Gaston à l'écolede Moulinville
J’ai revu de temps en temps le petit Gaston, j’ai essayé de l’aborder, mais il m’a évité, comme il l’a fait avec les autres élèves du cours préparatoire. Je voulais lui demander s’il a bien dégusté le mollet de notre maîtresse, ou bien s’il a des remords.
Le récit de Nathan "Le Pourim de mon voisin Gaston", me rappelle un camarade de classe, portant le même nom, mon voisin de pupitre au cours préparatoire, environ en 1947.
A 13 heures 25, je me presse en direction de l’école. Je commence à courir pour ne pas retarder, mais la terre
glissante par la pluie m’empêche de battre le championnat de Zatopek. La cloche va bientôt sonner, et je ne veux pas être réprimandé.
— Ne cours pas ! Me crie le petit Gaston. Tu vas glisser. Laisses tomber, allons lentement et si nous arrivons en retard nous irons nous promener au lieu de faire l’étude. Je ne l’écoute pas, il n’est pas toujours de bon conseil, mais arrivé a la hauteur de la cabine ou sont vendus les blocs de glace, je ne vois pas la boue qui me barre le chemin et poussé par mon pas de course, je n’arrive pas a m’arrêter a temps, ce qui me vaut un saut périlleux : Je me retrouve les pieds en l’air et je fais une prière aérienne, "Rabbi Hai Taieb, épargnes moi de tomber sur le dos, pour ne pas me salir et rater ma classe."
Rabbi Hai Taieb accepte ma demande, et je termine mon saut debout et je continue à courir et j’arrive à l’école
a temps. Merci Rabbi. Gaston lui entre au cours cinq minutes plus tard. Comme prétexte il dit à la maîtresse.
— Mon crayon est tombé en route, et je l’ai cherché assez longtemps.
— Montre moi ton crayon ! Ordonne l’instit incrédule. Gaston sort de son plumier un crayon si petit, qu’on a
beaucoup de peine à le voir nous même. L’institutrice fut ferme.
— Tu me feras le plaisir de te rappeler d’apporter un autre crayon plus grand, pour qu’il ne disparaisse pas en
route.
Quelques jours après, je suis encore en retard, et en route je rencontre Gaston qui a déjà sorti sa toupie, sachant qu’il ne pourrait pas faire 200 mètres en deux minutes. Il m’interpelle comme le petit diablotin qui nous dicte la mauvaise conduite, m’invitant à jouer avec lui.
Manque de chance, juste à ce moment passe roulant sur sa bicyclette Soussou Bouhnik, le Shamash de la synagogue.
Il nous aperçoit, fait demi tour, nous regarde de ses grands yeux ronds et crie en direction de Gaston :
— Tu ne peux pas te presser un peu ? Soussou est l’oncle de Gaston, il me regarde aussi, avec un air de
reproche. Une minute plus tard, nous sommes assis sur notre banc. Si Gaston n’aime pas l’école, il aime encore moins être appréhendé par le sévère Shamash. Il a la trouille quand il le voit ! Et
presque toujours il est pris en flagrant délit de sottises.
Un après midi, Gaston s’affaire sous le pupitre.
— Que fais tu ? Je demande.
— Je tends un piège, est sa réponse.
— Taisez vous, au fond ! Nous crie l’institutrice. Elle s’approche justement, sans méfiance et s’arrête un peu
après notre banc, la ou le petit diable est caché et chose inattendue elle pousse un cri. C’est le fripon qui l’a mordue au mollet. Et avant qu’elle ait eu le temps de réagir, l’enragé est dehors
avec son cartable, et un instant plus tard il est hors de vue.
J’ai revu de temps en temps le petit Gaston, j’ai essayé de l’aborder, mais il m’a évité, comme il l’a fait avec les autres élèves du cours préparatoire. Je voulais lui demander s’il a bien dégusté le mollet de notre maîtresse, ou bien s’il a des remords. Apres son départ, tout est retourné dans l’ordre, mais on m’a souvent demandé ce qui lui a prit, mais je n’ai pas de réponse. Un instant de rancœur est peut être la cause de son coup de dents.