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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 17:24


Le grand blond qui venait du nord :  encore l'harissa

 

Par Urbain d'Arbin


C’est étonnant comme un mot ou une photo, peut réveiller soudain des souvenirs ou des anecdotes assoupies dans un coin de mémoire.

Ce fait divers  est réapparut à la vue d’une photo du port de pêche.
De l’avoir oublié pendant très longtemps, le temps n’arrangeant rien à l’affaire, voici donc cette version concoctée pour vous.  Détendez-vous lisez lentement pour profiter pleinement de cette histoire.


Merci de m’avoir suggérés tous ces mots que j’ai placés au mieux du texte, n’étant pas un linguiste dans certaines langues, je ne parle que le phonétique, comme beaucoup d’entre vous, mais si mal.

Enfin les grandes vacances scolaires en 54 ou 55 du siècle dernier, plus de cours, de profs, le souci des mauvaises notes tout est oublié.

Vers les dix-sept heures, je me rends au QG devant la Municipalité, près du marchand de journaux, sous les faux poivriers,  à l’ombre de ce soleil encore si fort à cette heure-là.

 

http://us.123rf.com/400wm/400/400/kgtoh/kgtoh0806/kgtoh080600328/3141818-fresh-piments-rouges-sur-tout-le-hacher.jpg


 Vous souvenez vous du goût inimitable de ces graines rose violacé que nous mâchouillons ?
Là, mes Amis sont réunis en petits groupes, heureux de se retrouver, et soudain C.  m’ayant reconnu, se précipite vers moi, et m’annonce : mon correspondant de Suède arrive ce soir, pour fêter l’événement, je  t’invite ainsi que J.  à déjeuner samedi soir à vingt heures trente. Rendez-vous  devant le marchand de bricks, près du petit chenal.

Samedi soir venu, me rendant à ce rencontre à pieds (mes parents n’aimaient pas me savoir rouler le soir à vélo), à l’heure précise je rencontre C, J, et un grand blond venu tout droit de son pays scandinave.

Présentation  de JON (prononcez John) par C, il ne parle et ne comprend que l’Anglais ce qui ne va pas faciliter la compréhension, cela nous permettra d’appliquer les leçons de Mr Leroy notre prof.

 Mais au moment de nous mettre à table, le petit restaurant en plein air étant bondé à cette heure-là, nous décidons de faire un tour et de revenir plus tard.

Aux environs de vingt-deux heures, ayant liés connaissance avec JON, une petite table de quatre places étant libre, nous nous installons, et C. lance au patron « arba briks, adam batata » : quatre briks, aux œufs et aux pommes de terre.

 
Trois minutes plus tard, arrivent quatre superbes bricks triangulaires dorés à point dans des assiettes, des verres, de l’eau fraîche et une assiette d’Harissa (celle de Vivi) ainsi que des légumes marinés et un flacon d’huile d’olive (de Sfax).


JON tendant le doigt, désignant  les bricks demanda : « What is this » ? C.  répondit : « ‘Sfaxian speciality ». Montrant le plat d’Harissa: « What is this », réponse de C : « Sfaxian speciality ».

Nous Sfaxiens, connaissant l’Harissa, commençons à en tartiner la brick, imités par JON, qui badigeonne dans un premier temps sa brick, et sûrement très gourmand en remet une deuxième couche.

La brique toute chaude et parfumée d’harissa dans mon assiette m’appelle, ne résistant pas, je découpe un morceau, qui porté dans ma bouche se met à craquer  sous mes dents, et l’harissa se repend sur ma langue, et mes papilles en ressentent la puissance de cette chaleur et le gout de ces épices,  c’est le bonheur aussi ressenti par C. et J, et nous en oublions JON, qui nous imitant, en fourre à son tour un gros morceau dans sa bouche.


Mais soudain, sa curiosité de goûter à une brick pour la première fois de sa vie se transforme en un rictus effrayant, et un CRI  retentit tandis qu’il bondit, se tenant la gorge, prenant le verre d’eau posé devant lui, il le vide d’un trait, et l’effet escompté se produit, l’harissa décuplée lui arrache la langue, le gosier et ses cris effrayants retentissent dans cette rue d’habitude si calme.

Ayant fait deux tours sur lui-même, JON se met à courir dans la rue, traverse la route, et se glissant à travers tous les objets qui encombrent le quai, dans un geste de désespoir, se jette dans le petit chenal aux milieux des barques amarrées.

Stupéfait par cette attitude, nous le poursuivons, mais trop tard, nous ne pouvons empêcher sa course effrénée et son plongeon. Nous le voyons  réapparaître entre les barques, et s’aidant des cordages remonter sur le quai la bouche ouverte et le gosier en feu.

 

http://www.amit4u.net/vault/blogs/25976/le%20petit%20chenal.jpg


Le grand blond marron et malodorant, venait de battre un record, celui de s’être baigné près de la faouara (l’égout), le seul de mémoire de SFAXIENS.  


Nous le dirigeons vers le restaurant dans le but de lui faire boire de l’huile d’olive pour apaiser ses brûlures, mais c’est un refus catégorique (il nous expliquera plus tard, que ça lui faisait le même effet qu’à nous de boire de l’huile de foie de morue) et C. nous demande de l’attendre au restaurant, et avec JON, s’éloigne suivi par des badauds, qui ont pensé a un suicide ou à un départ à l’Anglaise raté (sans payer).


 Durant son absence,  le restaurant est envahi par une foule que l’événement  a mis en appétit, les affaires vont bon train, et les bricks s’arrachent et se mangent debout faute de places assises.
Quarante minutes plus tard, accompagné de C,  c’est un JON tout rose et parfumé qui réapparait, habillé d’un » Jeans » d’emprunt, d’une chemise blanche d’une paire d’espadrilles.
C’est le retour du héros et la foule amassée ayant compris le fin mot de l’histoire applaudit à tout rompre.
Le patron, heureux que cet incident l’ai bien fait travailler et par la publicité faite à son établissement, nous installe à une table, et nous offre quatre bricks géantes toutes gonflées de deux œufs, de thon, batata, câpres oignons et d’un plat d’harissa, qui sème l’effroi de nouveau dans le regard de Jon !


