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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 13:14


Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI  GUET 19°


Retour au bureau. Pour la délivrance de la carte de séjour et la signature du contrat d’embauche.

‘...Voilà, le contrat d’embauche, tu n’as qu’à signer ici, tout en bas, tu vois, là où j’ai fais une croix... !’

Clément voit mal, sa vue double toutes les clauses. Il se saisit du stylo et commence à signer. Il signe.
Il ne s’aperçoit pas qu’il signe entre autre une autorisation qui permet à son ex-femme de retrouver sa liberté, le fameux GUET. Pris dans les vapeurs de la boisson, ses yeux embués par cette dernière, il ne remarque rien sauf qu’il ajoute tout en riant....

‘...Zut, je n’ai jamais signé autant de documents dans ma viIIIIe... !’

Il paraphe même la table en verre sans s’en rendre compte. Deyekh (étourdi).

A vrai dire, il n’en a jamais signé de contrats, pas même de dettes. Sauf un contrat de mariage qui a rapidement tourné à la déconfiture. Par sa faute.




Monsieur Camus, range tous les documents et lui annonce qu’il vient de se rendre compte que sa secrétaire a oublié d’inclure lors de la rédaction du contrat, une cause essentielle.
Il reviendra pour cela.
Il lui remet cependant le fameux titre de séjour, tant attendu, qui lui permet d’aller et de venir sans être inquiété dans toute la France, pendant six mois.

‘...Mon chauffeur va te raccompagner, tu n’es pas en état de prendre le métro ni de marcher convenablement... !’ Il est presque assoupi lorsque le dit chauffeur, le soulève et le conduit à Belleville.

Clément rentre au bar complètement émèché, titubant vers les 18 heures sous les yeux de sa maîtresse lasse et fatiguée, qui a prit l’habitude de le voir ainsi.
Il monte au premier étage et s’affale sur le lit, sans prendre la précaution de se déshabiller.

A Suivre...

PS
A lire bientôt sur ce blog,  le livre de mon ami David Elmoznino : Palais et jardins. 
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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 19:14
Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI  GUET 18°


‘...J’ai reçu ton titre de séjour de six mois, Clément et sans perdre de temps, j’ai aussi préparé ton contrat d’embauche.... !Comme cela tu es tranquille... !’

Clément heureux comme Job, jubile, il manifeste sa joie. Il ne tient pas en place.



‘...Viens, je t’invite à prendre un verre, histoire de sabler à la tunisienne le coup... !’ L’invite le directeur.

Clément encore plus heureux qu’un JOB, accepte et voilà le directeur et son futur employé, remonter la rue du Sentier pour s’attabler chez Jules de Tunis.
Une belle gargote qui cuisine de la bonne restauration juive mais tunisienne.



Ils prennent place au fond de la salle.
Clément commande un whisky.
Camus un demi de boukha.
La ‘fequia’ ( un ensemble de petits plats composés de toutes sortes de salades crues coupées en portions, menues hachées et parfois cuites, souvent assaisonnées par des épices variées, petites lamelles de boutargue, condiments, harissa etc...) afflue.



Le verre est devenu, des verres, et a prit la forme une heure plus tard, d’un déjeuner.
Grillades à feu de bois et grand kif.

Clément toujours aux anges boit alors que Monsieur Camus se retient.
Toute la Boukha abreuve les artères de notre Clément au point que ce dernier semble bien bu. Mais notre homme se tient bien comme un RAJEL. Un vrai monsieur.
Bien arrosé, même inondé de bon alcool, le déjeuner se termine, deux heures plus tard.
La carte de séjour de notre heureux a bien été honorée. Comme il se doit.
Clément se lève mais semble perdre l’équilibre. Monsieur Camus l’aide à ne pas glisser sur la neige.


‘...Non, non, Monsieur Camus, j’en ai vu d’autres et jamais je ne me suis enivré... ! Je suis un homme MoiIIIII qui sait boire... ! Sans jamais trébucher... !’

Il a failli trébucher trois fois au cours du trajet si ce n’est l’aide de Monsieur Camus.

A Suivre...

 

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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 15:21
Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI

GUET  17°

Le père Camus réfléchit à cette situation pendant quelques minutes et projette un plan pour coincer ce ‘malfrat du jeu’. L’ignoble personnage.

