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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 10:45

Souvenirs d'adolescence

 


Mercredi dernier, ayant rencontré des amis revenus de Tunisie, j’ai aperçu parmi eux, ma cousine Viviane. M’étant informé de son voyage, elle s’est écriée : " J’ai revu la gare de Gabès " !

Il n’en fallait plus, pour que les personnes réunies éclatent de rire en se rappelant d’une anecdote concernant Viviane et le train. Ce qui nous a donné une occasion de raconter nos souvenirs dans la bonne humeur.


 

Tchik, tchik, tchak, c’est le train...

Mon premier voyage à Gabès a été mémorable ! Nous avons pris le train. C’était juste après la 2ème Guerre Mondiale. Les arrêts étaient fréquents et il fallait sans cesse s’attarder le temps du dépannage, du déblayage des monticules de sable s’amoncelant sur la voie ferrée et attendre. Notre arrivée tant souhaitée, n’était prévue que pour quatre heures de l’après midi. Ces 120 km en huit heures de voyage nous avaient éreintés. Les vacances de Pâques passées, le retour a été plus aisé.



J’ai souvent refait ce voyage, et avec l’apparition de la micheline, çà devenait aussi commode que pratique : 2 heures en tout. J’adorais durant ces voyages, voir l’autorail pénétrer sous les tunnels de Beb Ej-Jebli, écouter le claquement des roues sur les rails, compter les poteaux télégraphiques se sauvant en marche arrière, et entendre l’annonce des gares différentes par le chef de train. L’entrée de Gabès est magnifique, quand le bolide file sur le pont au dessus l’Oued et qu’une multitude de palmiers apparait.

Mon oncle Miro et ma tante Bahlou (Rachel) nous accueillaient avec bienveillance, ainsi que tonton Hmino, tata Rosette et mes cousines, Raymonde et Marie.


Chacun était aux petits soins avec les petits neveux, si mignons. Mais les enfants ont tendance à grandir et c’est ce qui nous est arrivé. Ce qui nous mène à notre anecdote.



A l’âge de quatorze ans, mes voyages à Gabès prirent une tournure heureuse : parmi les amies de mes cousines, l’une d’elles attira mon attention. Elle acceptait mes invitations et nous nous rencontrions tous les jours, pour des sorties au cinéma, des promenades, des après midi au café et des bains à la mer. Les vacances touchaient à leur fin, le compte à rebours commença pour les jours et... le contenu de mon portefeuille (qui n’était pas ma propriété à vrai dire, car il comprenait aussi le montant de nos tickets de retour en micheline). Les deux disparaissaient petit à petit.


Le jour J.

Le jour J arriva et nous devions retourner à Sfax, ma sœur Louise quinze ans, ma cousine Viviane six ans et Vivi que vous connaissez bien, six ans aussi.

J’ai compté mes sous et j’ai vu avec effroi que je ne pourrais pas payer les billets de retour. Je n’osais pas demander un emprunt à mon oncle, par timidité. Que faire ?

Nous sommes arrivés à la gare et j’ai demandé de payer « innocemment », un voyage pour deux personnes. On m’a répondu que la micheline venait de partir.

-- Quelle déveine ! Me suis-je écrié.


(Quelle veine ! Ai-je pensé sachant ne pas avoir assez de monnaie).

Nous retournerons chez tonton et je lui avouerai mon pépin, et il me prêtera ou donnera la somme voulue. Demain, nous serions partis. Ni vu, ni connu. Personne ne saura que j’ai abusé dans mes dépenses.

-- Vous avez la possibilité de voyager dans le train de marchandises, me dit en souriant une gentille demoiselle derrière le guichet. Si voulez le faire, çà vous coutera cent cinquante francs (francs anciens, millimes, si nous parlons de dinars) pour deux. Mais çà roule lentement !



C’était la solution.

J’ai vidé mes poches jusqu’au dernier centime, et çà faisait exactement la somme. Moins cher que la micheline, quelle chance ! En chemin vers le quai, j’ai expliqué à Vivi et à Viviane, que leur âge sera désormais cinq ans. Pas six. Car à six ans, le voyage est payable.

