentent et se repentent afin d’être pardonnés par le Seigneur tout Puissant de tous les péchés commis en quantité considérable, si l’on croit au livret des "Selihot". Alors si on ne fait pas un retour, une tchouva dans ce cas là, le cœur ne sera pas en paix.
Selihot se traduit par : pardons, mais moi je dirai plutôt : repentirs, car le pardon n’est pas dans nos dispositions, si nous voulons être pardonnés, nous dervrions illico présenter nos excuses à la personne en question et lui demander pardon, Hachem nous pardonne si l’on se repent, mais les rancunes individuelles doivent être réglées personnellement. Ce que nous avons la possibilité de faire, c’est de nous repentir, de prouver notre désolation et demander pardon. Pardons au pluriel parce que nos méfaits sont innombrables.
Au courant de l’année, nous disons dans notre repentir que nous sommes coupables, traîtres, escrocs, que nous avons dit des commérages et des médisances, que nous avons falsifié, que nous avons accusé (des innocents), que nous avons volé et cambriolé, que nous avons menti et dissimulé la vérité, que nous avons été mauvais conseillers, que nous avons trompé et péché, que nous avons été coléreux et rancuniers, que nous nous sommes moqué d’autrui, que nous nous sommes révoltés, que nous avons quitté la bonne voie, que nous avons profané un lieu saint, que nous que nous avons manqué de respect a nos père mère... et j’en passe.
Mais si tous les jours nous reconnaissons ces mauvaises actions, durant les 40 jours des Selihot, nous développons chacun des méfaits et lui trouvons des sous titres, ainsi chaque péché devient un chapitre. Alors nous demandons grâce, au nom d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de David, de Salomon, de Moise st d’Aaron. Et ils ne sont pas les seuls. Rebbi Meyer, Rebbi Shimon, le prophète Eliaou et Rebbi Akiba s’en mêlent. Merci chers pères et parrains.
Tout de suite après ces aveux dits debout, - nous exprimons les treize attributs que le Seigneur a enseignés à Moise -, courbés dans une humble révérence au cours de la prière El Mélekh Malé Rahamim. En Tunisie nous disions tout de suite après Mi El Kamokha, la parallèle de cette oraison, mais je n’ai pas vu que ce couplet est récité en Israël.
Les treize Attributs de Hashem
1. Adoshem : Hashem est compatissant.
2. Adoshem : Hashem est miséricordieux.
3. El : Ce nom dénote la puissance et la clémence.
4. Rahum : Bienveillant. Hashem soulage le coupable de sa punition.
5. Ve-Hanun : Et Aimable.
6. Erekh Apayim : Hashem est d’une patience sans limites.
7. Ve-Rav Hessed : Et d’une abondante bonté.
8. Ve-Emet : Et sincère. Hashem ne revient jamais sur sa promesse.
9. Notzer Hessed La-Alafim : les actes des justes font bénéficier des milliers, les futures générations.
10. Nossé Avon : Pardonne l’iniquité.
11. Va-Phesha’a : Ainsi que la rébellion et le péché.
12. Ve-Hataat : et l’erreur, péché commis à cause d’inattention ou d’apathie.
13. Ve-Naké : Hashem efface les péchés de ceux qui se repentent.
Les Selihot à Sfax.
A Sfax, âgé de 12 ans, j’allais tous les jours aux Selihot. J’adorai ces prières qu’on chantait avant le lever du jour. Autour de nous s’activaient les dames de la synagogue et elles nous préparaient du thé à la menthe, du café, et nous offraient des beignets. Notre rabbin Rebbi Itzhaq Zagdoun (Bekhor), ce grand pédagogue, nous avait initiés à l’amour de la Synagogue et des coutumes. Ainsi c’est avec joie que nous rejoignions le Temple pour Sahrit, Minha et Arvit en dehors des heures de cours.
Parmi les habitués, je me rappelle du chamach Joseph Bouhnik, dit Soussou, de Bounik (sans h) et ses deux fils, de Henry Cohen et son fils, de Samoha, de Birou, de mes rabbins Isaac Zagdoun et Khamous Taïtou le rouquin, du surnommé Capitaine assis les bras croisés avec sa tête flamboyante, de Bah Hai parfois et de Friah Bouhnik de temps en temps.
Slat Shoushane, est le nom de notre synagogue à Moulinville. Il y avait d’autres fidèles, dont les noms ne me reviennent pas, mais la plupart de nos habitués dont pas mal de Bouhnik D. bénisse, nous rejoignaient le samedi : Khamous Bouhnik dit Namsa, le frère du chamach et son fils Clément, Salomon Bouhnik et son frère Clément, Hector Bouhnik le fils de salomon Bouhnik, les frères Chelly, forgerons et leur père, les voisins de Kouka Bouhnik. Ceux que je n’ai pas cités pardonneront sûrement ma fuite de mémoire.
Les Selihot et les soldats Turcs. (D’après Myriam Houri-Pasoti)
Autrefois à Tunis le chamach passait de maison en maison afin de réveiller les fidèles et pratiquer les Selihot, il appelait de sa voix chantonnante.
— Abraham, lève-toi pour les Selihot.
— Isaac, lève-toi pour les Selihot. Et ainsi de suite. Les hommes se levaient et enlevaient les lourdes barres qui verrouillaient les portes et peu après se dirigeaient vers la synagogue.
Un jour le chamach voit devant lui, un groupe de soldats Turcs. Il est effrayé mais on lui ordonne de continuer sa tournée. En ce temps la, on prenait des précautions, les Turcs n’étant aimés ni des Juifs Tunisiens et ni des Musulmans. N’a-t-on pas raconté que dans le Cap Bon, les Musulmans ont pris la défense des Juifs contre les Turcs ?
Alors le chamach passa de porte en porte et dans la même intonation chantante, il réveilla les habitués, et leur demanda de ne pas venir à la synagogue.
— Abraham, ne te lève pas pour les Selihot.
— Isaac, ne te lève toi pour les Selihot. Et ainsi de suite...
Et il passa ainsi de maison en maison en demandant à chacun de ne pas se lever pour les Selihot.
Les Turcs ne comprenant pas le dialecte Judéo-Arabe, n’ont pas fait attention à la négation, du moment que le rythme restait le même. Ils retournèrent à leur caserne, ne saisissant pas la clef de l’énigme.
Je ne développe pas plus le sujet, mais il est bon parfois à tout un chacun de regarder en arrière, afin de corriger ses fautes et ses défauts.