Entre temps, chez les GUETTA, la nouvelle connue tombe comme un coup de tonnerre dans une atmosphère grise. Le vil gendre est à présent repéré. Raymond en parle à sa femme sans en parler à sa fille. Il pense, un instant voyager à Paris pour forcer le gendre de remettre le GUET à sa fille. Sa femme l’en dissuade car elle devine que son ancien élève du Kettab, Monsieur Camus, a compris la situation et qu’il faut le laisser faire. Sa venue à Paris ne ferait que compliquer les choses alors que notre homme d’affaires concocte un plan pour soutirer des griffes de ce ‘vicieux des cartes et violent époux’ le fameux document en question sans trop de difficultés.


Clément, chez sa maîtresse a retrouvé le sourire.
Il voit son avenir s’embellir et surtout il veut échapper à l’emprise de sa maîtresse qui lui dicte presque tout. Il ne peut qu’obéir sinon, la porte et la valise. Donc la rue et adieu l’argent de poche, les apéros, le gîte et tout et tout. Mais l’homme réfléchit cependant. Il battit des châteaux en Espagne.

Il se dit qu’après tout pourquoi ne pas travailler comme barman chez sa concubine qui souffre énormément des jambes et qui, comble de chance, est cardiaque. Il réalise soudain que cela peut être à sa portée. Avec le temps, peut être se dit t’il, que la vieille dame de 60 ans lui laissera son fond de commerce. Après tout, cela est réalisable.
Il n’y avait pas songé auparavant mais là, il trouve qu’il peut rater une belle chance.



Il veut bien commencer chez ce Camus, juste pour obtenir sa carte de séjour, ensuite il prendra la poudre d’escampette.
Il reçoit qqs jours plus tard, une convocation de chez Madame Navarro, lui enjoignant l’ordre de se présenter expressément dans son bureau. Clément part sur le champ retirer sa carte de séjour provisoire. Il ne pense qu’à cela depuis un mois et demi.
Il est sur place. Il est reçu par la bonne dame. Elle lui apprend que sa carte de séjour provisoire a été remise à Monsieur Camus, garant de son embauche.
Il remercie chaleureusement Madame Navarro et sans perdre de temps, file daredare chez son futur patron, qui le reçoit avec le sourire.

A Suivre...

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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 23:58

Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI

GUET
16°.


Madame Klein, la secrétaire lui demande de revenir dans deux mois.
Elle lui délivre cependant un récépissé attestant que ce monsieur a bien déposé un dossier à la Préfecture pour régularisation en cours de sa situation par l’entremise de la communauté.
En cas de contrôle imprévu de la police.

Il sera avisé par le commissariat de son quartier par lettre recommandée dans un délai de 45 jours dés l’arrivée des documents.

L’administration interne juive de Paris tatillonne, demande quelques renseignements supplémentaires à son homologue, le Consistoire du Culte Provisoire Israélite de Tunis. Rue Glatigny.



Quelques jours plus tard, un rapport de synthèse aussi sombre qu’un ciel nuageux, arrive sur la table de Madame Klein. Bien qu’un rapport soit déjà parvenu, il y a un mois, et qui dort dans leurs tiroirs sans avoir jamais été consulté au vu du nombre de dossiers en instance, cette fameuse chemise confidentielle est restée ignorée dans les cartons par le secrétariat.

Madame Klein remet ce second document à Madame Navarro qui apprend les déboires du Clément et surtout la non délivrance du GUET. Suit des conclusions qui ne sont pas très élogieuses sur le triste sire. Elle compose sur le champ, le numéro de Monsieur Camus et lui fait part des avatars de ce monsieur qui ne parait pas tout blanc. A première vue.
Le directeur prend note de toutes ces informations et décide, pour en avoir le cœur net, de faire son enquête personnelle.

Sans perdre une seconde, il téléphone à son ami le rabbin Raymond de La Goulette qu’il a connu à Sfax. Dans son jeune âge, alors que ce dernier habitait le quartier BAB DIWEN. Durant 5 ans. Avant de venir s’installer définitivement dans la célèbre cité balnéaire à l’age de 35 ans. C’est le rabbin Raymond qui l’avait circoncis et poser ses tefs à sa bar mitsva.



Ce que le patron apprend en quelques minutes de chez son ancien rabbin lui donne froid au dos. Quinze minutes plus tard, rassasie par ce qu’il a entendu, il raccroche en souhaitant du courage à son ancien prédicateur.

A Suivre...
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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 16:34
Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI

GUET

15°.

Clément Ayoun est présenté par ci devant Monsieur Camus.
Nos deux compères rentrent dans le bureau du boss.
Clément parle de ce qu’il faisait comme boulot à Tunis.
Responsable d’imprimerie. Son mensonge a baissé d’un cran, il préfère la modestie.
Il n’est plus directeur mais Responsable. Ca passe mieux se dit t’il dans sa tête.