Mais soudain, ayant compris que cette : Hot chili jam (purée de piments piquants) ne lui était pas destinée, malicieusement Jon, sortit d’un petit sac un flacon et tartina copieusement sa brick royale. Devant son comportement, nous avons pensé que la réaction de l’eau de mer l’avait rendu maboul, et a notre question concernant son flacon: « what is this » ? Il répondit : «Sweden speciality »
C. posant la question: « What is this Sweden speciality »?  Jon répondit : « Red current jam ». Ce qui traduit équivaut à « Confiture de groseilles rouges ».

Sans se concerter, ce fut un « BEURQQQQ retentissant qui le laissa stupéfait, ce coup-ci ne comprenant plus rien à nos goûts très exotiques.


Trois jours passèrent, et toujours pas de nouvelles de C. et de JON,

C. nous rejoint un soir et nous nous remémorons cette histoire et au récit de ces péripéties nous rigolons à nous tordre, tapant la main, et des grandes claques dans le dos  nous font revivre cette soirée mémorable.

Soudain, je pose la question : « Où est JON » ?
C.  me rassure en me disant qu’après être rentrés, JON s’est relavé au moins trois de fois. Mais que s’il n’a pas reparu, c’est à cause de l’huile d’Olive.
« A l’huile d’Olive ? Pourquoi » !

 

http://www.amit4u.net/vault/blogs/25976/sfax%2014.jpg

 

« JON n’en fait qu’à sa tête, il m’a demandé d’aller bronzer sur le toit en terrasse, devant le danger et n’ayant pas de crème de protection, je lui ai recommandé de l’huile d’Olive comme nous faisons quelque fois, pour protéger sa peau très claire, mais toi tu connais son aversion pour ce liquide bon à tout faire, et bien il a refusé net ».
« Profitant il y a deux jours du fait  que je faisais la sieste, il s’est exposé au soleil sans protection, et le résultat est qu’il est maintenant enfermé dans la pénombre roulé dans des serviettes humides et  cuit  sur tout le dos, le cou les bras et jambes, enfin partout.


 Il m’a dit : « The SFAX sun is hot how Harissa »  (le soleil de Sfax est chaud comme l’Harissa).
 Pauvre JON me suis je exclamé !  


Urbain
                                                                                     

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:31

L'harissa de piments rouges, selon Vivi

 

http://img100.imageshack.us/img100/995/lemouilinvilloisgb4.jpg

 

Ingrédients :


1/2 kilo de piments rouges  piquants et secs
5 à 6 têtes d'ail  (la quantité dépend de la dimension).
Epices ; Sel

Cumin

Coriandre, selon vos gouts

 

http://img516.imageshack.us/img516/1385/020zq3.jpg
Nettoyez les piments de leurs  graines et ôtez les queues

 

http://img516.imageshack.us/img516/354/021zi5.jpg
Rincez en changeant l'eau à plusieurs reprises, puis les laisser tremper dans l'eau entre  30 à 45 minutes

 

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Pelez 5 a 6 têtes d'ails, n'ayez crainte plus il y en a et plus c'est bon

 

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Hacher  les piments et l'ail

 

 Et voilà,  ajoutez les épices  sel, cumin et coriandre selon vos goûts (chez nous nous mettons que du sel).

 

Quand vous servez arrosez d'huile d'olive.
Bon appétit.
 

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 17:02

Histoires de rabbins

 

Maman qui a trouvé que la visite du rabbin n'était pas sans raison demanda tout à coup.
-- Mon fils était an classe ? En entendant cette question, j'ai senti le sol se dérober sous moi...


Âgé de deux ans maman m'emmène à l'école rabbinique (le koutab) de Rabbi Isaac surnommé Bekhor (l'aîné). Le maître me montre les lettres :

- Dis Aleph !

- Aleph… i- Ton père vend des hlaleph (des porcs). Dis Beith !

- Beith…

- Ton père vend du Zeith (de l’huile)… Dis Gimel !    

Ces quelques mots suffisent pour m’enfermer dans un mutisme, ne voulant plus entendre la suite. Ma scolarité hébraïque fut reportée à l’âge de cinq ans. Le rabbin trouvant que je n’avais pas encore le sens de l’humour développé.

Ainsi en même temps que la maternelle, je commence  à prendre des cours chez Rabbi Isaac. J'adore ce rabbin. Notre précédent conflit est oublié, il était si gentil avec nous que tout le plaisir d'être son élève est pour le mien. J'avance bien, et mes progrès sont satisfaisants. Les cours ont lieu entre 11 et douze heures et  l’après-midi de cinq à six heures.

Les grandes vacances arrivent  et elles durent trois mois en Tunisie, du trente juin au 1er octobre. L’emploi du temps fixé pour ce trimestre : neuf heures-midi et seize heures-dix-neuf.  

La renommée du rabbin lui vaut l’arrivée  de nouveaux élèves du quartier de Moulinville. Le nombre des écoliers le pousse à ouvrir une deuxième classe. Pendant les vacances scolaires, nous nous trouvons au koutab presque  toute la journée, ce qui libère ainsi  nos parents du devoir de nous occuper, pouvant  se consacrer en douce aux tâches journalières.  

Rabbi Isaac est  aussi bijoutier, le salaire d'instituteur rabbinique n'étant pas fructueux. C'est pourquoi il prend comme associé Rabbi Khamous le rouquin. Rabbi Khamous tient les deux classes pendant l'absence de Rabbi Bekhor pendant qu’il sort pour effectuer son second métier. La tactique de Rabbi Khamous est simple : Il nous assemble nous racontant une histoire, une légende, un conte ou une aventure. Comme il a le don inné de conteur, il nous laisse en suspense retenant notre haleine pendant une heure.

L'après-midi  c'est Rabbi Khamous qui sort pour exercer sa profession secondaire, égorgeur de volailles et il est  sollicité de partout. C'est alors que Rabbi Isaac le remplace : il nomme  des surveillants parmi les anciens qui se font un plaisir de servir de moniteurs. On se plait si bien dans cet institutions, que la recréation de midi pour le repas et la sieste nous semblait trop longue.

Plus tard, ces deux rabbins se retirrent de l'instruction et laissent la place à Rabbi Albert. Ce dernier habillé d'un éternel manteau de mode écossaise, très voyant  avec ses couleurs vives rouge et noire, ce qui est chose rare dans les années fin 40, début 50.