-- Vous avez bien compris, mes adorés ? Si on vous demande votre âge, vous direz :

« Nous avons cinq ans. » Sinon, je devrai payer et mes poches sont vides.

-- Bon ! Dit Vivi, mais tu m’achèteras une toupie.

-- Et à moi un frigolo ! exigea Viviane.

-- Bien sûr ! Promis et assuré !


Quel âge a Viviane ?

Dans le train, toutes les places étaient prises par des paysans qui faisaient des petits parcours. Mais les wagons ne se vidaient pas et les banquettes se remplissaient de nouveau, tout le temps. Par politesse pour les personnes âgées, nous cédions toujours, nôtre tour de s’assoir. Noblesse oblige ! Nous sommes donc, restés debout. Cinq heures après notre montée dans le train, un contrôleur vint pointer nos tickets.



— Les enfants sont en bas âge, j’espère ?

— Bien sûr ! Monsieur. Cinq ans, presque.

— Moi j’ai six ans ! Répliqua Viviane.

— Ah bon ! Six ans. Je ne vous fais pas d’amande, mais vous devriez acheter un billet moitié tarif, quarante francs, c’est le prix enfant.

— Monsieur le chef de train, je n’ai pas cette somme.

— Alors laissez-moi une pièce d’identité que je vous rendrai quand vous me payerez. J’habite la Cité Lyon.

— Moi j’ai de l’argent, intervint Vivi. Et il sortit fièrement une pièce de monnaie pour payer au contrôleur.


Six heures de route, au lieu de deux et nous étions arrivés à Sfax. Ma sœur Louise m’a fait des remarques concernant mes gaspillages, elle avait raison, il faut le reconnaître. Quant à Vivi, je lui ai rendu la somme prêtée au moins six fois, mais de temps en temps il se rappelait que je lui devais quelque chose. Quel usurier !

J’ai eu une idée, celle de l’envoyer demander sa dette chez Viviane. Cela fait cinquante ans, qu’il la lui rappelle. Et elle, pour être quitte, l’invite à prendre un café chez elle, chaque année, avec une tranche de gâteau, bien sûr. Un genre d’anniversaire, en quelque sorte !

 

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 12:47
Lékha Dodi



Lekha Dodi en hébreu לכה דודי est un cantique hébreu utilisé dans la liturgie juive. Il est chanté à la synagogue le vendredi soir à la tombée de la nuit pour accueillir le chabbat avant la prière de Maariv. Le titre de ce chant peut être traduit par : « Viens, mon bien-aimé » ce qui peut se référer aussi bien à Dieu qu'à un ami que l'on invite à se joindre à soi pour célébrer le chabbat qui est vu ici comme un mariage ainsi que l'indique la suite de la phrase, likrat kallah, au-devant de ta fiancée. L'assemblée se tourne en direction de la porte de la synagogue pour chanter le dernier couplet afin de célébrer Chabbat Hamalka, la Reine Chabbat.

 

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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 16:15
  Aux Honorables Marcel (Fafouin)
Et tous nos amis du Centre-du-Québec





La danse folklorique est un style de danse à multiples facettes, et ses adeptes la perçoivent de différentes façons. Elle témoigne d'une époque et d'un lieu particuliers et est associée à un aspect populaire d'une culture plutôt qu'à son côté élitaire. Au sein de la « grande » tradition d'une société, elle appartient à la « petite » tradition, soit la tradition orale, non officielle.


  Sources: L'Encyclopédie Cannadienne.


"C'est dans l'temps du Jour de l'an,

On s'donne la main, on s'embrasse ;
C'est le temps d'en profiter !
Ça n'arrive qu'une fois par Année "

"Si vous voyagez un Brin du Côté de St-Germain-Cantin,
Dites Bonjour à ma Grand-Mère qui habite le 5ème Rang !
Vous pouvez pas vous tromper, prenez le Chemin pas Pavé !
Ah ce qu'on est bien dans nos Vieilles-Maisons"

"C't'aujourd'hui Jour de l'An,
Gailonla MonJO Malurette
C't'aujourd'hui Jour de l'An,
Il faut changer d'Maîtresse !"