 

 


‘...Je vous propose dans ce cas, de seconder dans un premier temps Claude, histoire de vous mettre dans le bain des étoffes. (Déjà qu’il est dans la soie pure) Vous apprendrez vite. Et puis selon vos progrès je vous donnerais un poste à Aubervilliers, dans le grand atelier de confection... !’


‘...Merci Monsieur, je suis fier de la confiance que vous mettez en moi... !’ Anone Clément qui voit ses espérances prendre un nouvel élan.
‘...Vous viendrez signer votre contrat dés que vous aurez vos papiers. Par contre, je vais vous fournir un document, une promesse d’embauche afin que vous puissiez commencer les démarches administratives pour l’obtention de votre titre provisoire de séjour, vous irez chez Madame Navarro. C’est une bonne amie. Elle fera le nécessaire pour cela... !’

Solidarité juive oblige.

Une heure plus tard, Clément et Claude sortent boire un café.
Le précieux document en poche, et après avoir embrassé son ami, ils se quittent.

 

 

Sans perdre de son précieux temps, Clément prend rendez vous le lendemain, chez la secrétaire de Madame Navarro, qui lui fournit une liste complète de documents à fournir et à rapporter dans un délai de trois jours.

Trois jours passent et notre homme remet les informations en question.
Photos d’identités, passeport, certificat de naissance avec mention du mariage et du divorce, carte d’identité, bulletin n°1, domicile d’hébergement chez Madame Fernande sa maîtresse, qu’il présente comme étant une parente avec une consonance pas très juive.

Il dira qu’elle est mariée avec un catholique pour appuyer son mensonge, bref toutes les pièces demandées en photocopies. Plus la promesse d’embauche, plus une attestation sur l’honneur. Quel honneur... ?

A Suivre.

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 11:46
Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI

GUET


14°

Un mois, plus tard, Madame Fernande LEROUX 55 ans, veuve sans enfants, le collectionne comme amant. Une aubaine pour la vieille décrépie. Une chance pour Clément qui emménage chez elle. Le voilà gigolo. Un autre métier pas trop éreintant qui rapporte le gîte et le couvert gratuitement.
Le jeu lui manque. Il s’essaye dans les jeux à la sauvette de trottoir, ‘bayda hamra’( noire rouge) du coté de Belleville, vous savez à ces entourloupettes bien adroites qui vous font croire que le pion rouge est sous cette tasse alors qu’il est dans le second ou le troisième couvercle retourné.



Là aussi, malin comme il est, il devine et s’en sort bien souvent en raflant quelques mises, 30 40 ou 50 francs, jusqu’au jour où, repéré par les chefs clandestins des jeux sur rue, il reçoit une raclée sous un porche à hauteur du 120 Bd de Belleville, sous les regards curieux des passants qui n’interviennent pas dans ce genre d’altercations. Il reçoit aussi l’ordre de ne plus approcher les ‘salons des boites à cartons ayant pignon sur rue’ et qui s’envolent lorsque la maréchaussée pointe son képi. Il les trouve ingrats et de mauvaise foi. Oui, il a raison.

A la Goulette, la fuite de Clément n’est pas passée inaperçue.
On ne tarde pas à savoir qu’il est à Paris.
Les relations du rabbin et du patron d'Hélène se mettent en route.
La communauté de Tunis informe celle de Paris des déconvenues de Monsieur Ayoun Clément avec comme inscription à son PRIVILEGE, non fourniture de Guet pour mauvaise foi. Son dossier atterrit en mains propres sur le bureau du Président du Consistoire de Paris qui enregistre le fond et la forme.



Lors d’un apéro, dans le bar de sa concubine, il tombe par hasard, sur un ancien goulettois qui travaille dans le Sentier. Il lui offre quelques tournées de spiritueux ce premier profite des largesses de Clément sous l’œil méfiant de Madame Fernande.

Sans perdre de temps, rendez vous est pris le lendemain matin à la rue D’Aboukir devant le porche de ‘...FRINGUES ET SOUS VÊTEMENTS... !’ Une grande affaire d’import-export, tenue par des juifs Sfaxiens. Dont le propriétaire Camus BOUHNIK, homme connu dans la communauté juive comme étant très pieux et surtout grand mécène.
Chaleureux et surtout humain. Associé avec ses frères Vivi et Freddy.

A l’heure dite, Clément et son nouvel ami Claude, magasinier dans l’entreprise, se retrouvent sur les pavés du porche qui mènent à l’usine.