Ses méthodes pédagogiques rappellent celles des instituteurs de l’époque, il est strict et sévère. Son bouc émissaire est  Lalou (Bismuth, je crois). Les coups étant permis dans le temps, çà n’étonne personne que son arme favorite est un mouchoir noué au bout et le nœud mes amis, celui qui le reçoit sur les fesses, ne demande pas son reste.  J’ai assisté à la punition extrême, la falouka, lors d’un voyage à Gabès : l'élève puni a les  deux chevilles liées ensemble et il reçoit des coups de baguette sur la plante des pieds, le nombre de coups variant  selon la gravité du délit. Mais je n’ai jamais vu ce châtiment effectué dans ma ville, Sfax.

J’ai droit d'être puni moi-même, pour la bonne raison que mon petit frère Simon tombe un jour du banc sur lequel il est assis. Pas de ma faute, il faut le dire, j’avais été envoyé antérieurement  appeler la mère d'un enfant turbulent.

Pas étonnant en somme que lassé des procédés pédagogiques du maître, je rate le cours du matin, un beau jour  (on disait à Sfax  :  chtrâter l'école, rater avec intention). Faisant l’école buissonnière je tourne toute la matinée, pour revenir à la maison à midi. De même l'après-midi et le lendemain, toute la journée.
Le soir du deuxième jour, je vois avec effroi le manteau bariolé du rabbin dans le quartier. Il s’arrête devant un étalage de fruits et légumes, ce qui me calme un peu.

Peu de temps après, Rabbi Albert fait son entrée chez nous. Je tremble de peur. Mais le rabbin ne fait aucune allusion à mon absence et je lui en suis gré. Il s'assoit, demande un café à maman, une cigarette à papa et il ouvre un livre et se met en devoir de me faire des répétitions.

- Miha, ton fils fait des grands progrès, depuis qu'il est chez moi. C'est un plaisir de l'instruire.

Des progrès, je murmure ? De quels progrès parle-t-il ? Sottises, oui. Depuis que Rabbi Isaac et Rabbi Khamous sont partis, mon assurance tombe à l’eau  perdu je commence à m'embrouiller et à bafouiller dans la lecture des Lettres Saintes. Maman qui trouve  la visite du Rabbin insolite et ne peut se faire sans raison plausible,  n'était pas sans raison demande tout à coup, et j'ai senti mon cœur défaillir :
- Mon fils était en classe ?
- Quand ? Aujourd'hui ou hier répond le sournois, par une question.
- Hier et aujourd'hui, replique maman. Les oreilles de papa se dressent, les miennes rougissent. J'aurai voulu que le sol se dérobe sous moi, disparaitre sous terre...
-- Je ne mentirai pas. Mais à condition que vous ne touchiez pas ce pauvre gosse répond-il :   Ni hier matin, ni hier après-midi, ni ce matin, ni...

Il pourrait me faire un rabais. Pourquoi insister sur les détails ? Je ne vous dirai pas la suite, je passe un mauvais quart d’heure et un peu plus même. Mais j’en tire une morale: si vous avez mal, si vous êtes au bout du rouleau, parlez-en avec papa ou maman, vous éviterez des conséquences sévères.   


Pourtant la chance sourit à Rabbi Albert. Quand sa fille aimée se marie, il lui achete comme cadeau de noce un dixième de la  loterie nationale. Et devinez qui gagnele dixième du gros lot ? Oui, la fille aînée du Rabbin. Ce rabbin doit être  un saint que le ciel rembourse.

Et quand la cadette du rabbin se marie trois ans plus tard, devinez ce qu'il lui offre comme cadeau de noces ? Vous donnez votre langue au chat ? Eh bien ! Elle  reçoit comme dote un dixième de la loterie nationale. Et vous savez qui  gagne le gros lot ? C'est... la cadette du rabbin.

Alors si quelqu'un me dira que Rabbi Albert n'a pas une ligne directe avec la chance, alors il aura tort.

Horizon


 


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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 11:07

 L’harissa du samedi


En ce temps-là l'harissa du samedi mijotait toute la nuit dans un vrai four de boulanger.


Cette année l’emploi du temps du Lycée des Garçons de Sfax, nous laisse libres les samedis matin. Maman me demande d’aller au four à la Kasbah, chercher l’harissa, la nôtre, celle de Shtour El Metlouïa et celle de Martine et Clément.


– Je viens avec toi s’écrie mon frangin Vivi. Je ne peux refuser à cause des pleurnichades qui s’ensuivraient. J’enfourche ma bicyclette, le bambin saute sur le porte-charge et nous voilà en route. Nous passons le marchand de glace, la station d’essence, l’école de Moulinville, l’ancienne gendarmerie, le passage à niveaux, le terrain de tennis. Là j’aime m’arrêter et regarder les jeunes filles manier la raquette, avec leur mini-jupe blanche, flottant au gré du déroulement de la partie !

 

– Vas-y galope me crie le diablotin. Tu zyeuteras une autre fois.

Je continue et tourne à droite, le long de l’enceinte de la ville, La Médina, passe Bab Ed Diwan et me voilà au four de la Kasbah.

 

Beaucoup de monde est là. Touchons du bois, que je ne les prenne pas d’un mauvais œil. Le " hatar ", employé au four spécialement pour recevoir et distribuer l’harissa tous les vendredis et samedis, appelle les clients et leur fournit à chacun sa cocotte. Bientôt, vient mon tour à trois reprises, une marmite pour nous, et deux autres pour nos amis. L’une des trois est plus légère que les autres, celle de Martine et Clément. Bah ! Ils ne sont que deux penses-je, leur marmite contient moins d’aliments. De plus ils font un régime de diète, c’est la raison pour laquelle elle ne pèse pas lourd.

 

– Tu parles seul me fait la remarque le petit frère. Dis plutôt qu’elle est brûlée.

– Je ne sais pas, j’espère que non. Telle est ma réponse. Du fond de mon cœur, je ne leur souhaite que du bien. Bref, nous voilà en route. Nous passons la gare, la compagnie de chemin de fer. A côté le monument du tribunal me regarde ironiquement. Du haut du premier étage, je suis tombé et cassé le fémur, en jouant les mousquetaires, lors de sa construction. Je détourne la tête.