Pleines d'autres Belles-Paroles qui, du Folklore Québécois, font chanter les Cœurs, les Personnes !



Ce poème a été envoyé par Marcel (Fafouin)

 




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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 09:08

  Le coup d’œil par Camus


Histoire racontée par un ami lors d'une veillée. Sans doute imaginée et peut être vraie.

J’étais trois mois sans emploi et les petites annonces ne s’avéraient pas efficaces. Pourtant je ne me m’avouai pas vaincu. Essai après essai et puis encore une fois recommencé.

Je revenais d’une entrevue chez un employeur qui m’avait dit :
— L’emploi que je propose est bien modeste pour vous. Vous avez les capacités d’être directeur de banque.
— Je ne dirais pas non à une telle proposition, répondis-je blasé.
Je me retrouvais encore une fois dans la rue, désappointé. Cela devait se voir sur mon visage, car une déguèza* m’arrêta en me disant :
 — Vous souffrez d’un coup d’œil, mon bonhomme. Je pourrais vous aider. Offrez quelques pièces et tout ira bien.
Je n’avais pas le choix et la prenant au sérieux, j’ai vidé ma poche, ce n’était pas beaucoup, 15 euros tout juste.
 — Vous n’êtes pas sérieux, mon ami. Glissez-moi un billet ! Vous avez sûrement une carte bancaire ? Servez vous en, je vous attends sous cette arbre.

Pris dans l’envoutement de ses yeux verts, je me mit en route, et j’étais bientôt de retour avec 50 euros en poche, 25 dans mon porte feuille et 25 dans ma poche arrière.

La jeune devineresse me prit la paume de la main droite, me regarda droit dans les yeux et me dit avec un hochement de tête :

— J’avais raison ! C’est un coup d’œil grand comme un œuf. Prend cette ficelle rouge liée dans ta main et fermes la !
Passes la cordelette dans l’autre main et tiens la bien close.
Maintenant de ta main libérée, sors ton portefeuille et fais jaillir le billet de banque. Ouvre tes deux mains.

Miracle ! De ma main gauche le lien de la ficelle rouge a été défait et de la droite le banque note a disparu dans les profondeurs de la blouse de la déguèza.



— Sors le deuxième billet de ta poche révolver m’ordonna l’ensorceleuse. J’obéis à contre cœur.

 — Pourquoi fais tu cette gueule ? Vas sur le champ voir un embaucheur et tu seras recruté de suite. Mais si tu veux une place aisée, avec une bonne rémunération, et une belle pension, et air conditionnée, vas de nouveau à la banque et apportes moi des beaux billets. Je t’attends à la même place.

Je suis parti au pas de course, non à la banque mais à la quête d’un travail. Le premier patron sollicité me donna une réponse affirmative. J’ai commencé un travail pépère que je n’ai pas quitté jusqu’à la retraite. J’ai longtemps recherché la diseuse de bonne aventure pour la remercier et lui offrir un bonus, mais je ne l’ai jamais retrouvée.

— Dommage ! Je fais remarquer à mon copain, sinon tu aurais été riche comme Crésus, il fallait seulement glisser la dîme chaque mois dans les mains de la déguèza.

Je dis toujours la vérité, mais ne me prenez pas trop au sérieux.

Note :
La déguèza* : diseuse de bonne aventure.


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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 12:18
Supersitions

Le saviez vous ? Les Tunisiens sont superstitieux, mais surtout craignent le coup d’oeil. Leur parler comprend beaucoup de diminutifs, quant à leur nourriture : une tomate, un oeuf, une marmite deviennent une petite tomate, un petit oeuf ou une petite marmite.

Le chat noir. - 1.6 ko


Voilà deux superstitions, j’en connais beaucoup d’autres et aussi des anecdotes. Si ça vous intéresse, je serais à votre disposition.

 

Idiot : C’est un porte-bonheur que d’avoir un idiot dans sa famille et l’on considère qu’il vaut mieux ne pas habiter dans un village ou il n’y a pas d’idiot (d’après les Français et les Ecossais). Si un idiot sème du persil, celui-ci poussera beaucoup mieux (selon les habitants de Provence).