A Suivre.

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 11:13

Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus


Récit par Albert SIMEONI

GUET

13°

Clément n’ignore pas cela et il fait tout pour ne pas obtempérer malgré les demandes incessantes et pressantes de sa famille et les démarches amicales du grand rabbin et du président du Consistoire. Il fait la sourde oreille sans que sa conscience n’en soit troublée.
Un joueur n’a pas de conscience car son âme est à vil prix.



Clément s’obstine à un tel point que, pour fuir cette obsédante pression journalière de toutes parts, il décide de s’exiler en France et particulièrement à Paris. Dans le seul but d’échapper à la ‘meute’ et priver ainsi par pic à son ex-femme, ce papier très important au vu de la loi juive.

Il part donc sans tambour ni trompette, comme un voleur de poules, en durectioin de Paris.

Son projet prend forme et il met pied sur le quai de la Gare de Lyon en ce Dimanche d’un jour du mois de décembre.



Il n’a pas où dormir mais il se rappelle cependant qu’il a une vieille tante qui ne l’a pas revu depuis des siècles mais ‘toupetteux’ qu’il est, il se présente chez elle. Rue du Télégraphe dans le 20 ième, les étreintes entre la tante et son neveu sont chaleureuses.
Avec des ‘Kobara ââliq’( Que je parte en sacrifice), ( y’a vraiment pas de quoi se flageller pour lui) la bonne tante, émue jusqu’aux larmes, le retient. Elle l’hébergera le temps qu’il faudra. Elle ignore tout des déboires goulettois de son jeune neveu.

Clément, sans perdre de temps, cherche du travail, juste pour voir, comme aux cartes. Juste pour se faire un peu de monnaie, le temps de régulariser sa situation. Pour alléger aussi la situation peu confortable de sa tante, il ira coucher dans le métro. Il inventera de fidèles amis qui l’aident dans ses démarches.




Dans un bar, une bar-woman d’un certain âge, le prend en sympathie.
Elle lui offre même des verres de vin et de whiskys gratos.

A Suivre...


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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 18:54
Le dernier café à Tunis


Nouvelle du Docteur Reuven (Roger) Cohen


2ème partie


C'est vrai, me dis-je, qu'entre la signature des Conventions entre la France et la Tunisie, le 3 juin 1955 à Paris, sur l'Autonomie interne de la Tunisie, où, afin de calmer la crainte des Européens de Tunisie, il était souligné que "Etant entendu que dans les domaines de la défense et des affaires étrangères, l'état de choses actuel demeurera…",  et le Protocole d'accord sur l'Indépendance, signé le 20 mars 1956, où il était déclaré que "La France reconnaît solennellement l'Indépendance de la Tunisie" et qu'il en découle : "L'exercice de la Tunisie de ses responsabilités en matière d'affaires extérieures, de sécurité et de défense,ainsi que la constitution d'une armée nationale tunisienne", moins d'un an s'était écoulé !

Le changement était trop rapide pour qu'il ne révèle un manque de loyauté de la part du Gouvernement français à l'égard de ses compatriotes de Tunisie, qui s'attendaient à ce que l'Autonomie dure assez longtemps afin que soient réglés, comme il se doit, la question des biens des particuliers.

A part les biens des colons français, sur lesquels s'étaient engagés des pourparlers afin d'arriver (sur la pression de Colonna qui les représentait et qui menaçait le Gouvernement français d'émeutes violentes) à un accord dûment signé avec les autorités tunisiennes, le Gouvernement français ne s'était contenté, quant aux biens des particuliers, qu'à de vagues promesses. Mais très vite, même cet accord qui stipulait le rachat par le Gouvernement tunisien des terres appartenant aux colons, selon le protocole franco-tunisien du 8 mai 1957, ne fut pas respecté.

http://img140.imageshack.us/img140/9094/croissantsvl4.jpg
Les derniers croissants...

C'est ce que Chanu entendait, quand il accusait le Gouvernement français de faiblesse d'esprit pour n'avoir pas réagi "manu militari". L'affaire de Sakiet Sidi Youssef, le 8 mai 1958, fut brandie par le Gouvernement Tunisien comme la raison à tous ces manquements et à son rejet des protocoles signés. Une loi du 7 mai 1959, permit au Secrétaire d'Etat à l'Agriculture de confisquer les terres des colons, sous prétexte qu'elles n'étaient pas exploitées, dépossédant ainsi 101 propriétaires français de près de 45.000 hectares.