 

http://tunecity.net/IMG/jpg/05_28_29_sfax_2005_052.jpgL'entrée de La Kasba, photo Joseph Tunecity

 

Arrivés chez Clément et Martine : le maître de céans ouvre la porte avec un large sourire. Derrière lui arrive son épouse Martine, coquette, toujours bien mise.

Entrez, prendre une orange. Eshtanaw, khoudou berdgana.


Sur ce, elle fait demi-tour, et se dirige, vers la cuisine, le long d’un couloir interminable. Derrière elle trottine Clément, après lui, moi-même, et finalement derrière moi le bambin et le chat de la maison. Vous voyez la scène, nous entrons par ordre de taille dévalant.

– Moi, je veux voir la petite chèvre, dans la cour attenante à la cuisine, demande Vivi. Mais un petit cri coupe son bavardage. C’est Martine, et elle demande à Clément s’il a ajouté de l’eau à la harissa, sitôt arrivé au four hier. Elle fait la remarque que les aliments au fond de la marmite sont brûlés. Aucune réponse ne vient de la part de Clément qui est complètement ahuri. Martine repose sa question, Clément reste sans voix. J’éprouve de la peine à le voir. Il est d’habitude légèrement plus petit que sa femme, seulement je vois qu’en ce moment la différence de tailles devient de plus en plus grande.


– Viens, nous partons, dis-je au petit, je sens le roussi, mettons les voiles à tribord.

– Mais je veux une orange me dit le gosse. Et je veux voir la petite chèvre.

Nous enfourchons la bicyclette et je pédale avec vélocité. A la maison, la table est mise. Nous faisons le kiddouch, Amotsi (la bénédiction du vin et du pain), et nous nous attablons. Les salades sont servies dans les petites assiettes : le terchi, les variantes (mssyar), la mag’mouma, les petits radis et les boulettes "caâber" sont en place d’honneur, l’harissa est appétissante avec la coucla, la ôsbana et l’œuf dur assaisonné de sel et de poivre avec une goutte de citron. Le vin rouge de Boukhobza coule dans les verres. Vivi ne veut pas manger, il demande une orange. De ma part je déclare vouloir manger des salades et des boulettes avec du pain maison.

 

http://tunecity.net/IMG/jpg/05_28_29_sfax_2005_138.jpgLa maison de Martine et Clément est délabrée après plus de 5 ans. Photo Joseph Tunecity


Il se passe quelque chose ? demande papa.

– Il arrive que j’aie perdu l’appétit, à cause de l’harissa brûlée de Clément et Martine. – Moi aussi, déclare le bambin. Les pauvres si vous auriez vu leurs têtes.

Juste à ce moment nos amis Clément et Martine apparaissent. Maman toujours pratique, nous jette un coup d’œil. Nous répondons oui, d’un clignement de paupières. Nous nous comprenons.

 

Clément et Martine se mettent à table, acceptant l’invitation maternelle. Ils sont joyeux, mes parents aussi. Martine comprenant les faits, m’invite à partager son plat.

– Non dis-je, je me contenterais d’une toute petite bouchée, bien petite, et avant qu’elle ne comprenne ce qui se passe, du bout de ma fourchette, je prends la ôsbana... Martine pousse un petit cri de squaw scalpée. Clément se retourne pour voir ce qui se passe, et sur le champ il perd lui aussi ce qu’a perdu sa femme, un moment auparavant : Vivi lui a chipé sa saucisse. Ses yeux s’arrondissent.


– Impolis, vous êtes impolis, dit maman,

– Vous serez punis ajoute papa.

– Mais non, dit Martine, avec un regard complice, c’est moi qui leur ai glissé dans l’oreille que nous n’aimons pas la ôsbana, pour les pousser à manger.

Nous étions reconnaissants à Martine pour l’aide gracieusement offerte, et elle nous sut gré de notre soi-disant manque d’appétit.

– J’ai mangé la meilleure harissa de mon existence dit-elle. Pendant des années nous avons toujours "chipé" un bon morceau des plats de Clément et de Martine, et ils nous refaisaient le coup. Que Dieu repose leurs âmes en paix. Leurs vrais noms sont cachés dans nos cœurs.


Source : http://tunecity.net/fr_art_l_harissa_du_samedi=758.html?recalcul=oui

 

 

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 11:02

A vous de jouer, les femmes tunisiennes

 

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Plusieurs centaines de femmes ont manifesté, ce  Mercredi 2 novembre 2011,  dans le centre de Tunis pour réclamer des garanties sur leurs droits après la victoire des islamistes à l'élection d'une assemblée constituante le 23 octobre. De nombreuses femmes en Tunisie considèrent que la victoire du parti Ennahda met en péril le maintien de leurs droits acquis depuis des décennies.

Le succès d’Ennahdha fait trembler les defenseures  des droits des femmes. Le parti tunisien vainqueur des premières législatives tunisiennes est accusé de vouloir modifier le mode de vie des Tunisiens. Grace à ce modèle de société propre aux Tunisiens les Tunisiennes disposent d'un statut juridique enviable dans le monde arabo-musulman. La loi en vigueur interdit la polygamie, la répudiation, permet l'avortement libre et donne droit au divorce judiciaire.

 

Bien que le parti a exprimé son soutien en faveur des droits de la femme et de l'égalité des droits civils entre sexes, le parti ne choisit de placer que deux femmes comme têtes de liste régionales, dont Souad Abderrahim, sur les 33 du parti candidates à l'assemblée constituante de 2011. Ghannouchi note que les femmes ne détenaient pas de facto de positions dirigeantes dans les gouvernements du président Zine el-Abidine Ben Ali et que c'est une « réalité » que peu de femmes sont aptes à les occuper

   

« Nous respecterons les droits de la femme sur la base du code de statut personnel et de l'égalité entre les Tunisiens quels que soient leur religion, leur sexe ou leur appartenance sociale », a ainsi affirmé lundi à l'AFP Nourreddine Bhiri, membre de la direction du parti islamiste. 

Un autre cadre de « l’intérieur », Hamadi Jebali, expliquait samedi sur une radio tunisienne que l’Ennahdha n’avait « pas l’intention d’imposer la charia, d’ailleurs ma fille n’est pas voilée et nous sommes attachés au pluralisme et aux acquis de la société tunisienne », poursuivait-il.

 

Radhia Nasraoui  et avocate et militante des droits de l’Homme s’inquiéte de cette montée des islamistes et les condamne comme une menace aux droits des femmes tunisiennes.