Moi j’en connais un, Sfaxien d’origine, pas si idiot que ça, mais ça marche quand même de faire semblant d'être idiot, çà lui attire la chance de son côté. Faisant la cour à une fille et toujours repoussé, il a après son immigration en Israël écrit à la dulcinée que " le pétrole a jailli sur notre terre. " La nouvelle a finit par décider la récalcitrante qui a accepté de l’épouser. En réalité, il a dit " nôtre terre " voulant nommer " nôtre contrée ", ce qui n’est pas exactement pareil.


Plus tard j’ai constaté qu’il avait réussi dans tout ce qu’il avait entrepris, des fois par chance et d’autres fois au défit de la chance.

En Tunisie, on disait " Koun maboule et eish ". Autrement dit : Sois fou et tu vivras (assez bien).


Etoile filante ? Faîtes un souhait. - 34.4 ko


Etoile filante ? Faîtes un souhait !

Echelle : C’est un danger, mais surtout un malheur que de passer sous une échelle.


Je vais vous dire, c’est dangereux aussi de tomber de l’échelle et si une échelle vous tombe dessus.

Un autre idiot est passé sous une échelle, sans la toucher dans la Rue des Belges à Sfax. L’échelle a glissé, celui qui était dessus essayant de se retenir, sans succès, a chuté. La dite échelle est tombée sur un passant. Les deux ont eu des bobos assez sérieux et le chanceux qui est passé en dessous était sain et sauf.


Je lui ai demandé ce qui s’était passé, il m’a répondu : " Moi, je ne sais pas, je viens tout juste d’arriver ".

 

Le Coup d'oeil : Je ne crois pas au mauvais œil, mais des fois !... Et avec un nom pareil : Mazel ?... Je l’aurais nommée malchance, si j’avais osé.

 

Notre voisine Mazel (Bonne chance) était réputée pour son mauvais œil. Elle était venue voir des travaux faits chez nous : des nouveaux robinets de nickel étincelants, un carrelage carrare, une nouvelle baignoire et menus ajouts.


Le coup d’œil 2. - 5.4 ko

Le coup d’œil

—  Comme c’est beau ! dit-elle et son œil brilla. Vous avez vite fait. Chez moi, ça n’en finissait pas. Simon, dans ma maison tu ne t’ais pas si bien appliqué. Entrant dans les toilettes, elle fit la remarque, que chez elle, la cuvette a été brisée et elle a dû en acheter une autre.


Le soir même nous avons remarqué que le carrelage dans les toilettes s’est affaissé. Voulant décoller les toilettes, en bougeant la cuvette : crac !... elle s’est fendue en deux. Une histoire vache, dire que nous avons dormi chez maman une nuit, afin de permettre au ciment de sécher et de coller. A l’époque, quelle guigne, nous n’avions pas deux W.-C. !


Un jour après, en entrant chez moi, j’ai entendu un grand bruit, c’était une étagère avec sa vaisselle qui venait d'attérir sur le nouveau robinet. Un truc à tout casser et l’eau qui sortait en jets continus. Sacrée Mazel ! Je ne crois pas au mauvais œil, mais des fois !... Et avec un nom pareil : Mazel ?... Je l’aurais nommée malchance, si j’avais osé.

 


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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 14:43

Vendredi 13
Brrr...
Restons à la maison
Où il fait bon.
Un peu de musique, de l'ambiance
Et oublions les supersitions.
Un bon feu pour nous réchauffer, sinon dansons.





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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 20:21
Cette vidéo, c'est pour rire, un rire jaune ma foi
Car çà fait peur quand même toutes ces grippes
Aviaire, Mexicaine, Asiatique, porcine etc.






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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 17:58

 

Un an après la mise au monde de son fils, Zâifrana voit venir son époux et dans sa bouche une nouvelle, son désir de naviguer.

 

 

Zâïfrana a le dessus.

- Zâïfrana, je vais en voyage !

-  Que Dieu vous protège Seigneur, gardez vous bien et revenez en bonne santé.

- Tu n’as besoin de rien ?

- Seulement de provisions. Mais parlez moi de vos projets, sur quel navire naviguerez vous, qui seront vos matelots, sont ils expérimentés ?