"Toute ces histoires d'indemnités que le Gouvernement français nous propose, est une grosse blague et une honteuse tromperie, s'écria Chanu emporté par la verve de son discours et piqué soudain par notre silence qui lui parut condescendant".  
Mais moi, j'étais déjà au-delà de toute cette polémique. J'étais ailleurs.

Je me voyais déjà sur le bateau, je me voyais à Paris où mon oncle, ma tante et mes cousins nous attendaient, je me voyais à l'Université, avec d'autres camarades et d'autres étudiantes.
Et je sirotais mon dernier café à Tunis, les yeux dans le vague, tout au plaisir de mon palais.



Messina me secoua "Mais réponds donc, on te demande pour quand est fixé votre départ ?"

"Mais pour demain matin, lui répondis-je."

"Ah ! Je voudrais être à ta place, me dit Sébag, cette attente me met les nerfs à bout ! "

"Moi aussi, ajouta Messina, maintenant que tout est fini, que tout est perdu, à quoi cela rime, dis-moi Chanu, de s'empoisonner les sangs avec ces regrets et ces accusations ? On s'est joué de nous, voilà tout !"

"Mais pour l'Histoire, s'écria Chanu ! Et pour la morale de cette fable immonde !  Croyez-vous  que les Français d'Algérie vont se laisser faire comme nous ?
Détrompez-vous mes amis !"

Et il partit de nouveau sur des déclarations historiosophiques dont il se délectait.

"Bon ce n'est pas tout, leur dis-je, après avoir savouré la dernière goutte de mon café, mais il faut que j'aille donner un coup de main à mes parents qui m'attendent à l'hôtel.
Nous nous levâmes pour une dernière étreinte amicale.
Et, sans un mot, nous séparâmes.

Je remontais l'Avenue Jules Ferry en direction de  la Cathédrale.  Dans un des immeubles se trouvait le restaurant universitaire, et tout à coté les bureaux de l'Association des Etudiants Tunisiens. J'avais promis à mon camarade Nour, qui y remplissait un des rôles de responsable de section, de passer le saluer avant mon départ.

Nous étions de vieux amis, depuis Le lycée français à Sousse. Malgré les évènements et nos jugements contraires sur ce qui arrivait, malgré son patriotisme souligné et sans appel, il comprenait " ce grand malheur qui frappait les Juifs de Tunisie contraints d'abandonner leur patrie ancestrale et de s'exiler ". Il pensait que la chose n'était pas irréparable, et que les "Décrets malheureux que le Gouvernement Tunisien, et Bourguiba en tête, s'étaient vus obligés de prendre afin de contenter l'opposition et les Youssefistes, ces partisans de Ben Youssef gagnés au pan arabisme et à Nasser, il pensait qu'avec le temps, ces décrets seraient modifiés en faveur des Juifs, qui étaient indispensables à la bonne marche de la société tunisienne et dont la présence en Tunisie nous aiderait à nous préserver du pan islamisme".

Il  me vit venir et avança vers moi pour me serrer la main. Notre amitié avait toujours été sincère et ni notre religion, ni nos conceptions politiques ne l'avaient éraflée.

"Je suis venu te dire adieu, nous embarquons demain pour Marseille".

"Non, pas adieu mais au revoir, me répondit-il. Te souviens-tu de notre prof de français, Monsieur Charles, qui disait : 'Ne dites jamais, fontaine, je ne boirai pas de ton eau' ? Tu verras, tu reviendras. Les choses changeront et tu y retrouveras ton coin."

Nour avait quitté le Lycée français de Sousse avant le bac pour se consacrer à l'activité politique. A Tunis, il s'était inscrit au Lycée Sadiki pour bien marquer la différence, et par solidarité avec Bourguiba qui y avait fait ses études secondaires. C'était un fan de Bourguiba. Il s'efforçait d'imiter son style, "sa classe, disait-il, et son savoir faire avec les masses".

Nour et moi avions joué ensemble dans l'équipe de foot du lycée. A la fin de chaque entraînement nous allions boire une grenadine à la buvette du stade et menions de longues conversations, toujours sur les Juifs et les Arabes. Et nous n'avions pas encore 17 ans. Autour de nous, grondaient la colère et la haine, et nous, nous parlions calmement, sans passion, de nos communautés, de nos croyances, de notre style de vie, de nos coutumes et des motivations qui nous agitaient.