 

On peut aussi lire les cris d'alarme des féministes sur Facebook, le réseau social qui a joué un rôle important dans l'information sur le soulèvement populaire en Tunisie. La présidente du mouvement féministe français « Ni putes ni soumises (NPNS) », Sihem Habchi, a mis en garde contre ce qu'elle appelle la «tentation obscurantiste" en Tunisie. 

 

Les tunisiennes craignent une situation à l’iranienne. Parmi les principales peurs, il y a celles de la régression et de la détérioration de la situation de la femme. Ces sont les propositions des partis islamistes qui font peur, entre autres, sur des sujets qui concernent les femmes.

 

En plus, il n’y aura pas beaucoup de femmes dans la Constituante. La parité entre hommes et femmes n’a pas été respectée dans les têtes des listes. Peu de femmes y trouvent une place. Les tunisiens votent en effet pour les têtes de liste, et là  il y a plus d’hommes que de femmes.

A la veille du retour d'exil du leader mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, des milliers de Tunisiennes ont défilé  en janvier dernier dans le centre de Tunis à l'appel de l'Association des femmes démocrates (ATFD), dirigée par la juriste Sana Ben Achour.

 

"Démocratie bienvenue, discrimination dégage », « non à l'allégeance, non à l'exclusion, non à la marginalisation des femmes», "Tunisie liberté justice", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestantes auxquelles se sont joints de nombreux hommes.

Plusieurs dizaines de femmes tunisiennes ont manifesté cette semaine place de la Kasbah à Tunis pour réclamer l'égalité totale et la levée de certaines discriminations, en particulier en matière d’héritage.  Elles  insistent que les droits des femmes tunisiennes ne devraient pas   être remis en question

 

Lors d'une conférence de presse à Tunis, Rached Ghannouchi a indiqué le 28 octobre  2011 que le futur gouvernement intégrerait des femmes, « qu'elles portent ou non le voile ». Il a également annoncé qu'Ennahda n'avait pas l'intention de modifier le mode de vie des Tunisiens.

 

« Double discours », répondent ses opposants de la gauche laïque. Beaucoup ne croient toujours pas à la sincérité de ses propos. A leurs yeux, le parti islamiste désormais à la tête du pays pourrait commencer par insidieusement limiter l'accès des femmes au travail, sans passer par des lois mais en augmentant les allocations familiales pour les inciter à rester au foyer.

 

Merci à Ftouh Souhail, Tunis

 

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 09:51

Pour la jeunesse tunisienne

 OPINIONS

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Par Hédi Bouraoui 

 

 

2011-09-29

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Les conseils des « Sages » ne doivent pas nous faire oublier d’inclure l’apport de la jeunesse. Celle-ci devrait, encore une fois, être incluse dans toutes les instances légales, sociales, politiques… Cette participation jeunes hommes / femmes est absolument nécessaire. Ne représentent-ils pas l’avenir ? Et ne sommes-nous tous pas penchés sur le genre de vie libre, digne, juste, démocratique que nous voudrions leur forger ? Rien ne peut et ne doit être élaboré, socialement et nationalement parlant, sans ces forces vives des jeunes. Nous devons leur rendre les honneurs pour avoir pris le sort du pays entre les mains, aidés bien sûr par les aînés de toutes les couches sociales. Pas d’opposition de générations ! Mais préséance des jeunes ! Ceux-ci et celles-ci nous ont fait relever la tête, et débarrassé des chemins tortueux de la dictature et de la corruption, tout en nous ouvrant de nouvelles voix à la hauteur de nos espoirs. [Cliquer ici pour lire tout le texte]


Hédi Bouraoui 

 

Source : http://www.leaders.com.tn/article/pour-la-jeunesse-tunisienne?id=6466

 

http://www.leaders.com.tn/images/leaders_new.png

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 10:22

Djerba.



 

 

Nous quittons Matmata en direction de Djerba. Ma carte numérique est déjà pleine et j’ai du mal à la remplacer par une autre que j’ai en réserve. « Elle est falsifiée »,  me dira un photographe de Gabès deux jours plus tard.  Mes prochaines photos je les prends à l’aide de mon mobile, mais elles sont de moindre qualité.


Deux motocyclistes et une voiture de La Sécurité Intérieure nous précèdent. Je suis très ému, je ne m’attendais pas à cette escorte ministérielle. Mon cœur bat à grands coups. Notre bus est le seul autorisé à monter sur le bac pour la traversée de la mer jusqu’à l’île de Djerba. En Tunisie, le gouvernement tient à la réussite du pèlerinage de La Ghriba, prémices de la saison touristique. La Police fait tout pour que la Ziara soit couronnée de succès. Les policiers font signes et gestes pour que la route soit libre, à notre passage.


La Ghriba, Synagogue située  le village d’Er-Riadh, de son ancien nom Hara Shira. La Synagogue  la plus ancienne en Afrique, où se rassemble la communauté juive de Djerba. L’Ile du Sud qui abritait il y a des décennies de cela la plus grande communauté juive de Tunisie.  On se retrouve à la Ghriba ce soir, le 11 mai 2009 pour prier, faire des souhaits à notre chère famille et à nos amis.


La Ziara se déroule le 33e jour après Pâques, à Lag Bahomer. La tradition dit que naguère venaient à la Ghriba des jeunes gens des environs pour  chercher une compagne ou un compagnon.  


Sont là des pèlerins de tous les pays d’Europe, France, Allemagne, Grande-Bretagne, de Tunisie et d’Israël. J’ai rencontré aussi des Suédois et d’autres venus de Québec. J’y ai retrouvé un ami d’enfance.  Ceux qui font le plus d’ambiance sont des jeunes de Zarzis. Je suis à la recherche de mon ami Haï-Khamous Mazouz de Hara Kbira. Je le connais pour avoir lu ses articles sur la Paracha de la semaine dans son blog à Amit.   Je le retrouve de manière imprévue :

Voyant deux jeunes gens à travers la fenêtre ouverte, je leur demande s’ils sont du pays.

- Nous sommes de Zarzis, est leur réponse. 

- Je recherche un ami,  Haï-Khamous.

- Lequel ?

- Haï-Khamous Mazouz est son nom.

- Nous le connaissons. Voulez-vous lui transmettre un message ? Ah ! Tenez le voici.

