Le BILLET XXII
Par Albert SIMEONI
Paris le 8/3/2005.
Tous les évènements narrés dans cette nouvelle sont imaginaires et ne peuvent constituer un plagiat d’aucune œuvre connue.
Le dimanche arrive. Toute la famille est sur pied, dés les premières heures de la matinée. Le soleil est de la partie. Un matin serein, estivale.
Comme convenu, le chauffeur de l’avant avant veille, bien matinal, est debout, son béret tenu entre les mains, devant M. Pierre.
La famille Elie Leïbovici est fin prête. Les enfants sont habillés sobrement.
Aurèlie a préparé, à leur attention, des pains bagnat rempli de morceaux de thon accompagnés d’œufs durs coupés en deux, le tout encastré entres ces deux mies avec des feuilles de laitues qui chapeautent les condiments et des bouteilles d’eau ; quelques pommes et des pâtisseries tels que des Latkess, des schtroudels et des kirelérhs de la veille, {je remercie mon ami Suggest’ de m’avoir soufflé ces noms de gâteaux) , tous bien enveloppés dans des sacs en papier kraft.
Mr Elie se fend en remerciements tandis qu’Olga prend Adèle dans ses bras sans oublier Aurèlie.
Une tristesse infinie accompagne leurs derniers saluts mais pas une larme n’est versée.
La famille Leïbovici et Pierre s’engouffrent dans le bus scolaire conduit par le chauffeur pressenti pour une partie du voyage. Des écoliers sont dans la grande cabine à chanter et à s’amuser. La famille Leïbovici prend place à l’arrière du véhicule suivi en cela par Pierre.
Durant leur court trajet dans la capitale, ils croisent des camions remplis de soldats allemands qui roulent à vive allure sur les boulevards . Les camelots et autres marchands ambulants voient ces transporteurs de troupes avec mépris et haine. Pas un regard ne leur est adressé. Une atmosphère d’enterrement.
Ils sont depuis deux bonnes heures sur la route. Paris est à 150 km derrière eux. Tout se passe sans incident majeur. Et toujours ces convois de soldats qu’ils croisent sur les routes départementales. Le chauffeur par prudence emprunte des sentiers de fortune, en rase campagne, évitant ainsi les grands axes routiers. Des villages ensommeillés sont traversés en début d’après midi.
Lors d’un contrôle de routine, en cours de route par les gendarmes, la famille se montre pleine de courage et surtout discrète. La seule présentation de leurs laisses passée, frappés de l’aigle du Reich ainsi que tous ses enfants bruyants, chantonnant, leur ouvre les barrages sans aucune autre forme d’interrogation, trop poussée.
En fin d’après midi, ils arrivent du côté de Lyon. Un second chauffeur remplace le premier.
Quelques heures plus tard, enfin, ils arrivent dans les faubourgs de Chambéry vers les 22 heures. Les enfants de Mr Elie sont endormis sur les genoux de leur parent. Le chauffeur attend quelques instants. Le temps de faire un besoin. Les autres enfants sont descendus depuis fort longtemps pour une autre destination.
La famille d’Elie et Pierre se retrouvent donc seule dans le vaste car.
Le chauffeur engrange sa première et démarre. Sous un lâché de gaz carbonique.
Une heure plus tard, la ville de Chambéry est annoncée par un grand panonceau.
Pierre est arrivé à destination. Il est 23 heures. Il reste encore un moment à discuter avec Mr Elie. Puis, il se lève, prend possession de son sac à main. Il salue chaleureusement toute la famille en leur souhaitant bonne chance et bonne continuation..
-‘…Ne vous inquiétez surtout pas, ceux qui vont vous conduire de l’autre côté sont des patriotes de confiance… ! Vous arriverez avec la grâce de D ieu à bon port. Ils vous restent encore entre deux ou trois heures de temps avant de franchir la frontière… ! Le chauffeur vous indiquera la marche à suivre… ! Il connaît son répertoire par cœur… !’
-‘…Salut André… !’ Dit il à l’adresse du conducteur…’..Et surtout soit vigilant… !’
-‘…T’inquiètes pas….Pierre… ! Je n’ai jamais raté une mission… !’
A suivre…
Albert SIMEONI
Paris le 8/3/2005.