"Vois-tu, me disait Nour, toi, dans l'équipe, tu exiges le poste d'avant centre. Et pourquoi ? Tu me l'as dit, pour marquer des buts. Chez vous, les Juifs, il vous faut vous distinguer, être les meilleurs. C'est à la maison, dans la famille, qu'on vous y encourage. Vous refusez de vous fondre dans la masse. Chez nous par contre, point de tout cela. Au contraire, il nous est
demandé de rester dans le rang. Et le fait de jouer au centre du terrain ou à l'arrière ne me dérange pas du tout !"

Il fit signe au chaouch qui était à la porte.

"Nous allons boire ensemble ton dernier café à Tunis, me dit-il".

"Ah ! La classe, le taquinai-je, monsieur ne se dérange pas, il se fait servir ! Mais j'ai déjà bu mon dernier café à Tunis, avec une bande de copains de l'Institut, au Lion d'or, il n'y a pas une demie heure !"

"Tu ne vas pas comparer le café de la machine italienne avec le café tunisien préparé dans sa petite bouilloire, non ? Et puis voilà encore une preuve qu'on ne doit jamais dire 'le dernier' ! N'oublie jamais Monsieur Charles."  

Nour croyait que les processus pouvaient être réversibles. Une philosophie orientale qui s'inspirait des mouvements cycliques de la lune et des étoiles et de leur influence sur les conduites humaines. Moi, je croyais en la philosophie juive qui soutenait que l'Histoire est linéaire et qu'elle avance vers un but que le Tout Puissant a fixé d'avance, malgré "le libre arbitre".
"Dis-moi Nour lui dis-je, crois-tu vraiment, qu'il sera possible de revenir au statu quo ante, par exemple sur la  loi du 27 septembre 1957, qui rendit le Code du Statut personnel applicable aux Tunisiens israélites et qui stipula la suppression du Tribunal rabbinique ? Et comment revenir, à ton avis, sur le décret qui effaça les traces du cimetière israélite du centre ville de la capitale pour en faire un parc (6.5 hectares qui étaient considérés depuis toujours comme la propriété de la communauté juive) ? Comment revenir sur ce décret qui, sans appel, fit transférer les ossements, pas tous, mais ceux des rabbins dont la population juive honorait la mémoire, au cimetière juif du Borgel, hors de Tunis ?

Et je ne dis rien de cette politique d'intégration forcée des Juifs à la nation tunisienne, par la loi du 11 juillet 1958, qui mit sur place une réforme des institutions communautaires, qui jusqu'alors fonctionnaient à la satisfaction des Juifs et des autorités du Protectorat, et ce depuis la fin du 19ème siècle ?
Tu vois bien que la chose est impossible, lui dis-je, tout en sirotant mon second dernier café à Tunis. Il faut convenir que les adages de Monsieur Charles n'ont pas toujours raison. Tu sais bien que c'est le propre des adages intelligents !"

Il hocha la tête en souriant tristement, et me demanda : "Comment est le café ?"
       

Le dernier café à Tunis


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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 12:59



Paris le 6.02.2008.

Avec la participation exceptionnelle de Camus

Récit par Albert SIMEONI

GUET

12°

Le papa et la maman apprennent les déboires de leur fille et décident d’agir.
Ils se rendent, sans perdre de temps, dans l’après midi même chez leur fille avec la ferme intention de la soustraire des griffes de ce minable, de ce malpropre .

Hélène, mal en point et hagarde, ne semble pas réagir. Elle est plongée dans une léthargie qui la laisse sans voix. Elle suit son père sans rien dire. Sa maman M’Tira la soutient.

Hélène retourne donc chez sa famille alors que son mari, de son côté, est attablé, deux heures plus tard après l’incident, au café des Amis pour picoler avec ses compagnons de jeu.

Un certificat en bonne et dû forme est établi par le Docteur Lellouche pour violences conjugales. Les faits étant établies au commissariat, Hélène sur les conseils de son père et de son oncle avocat Maître Scemama du barreau de Tunis, décident de déposer une requête en divorce. Le couple ne partage plus l’appartement.
Le contrat de location établi au nom de Hélène Ayoun est dénoncé.

Clément fera tout pour se faire pardonner en promettant de revenir sur le droit chemin.
Mais hélas, lorsqu’on est joueur, on est pourri jusque dans l’âme.
Hélène ne veut plus rien entendre de son ex mari. La cause est entendue.

Le seul vrai sentiment qui existe entre un homme sans vice et un joueur professionnel de cartes tient en l’occurrence au détachement qu’éprouve ce premier pour tout ce qui est factice futile et dangereux alors que le second est tenu par des lendemains qui chantent faux.
L’illusion de s’enrichir par la grâce d’un lot de cartes, de paris mutuels sur les chevaux ou autres gains de casino, hypnotise jusqu’à la folie. On peut en mourir.
Le jeu n'en vaut pas la chandelle.