C’est ainsi que je retrouve avec joie un ami que je n’avais jamais vu ni connu auparavant.  Sitôt nous faisons l’accolade comme deux vielles connaissances.


Le lendemain je pose les phylactères sur mon bras gauche et mon front, pour une prière. C’est à ce moment que je retrouve Max Chelly mon voisin de Moulinville. Rencontre très émouvante, après 53 ans.


Une belle ambiance, des chanteurs dont Moshé Guöat d'Israël, une kermesse, de la boukha qui coule à flots et de la boutargue qui est mangée avec plaisir.


Le pèlerinage débute avec la procession suivant la Ménorah à sa sortie de la Synagogue, décorée de foulards noués et suivie des souhaits et espoirs émis par les pèlerins pour la santé, la prospérité et l’enfantement. Elle est accompagnée des hululements des femmes et des chants. La Ziara se termine avec l’entrée de la Ménorah à La Ghriba. L’heureux élu qui a le privilège de l’introduire aura acheté cette Mitzva aux enchères.  La Ghriba, le 11 et 12 mai 2009.













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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 11:18

La révolution du Jasmin :


Si c'est le printemps tunisien, quelle forme prendra  son hiver ?

 

http://www.jforum.fr/local/cache-vignettes/L200xH134/arton7667-1358f.jpgAlors que la communauté juive de Tunisie essaie de vivre ou de survivre comme elle peut notamment à Djerba, la chute des institutions et la mise en place du nouveau pouvoir se fait dans l’improvisation et l’amateurisme. Les nouveaux responsables locaux n’ont aucune expérience, et aucune efficacité, laissant le champ libre à des bandes de voyous qui commettent en toute impunité des agressions sans craindre la réaction des forces de l’ordre.


C’est dans ce contexte que lundi soir, 4 juillet 2011, et alors que la Communauté juive de Djerba célébrait un mariage qui comme de coutume est célébré sept jours durant, dans une structure en plein air, a vu arriver une bande de jeunes demandant à boire et à manger. L’habitude est de les loger dans un coin à l’écart des convives et de leur offrir quelques victuailles, afin de se montrer hospitalier, sans que jamais cela ne dérape outre mesure.


Cette foi-ci ce ne fut pas le cas, puisque les choses ont dégénéré de manière violente, quand les exigences de cette bande de voyous se sont traduites par un saccage des locaux et des agressions physiques. Les voisins arabes ont bien réagi en prêtant main-forte aux membres de la communauté.


Mais le lendemain, alors que l’on procédait à une autre soirée, la même bande est revenue encore plus nombreuse, pour perturber la soirée, sans qu’à aucun moment les forces de l’ordre locales n’interviennent. Quant au gouverneur des lieux, il s’est montré défaillant à tous les niveaux par son manque d’expérience, et son incapacité à gérer la situation. Dépourvue de la moindre autorité, sur ses troupes, il n’a pu ou voulu à rétablir l’ordre, laissant la communauté juive à la merci de ces voyous de service, et n’a pu qu’arguer d’un manque de moyens. Par contre, les policiers locaux loin d’intervenir, contre les agresseurs, ont montré plus que de la compréhension à leur égard voire une certaine sympathie en les encourageant.

 

Le Grand Rabbin de Tunisie Rabbi Haïm Bittan alerté par la situation a demandé en urgence une audience au nouveau président de la République tunisienne Foued Mebazaa mercredi 6 juillet pour qu’il intervienne au plus vite. Le Président a envoyé la troupe remettre de l’ordre au quartier juif.

 

http://www.jforum.fr/local/cache-vignettes/L500xH493/manifestation_antisemite-9cfb4.jpg

 

Cet incident resté inaperçu, tant on sait nous amuser avec les pirates d’eau douce en partance pour Gaza, montre à quel point les choses sont instables en Tunisie. Si les Tunisiens sont les victimes d’une gouvernance dont ils se sont accommodés jusqu’alors, il convient d’être plus vigilants pour les juifs tunisiens qui sont des victimes du même désordre social et économique et victimes privilégiées en période de troubles. Leur demande d’immigration doit être prise avec plus de sérieux, et des visas devraient leur être accordés leur permettant un prompt rapatriement avant que d’autres incidents plus graves n’interviennent.

 

C’est sur des actions pareilles que ceux qui dirigent la Communauté juive de France devraient s’atteler quit à délaisser un peu les représentations de toute nature.

La Tunisie connaît aujourd’hui l’émergence d’un courant islamiste radical, au travers du parti d’Ennahda, celui-ci comme d’autres, libère une parole antisémite, et les communiqués contradictoires paru la semaine dernière quant à l’interdiction de tout lien avec Israël en disent long.


Nombre de mosquées sont maintenant régies par des imams intégristes au détriment d’imams « traditionalistes », et la synagogue de Tunis, qui avant la « Révolution » ne connaissait aucune menace, se trouve, aujourd’hui plus ou moins protégée par une clôture en barbelés.

Entre les intégristes et les progressistes l’alliance de l’antisionisme risque de troubler ce qui reste de vie juive en Tunisie.

 

Il a été demandé aux dirigeants de la communauté juive de ne pas ébruiter cet incident, pour que le nouveau pouvoir ne soit pas taxé d’antisémitisme. Cet engagement contre l’assurance d’une réelle sécurité a été pris par les dirigeants, mais faut-il taire ce type d’agissement et nous faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes, pour qu’une fois de plus on s’aperçoive tardivement des choses.


De notre point de vu il faut être vigilant, et ne rien laisser passer, sans réagir. L’histoire nous a montré à bien des reprises que les concessions de cette nature se paient souvent très cher. Quant au « Printemps Arabe », sur lequel nos intellectuels aiment gloser pour nous vanter les mérites d’une société qui s’éveille, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et beaucoup de preuves à fournir quant à son réel contenu démocratique.

 

M. COHEN S. JForum.fr :  http://www.jforum.fr/forum/international/article/tunisie-encore-une-nouvelle

 

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 19:51



Tunisie: des islamistes  radicaux tentent d'empêcher la projection d'un film intitulé « Ni Allah, ni maître  ».

 
120px-SidiBou_port.jpg 

Le désordre et le chaos sse sont installés en Tunisie. Les Tunisiens vivent  depuis la Révolution du  14 janvier une série d’incidents tout aussi graves les uns que les autres. La liste de ces incidents n’est pas hélas exhaustive.