 

 

 

(J’en ai connu un qui a perdu tout l’héritage de son père, immeubles et autres biens, en un temps record. Au point de quémander un ticket de train pour rentrer chez lui au petit matin. Il reçut en gage de bonne conduite le nom de BOUL OU KHRÂ (pipi et caca), par ces amis.

Après un an et demi de procédures, Hélène retrouve enfin sa liberté mais pas tout à fait parce qu’il lui reste à accomplir la formalité de l’obtention du GUET, l'acceptation de donner le divorce, par son ex.

A Suivre...

 

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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 17:07
Le dernier café à Tunis


Nouvelle du Docteur Reuven (Roger) Cohen

1ère partie


J'avais laissé mes parents et ma jeune sœur attristés de ce départ, à l'hôtel, à leurs derniers préparatifs, avais promis à ma mère de ne pas tarder et filai vers l'Avenue de Carthage pour gagner Le Lion D'or, ce Café à la mode, face au Palmarium.
J'avais le cœur léger, heureux de ce changement qui se dessinait dans ma vie, soulagé de quitter ce pays où je suis né et qui devenait un biotope à angoisse, tant ses appareils d'Etat me paraissaient oppressants.  
Je me frayais un passage vers le bar afin de savourer mon dernier café à Tunis.
Dans ce brouhaha "du café de dix heures", du fond de la salle, on cria mon nom.
Ils me firent signe de les rejoindre.

Je bondis de joie. Je croyais qu'ils étaient déjà partis. Je les avais quittés, eux et de nombreux autres camarades, dans une cérémonie d'adieu qui se voulut désinvolte, dans ce même café, voilà plus de quinze jours. Nous nous étions promis, en crânant,  comme de bons camarades de classe à L'Institut des Hautes Etudes, de ne pas nous perdre de vue, de nous revoir.
Je les avais quittés en riant, mais les larmes aux yeux. J'étais retourné à Sousse pour aider mes parents à se préparer au grand départ. Dans la "micheline" qui m'emmenait, je fis déjà mon deuil d'eux, et me dis que depuis plus de deux ans la vie dans ce pays devenait si rude, si arbitraire et morne, que toute bonne surprise tenait du miracle.

Ils devaient embarquer la semaine dernière, qui pour Marseille, qui pour l'Italie.
Et voilà que, miracle, Messina, Sebag et Chanu étaient encore là.

"Problèmes administratifs me dit Sebag avec son acidité habituelle. Ils veulent tout garder pour eux et que nous quittions ce pays, comme dit ma mère, 'une main devant, une main derrière'. "

"Mes parents ont décidé de repousser leur départ, ajouta Messina. Tu sais que nous avons acheté un petit domaine à Assise, et maintenant qu'il est à nous, mon père a décidé d'attendre, afin de vendre notre ferme à meilleur prix. Je lui ai dit que je me tirerai à la fin du mois, car ici on ne respire plus ! Bien sûr il y a encore Sebag et Chanu, et le Lion d'Or, mais ce n'est plus pareil, toutes les filles se sont tirées ! Avec qui allons-nous "frayer", comme dit si joliment Chanu pour évoquer la "chose" ?



Chanu, lui, comme à son habitude, n'intervenait dans la discussion qu'en temps d'urgence. Lorsque nous déclamions des "vérités" qui l'hérissaient.

Je le réveillai à dessein de son silence : "Que veux-tu, répondis-je à Sebag, ils se refusent à continuer à se faire spolier. Ils exigent que des gros bénéfices que ton père a faits, il en reste une part en Tunisie pour nourrir les ouvriers qui ont perdu leur boulot avec ce départ massif des Européens !
"De nouveau tes conneries de communiste, bondit Chanu ! Tu ne changeras donc jamais ? Même à la veille de ton départ tu débites encore ces bêtises !

En France tu vas te faire taper sur les doigts, mon pauvre Sfez !"
Nous partîmes tous d'un grand rire. Cela ne ratait jamais.  

Chanu nous expliqua de son ton docte, que dans les pays démocratiques on appelle cela du vol, et que si Mendès France avait imaginé le dixième du mal qu'il nous faisait pour voir son nom inscrit dans le grand Livre de l'Histoire du dé-colonialisme, il y aurait réfléchi à deux fois, mais que dans son ignorance des choses, il avait agi comme il avait agi en Indochine.

"Or, ajouta-t-il, en Tunisie il n'y a pas eu de Diên Bien Phu et il n'y en aurait jamais eu" !

Malgré les inexactitudes qui encombraient son discours, nous aimions l'écouter.
La plupart de ses propos nous réconfortaient, calmaient un peu nos doutes et nos angoisses. Avec lui, tout était clair et certain.


Messina disait que Chanu employait la méthode chère à Mussolini : entre ce qui est et ce qui devrait être, il n'y avait que le choix de la décision juste. Rien d'autre. Toutes les structures économiques, sociologiques, démographiques, n'étaient pour Chanu que bavardages de matérialistes marxistes qui ne comprenaient rien à la force de l'Esprit. En deux mots Schopenhauer et la Volonté de Puissance.

Chanu s'appuyait sur le livre d'Henri Pirenne "Mahomet et Charlemagne", qu'il commentait à sa manière pour soutenir sa thèse. La lutte pour l'hégémonie dans le monde, comme dans le passé, disait-il, se déroule entre les adeptes de Mahomet et ceux de Charlemagne.

"Ce que l'Occident avait conquis par décision juste, par la force de l'Esprit, pour que se développe la Civilisation dans le monde, répétait-il, le Pan Arabisme se l'annexe par fanatisme et obscurantisme. Si  l'élite des peuples civilisés n'est plus capable d'entraîner les masses après elle, si elle renonce au rôle que l'Esprit exige d'elle, la chose est fichue !"
Hegel n'aurait pas dit mieux.
Entre le réel et le désirable, point de place chez Chanu à l'erreur et à l'illusion.

"L'analyse juste et le juste choix. Voilà la clef de l'évolution de l'Esprit. Vous savez bien qu'en politique, tout dépend de la force de l'Esprit, insista Chanu. Or, Mendès France a foiré dans ses analyses, parce que sa vue était voilée par de fausses conceptions et par l'utilisation de concepts erronés. Aussi il a fait les mauvais choix.

Il les a faits parce qu'il manquait de foi dans le rôle civilisateur de la France dans le monde, et dans ses moyens de l'assumer. Même Bourguiba croyait en la France, plus qu'il y croyait lui-même ! Mendès a bradé la Tunisie, il l'a pratiquement donnée à Bourguiba sans rien recevoir en retour, et a abandonné à leur sort les non indigènes. C'est du jamais vu en politique !"  

C'est vrai que Bourguiba avait plus d'une fois clamé sa confiance dans la grandeur de la France et dans son respect des droits des peuples. Il acceptait le passage à l'Indépendance "en douceur", par étapes convenues entre les deux équipes politiques représentatives de la volonté de leur peuple respectif, bannissant l'utilisation de la force pour régler les contentieux.  

Déjà en février 1937, un peu plus de vingt ans avant notre départ, lors de la venue de Viénot à Tunis, Bourguiba avait souligné que la divergence entre la vue des deux délégations ne traitait que d'un but lointain : "Le Protectorat, par son régime juridique, insista-t-il, est un régime de transition qui doit prendre fin avec les prétextes qui l'ont fait naître et sont l'aboutissement normal et inéluctable de l'émancipation des peuples". Mais les délégations françaises qui se succédaient et se suivaient dans leur échec depuis dix ans, jouaient à " tout ou rien", ce qui conduisit à la violence et à la décision de Mendès France d'accepter, craignant le pire, le "rien".  
Aussi, et là Chanu avait raison, le procès qu'il intentait au gouvernement de Mendès France avait sur quoi s'appuyer.

"Pendant ces vingt ans, reprit Chanu, rien n'a été fait afin que lorsque l'émancipation ait lieu, les droits des Français et des autres Européens ou des communautés qui, comme la communauté juive, ne se reconnaissaient pas en tant qu'"indigènes", puissent voir leurs droits assurés et leurs intérêts respectés. Rien n'a été fait afin que ceux qui le désirent puissent continuer à vivre en Tunisie dans le calme et dans l'honneur. C'est vrai que précipitamment, vers la fin du Protectorat, des protocoles d'accord en ce sens furent signés entre les délégations, protocoles qui furent bafoués de suite par manque de courage de la part du Gouvernement de la France de réagir 'manu militari'.

Sur ce point, Sebag a complètement raison : on a dépouillé son père des fruits de son travail.

Et quant à moi, je n'accuse pas les Tunisiens.

Eux, ils cherchaient à atteindre leur but, qui était la pleine Indépendance.

C'est le Gouvernement français que j'accuse.

C'est par lui que nous avons été trompés".
 
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