 

Une cinquantaine d'islamistes ont tenté  ce dimanche,  26 juin 2011,  d'empêcher par la force la projection à Tunis d'un film de la cinéaste franco-tunisienne Nadia El Fani, intitulé « Ni Allah, ni maître » qui parle de la place de la laïcité en Tunisie.

 

Des manifestants, alliés au mouvement islamiste d’Ennahdha, ont scandé des slogans proclamant: « La Tunisie est un État islamique » ou « le peuple veut criminaliser la laïcité », avant de briser les portes en verre de la salle de cinéma AfricArt en plein centre de Tunis et de pénétrer à l'intérieur.

 

Le directeur de la salle Habib Belhedi a dit avoir été agressé «par deux barbus » qui l'ont saisi et lui ont aspergé le visage du contenu d'une bombe lacrymogène.

Des témoins ont rapporté que des hommes armés avec de barres de fer et de bâtons  ont fait irruption dans la salle. La  police tunisienne, qui  leur a laissé la  chance  d’envahir le lieu   n’a fait aucune interpellation.

 

Heureusement que la cinéaste n’était pas présente. Elle a dû rester en France,  officiellement pour « des raisons médicales ».

«Nous ne voulions pas que la Tunisie soit un pays laïque » a crié un militant islamiste, au milieu de la salle du cinéma.  

 

Depuis quelques semaines, les abus d’éléments - se présentant comme  mouvements islamistes, qu’il s’agisse d’Ennahdha ou du Hizb Ettahrir, à l’idéologie plus radicale -, se multiplient et prennent des formes diverses, qui vont d'agressions verbales en direction des femmes, aux rituels de prière en pleine rue, jusqu’aux agressions physiques à l’encontre de leurs adversaires politiques et à l’occupation tapageuse des espaces publics.

 

Les accusations d'implication du parti  islamique d’Ennahdha dans les récentes agressions de citoyens, au nom de la religion et de l'application de la Charia islamique se sont multipliés.


Le silence des dirigeants des partis islamistes, et notamment ceux d’Ennahdha, face à ces dépassements qui deviennent insupportables, et surtout leur peu d’empressement à les dénoncer de manière claire et sans ambiguïté. La manque d'autorité des leaders tunisiens  ont poussé la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) a monter au créneau pour dénoncer dans un communiqué publié en avril dernier : les «agressions répétées» mettant en cause les croyances et les opinions des personnes et des groupes «en adoptant un discours religieux».


Même si l’organisation de défense des droits de l’homme s’est gardée de nommer les partis dont des éléments incontrôlables sont les auteurs de ces «agressions»,  il ne fait aucun doute que ce sont les formations islamistes qui sont ciblées.


Pour avoir osé travailler sur la question laïque et titré son film « Ni Allah ni maitre », l’artiste  franco-tunisienne Nadia El Fani est devenue la cible de milliers d’obscurantistes qui en appellent sur le web à l’agression physique, voire au meurtre. Une  Quinzaine des réalisateurs ont rendu  hommage aujourd’hui à son courage.


Son film « Ni Allah ni maitre » qui a été  projeté à Cannes le 18 mai dernier  lui vaut une campagne d’insultes et d’intimidations dans son pays. La liberté de conscience est devenue   interdite en Tunisie depuis la Révolution du 14 janvier. La cinéaste tunisienne Nadia El Fani découvre, comme le reste des Tunisiens, la confiscation progressive de la libre parole et de  l'opinion dans  ce contexte post-révolutionnaire.


Les islamistes reprennent et diffusent   impunément aujourd’hui sur Internet de caricatures et d’insultes sur  cette courageuse cinéaste franco-tunisienne.

 « Qu’il y ait des milliers de crachats sur elle ! » tapent frénétiquement les fanatiques qui déforment sa photo et la figurent en diable, en singe, en porc, en cadavre ou le crâne explosé.

 

La réalisatrice franco-tunisienne  a déjà eu l’occasion de défrayer la chronique en Tunisie.


En mai dernier, Nadia El Fani  a déjà provoqué une polémique sans précédent en déclarant publiquement son athéisme sur la chaine  privé « Hannibal TV », au cours de l’émission «Zoom ala thaqafa».


Son interviw  sur la chaine « Hannibal TV » a mis le feu aux poudres. Cédant à la panique et à la pression  des islamistes comme si l’intégrisme était roi, Hannibal TV, lâchement, diffuse dans ses programmes un bandeau où la chaine « se désolidarise des propos tenus contre l’Islam par Nadia El Fani ». La journaliste qui a réalisé l’interview de la cinéaste est tout simplement  licenciée !


Mais le plus douloureux, explique Nadia, « c’est le silence des partis politiques de gauche » alors même qu’ils se proclament les défenseurs de la jeune démocratie tunisienne. Un autre cinéaste, Nouri Bouzid, a déjà été victime d’agressions. Le chanteur de rap « Psyco.M », qui clame sa sympathie pour le mouvement islamiste Ennahda, hurle dans un de ses textes « Attaquons Nouri Bouzid à la kalachnikov ! »....


Le cas de la cinéaste Nadia El Fani  devient ainsi un embléme. Non seulement  la  Tunisie  est  menacé  par des obscurantistes, mais aussi il y ’a une banalisation de  la violence  islamique après la révolution du 14 janvier 2011. 

  ni-allah-ni-maitre.jpg

 

Des hommes et des femmes libres penseurs, sont aujourd’hui obligés de faire profil bas. La prolifération de l’intégrisme islamique inquiète surtout le monde de la culture.

 

Quelques heures à peine après l’attaque de  salle de cinéma l’AfricArt, Zied Daoulatli, membre du bureau exécutif du parti  islamiste d’Ennahdha a déclaré sur les colonnes du site  Kapitalis, «Nous condamnons fermement cette violence et nous allons publier un communiqué en ce sens».

 

Plus grave encore. Dans le même journal électronique, le dirigeant d’Ennahdha a précisé : «Nous avons des informations selon lesquelles des groupes d’extrémistes, dont beaucoup portent la barbe, préparent des actions comme celles d’aujourd’hui pendant l’été et durant Ramadan».

 

La tendance dessinée est sombre, très sombre en Tunisie post-révolutionnaire. Le pire reste  donc encore à venir !

 

Merci à nos amis de Tunis 

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 16:53

Tunisie 2009-2011

 

Lors de mon voyage en Tunisie en mai 2009, j’ai eu l’occasion de visiter des sites, des lieux de cultes Juifs,  dans les villes différentes. J’ai été ému en constatant l’entretien permanent de la Synagogue de Tunis, Avenue de Paris et de la Ghriba, cet aimant attirant les touristes des diverses communautés de La Diaspora

Le site d’El Hamma  abritant la tombe de Saïd Yossef El Maarabi de même.

 

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El Hamma et autres lieux de culte…

Que de souvenirs de pèlerinages avec mes parents, mes oncles, mes cousins et cousines.

Dans ce lieu saint des soldats allemands ont essayé de détruire le tombeau du Saint. Le tank roulant sur ses chenilles implacables en direction de la sépulture  du Saïd s’est arrêté, bloqué et tous les efforts des mécaniciens, techniciens et ingénieurs de le remettre en marche n’ont pas réussi. Le Saïd a vaincu l’armée allemande.   

J’ai été donc étonné de recevoir un mail de Mansour, habitant Gabès, me disant il y a quelques mois que la Synagogue d'El Hamma  a été incendiée par des barbares, quand la police était à cent mètres. Affreuse déception et très mauvaise nouvelle. Je sais que le Saïd El Maarabi est vénéré des citoyens tunisiens musulmans.  

Ce fait de vandalisme a été nié par l’agence de presse officielle TAP.

 

A Sfax...

Dans la rue allant des escaliers de Borj En Nar à Bab Ed Diwan se trouve la synagogue « Slat Ejdaâ » dans la médina à Sfax. C’est une petite synagogue entretenue jusqu’à ce jour par les musulmans du voisinage. Ils y allument les chandelles toutes les semaines et la maintiennent en bon état, propre et coquette. Un bon point pour les musulmans de La Médina de Sfax.                                

 

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La Synagogue  de Gabès, dans une rue parallèle au Boulevard Fallières à Bab El Bhar est plus ou moins en bonne état, mais les livres saints et les tabernacles font peine à voir. Celle de Gafsa n’est plus qu’un bâtiment vide, l’Aron Hakodesh où se trouvaient les Sépharim est muré. Rien à voir à part des murs lamentables.


La Synagogue Beith-El…

 Ce bel édifice sur l’Avenue de Picville est un vrai complexe comprenant une école de l’Alliance Israélite, la maison du bedeau, le légendaire Soussou Bouhnik, une salle de conférences et la Synagogue.

Dans la Salle de conférences ont été eu lieu bien de colloques et d’exposés. Les Sfaxiens sont des personnes cultivées. Mme. Saada présentait fréquemment des thèses sur la psychologie, là ou ailleurs.

Dans les salles de classe, nous venions apprendre l’hébreu. Cette langue a lentement cessé d’être étrangère et je la parlais déjà en arrivant en Israël.

La salle de conférence et la Synagogue, deux grandes pièces contiguës étaient séparées par un rideau accordéon en bois verni de cinq mètres de haut. Ainsi les jours de fêtes, les deux salles n’en faisaient qu’une et l’on pouvait recevoir aisément le grand public des fidèles.

 

http://tunecity.net/IMG/jpg/Beith-El_3.jpg


Notre ami Claude Kayat a parlé longuement de ce lieu de culte dans son livre « La Synagogue de Sfax ». Déjà dans les années 60 du siècle dernier et même avant, après la sortie des Juifs de Tunisie, le Temple subissait des actes de vandalisme du côté de jeunes écervelés qui saisissaient pas encore que la Déclaration de l’Indépendance de la Tunisie ne coïncidait pas avec l’effraction des lieux saints des autres confessions.

Carreaux brisés, portes forcées, livres et parchemins déchirés, excréments d’animaux, c’est qu’ont trouvé sur place nos amis touristes ex-Sfaxiens.

Des personnes de bien prennent en main l’initiative de restaurer la Synagogue Beith-El. D’autres familles sont incitées à faire une remonte dans la Synagogue Edmond Azria, Rue Philippe Thomas. Les voici donc à l’œuvre. Des longs mois de labeur et les travaux avancent et aboutissent à un miracle : les synagogues sont remises à neuf.

Ce matin m’écrit Mustapha de Sfax que les carreaux de la grande Synagogue Beith El ont été brisés par des fripons sans scrupules.  

 

A Tunis...

Que se passe-t-il en Tunisie ? Une grande manifestation anti-juive devant la Grande Synagoggue Avenue de Paris, a été niée par la presse locale. Restent les bandes vidéos dans les médias, mais on dément quand même les faits. 

 

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Pourtant...

 Les Juifs et les Musulmans de Tunisie s’accordaient bien. D’une manière générale, les Juifs et les Musulmans ont été alliés durant des siècles en Afrique du Nord, en Espagne et ailleurs. Les lieux saints ont toujours été respectés des deux côtés.

Alors pourquoi cet entêtement islamique de voir dans les Juifs des ennemis ?

Alors pourquoi en allant me recueillir au cimetière de Sfax j’apprends que le cimetière a été transféré. Là où reposaient mes grands-parents s’élèvent des immeubles et ont été installés  des parkings de voitures.

Décidant de retrouver mes ancêtres je décide de retourner illico en Tunisie. Les agences de voyages m’annoncent que le  peu de commandes les voit dans l’obligation d’annuler les  parcours en Tunisie. De ce point de vue je me demande si le pèlerinage à La Ghriba aura lieu cette année.

Ce matin Ali de Hara-Kbira m’annonce que dorénavant les écriteaux en langue hébraïque à La Ghriba sont supprimés de même que les services de sécurité autour des lieux de culte sont annulés. Le nouveau gouvernement tunisien ne tient plus les rênes en mains.

 

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La révolution du Jasmin... 

Je me souviens des Tunisiens comme étant des personnes sereines et pleines de bonnes manières, des gens cultivées. La philosophie juive et musulmane allant de pair, que se passe-t-il donc qui remet les choses en  cause et détruit cette entente historique entre les Tunisiens Musulmans et les Tunisiens Juifs ?

Ces nouvelles me chagrinent, ce n’est pas ce que j’attendais de la révolution du jasmin.  

 

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