Le Prince sans se faire prier parle longuement de son navire, de la date du départ et répond à toutes les questions, tous les détails possibles et imaginaires sont fournis à la jeune femme de même que le nom de l’armateur. Dès le départ du Prince Zâïfrana court chez ses  parents.
- Père ! Préparez-moi un navire !

Selon les instructions de leur maîtresse les servantes font des achats de tissus et de chaussures, pareillement qu’à la première fois ; les esclaves s’affairent aux emplettes d’aliments, d’épices, de boissons et tout ce qui serait nécessaire pour un long trajet. Son père s’occupe de l’armement d’un bateau et le meilleur équipage est enrôlé.

Le jour du départ arrive. Le fils du Sultan envoie des provisions à la matmoura et pendant qu’il prend la route du port vers son bateau, Zâifrana court se préparer et s’habiller se pressant de monter sur son bateau et de prendre le large. Les deux quittent le port en même temps, leurs navires sont identiques, mais tandis que celui du Prince est bleu le sien est rouge. Le fils du Sultan appareille, Zâïfrana donne l’ordre de larguer les amarres. Elle suit la même route que son mari et quand il s’arrête elle fait jeter l’ancre et quand il repart elle est derrière lui à trois encablures.

Au bout d’une semaine le navire du Prince stoppe en pleine mer, celui de notre amie s’immobilise aussi tout près. Le fils du Sultan l’aperçoit et se fait transborder. Etant d’anciennes connaissances ils peuvent brûler les étapes et ce qui devait arriver, arrive de nouveau. Le Prince amoureux ne quitte pour ainsi dire plus le navire de Zâïfrana jusqu’au jour où le temps passant vite, il doit retourner à son port d’attache. Les deux navires se suivent, faisant les mêmes escales. Au moment de la séparation Le Prince offre à Zâïfrana sa montre.


Sitôt descendue au port notre héroïne voilée, se hâte d’arriver chez son père, change de vêtements et se dirige vers sa cave. Aux questions de ses parents elle répond qu’on en reparlera. Fidèle à son habitude le Prince vient la voir, dès qu’il lui est possible de se libérer de la réception organisée en son honneur. Il se penche vers le soupirail et demande :

- Zâïfrana, où en sommes-nous ?

- Je place ma confiance et mon espoir en notre Seigneur !

- Zâïfrana, ne t’es tu pas ennuyée ?

- Mes louanges à Dieu pour ce qu’il m’alloue !

- N’as-tu pas eu faim Zâïfrana ?

- J’ai mangé et il en reste Grâce à Dieu !

Ensuite elle s’informe de sa santé, de son voyage, demande s’il s’est bien passé et l’interroge sur ses loisirs en pleine mer. Son mari répond à toutes ses questions, toutefois il ne raconte rien concernant son aventure amoureuse et sur sa galante amie.


Les jours passent et les semaines aussi, Zâïfrana grossit et son ventre s’arrondit. Au bout de neufs mois elle met au monde un très beau garçon dont la chevelure est aussi noire que celle de son frère est blonde. Zâïfrana lui donne le nom Mahmoud aux cheveux de saphir . Le bébé grandit dans la maison de ses grands parents et la propre nourrice de sa maman s’occupe de lui. Des mois après ma mise au monde de son fils, Zâïfrana voit venir son époux et dans sa bouche une nouvelle :

- Zâïfrana, je pars en voyage, les affaires de l’Empire m’appellent.

- Que le Seigneur vous protège, mon Prince. Ayez soin de votre personne et revenez en bonne santé.

Zâïfrana lui pose des questions sur son trajet, son navire, son équipage. Son mari ne se fait pas prier et lui parle de son bateau, de son armateur, de son capitaine et encore maints détails car, nous l’avons vu, il aime parler surtout sur ses occupations personnelles. Le mari lui envoie une provision de pain, d’olives et d’eau puis s’en va vaquer à ses arrangements. Notre héroïne court chez ses parents et demande :


- Père j’ai besoin d’un bateau, le Prince repart en voyage et je vais le suivre.

Le riche paternel qui a une confiance aveugle en sa fille s’exécute et organise des préparatifs menés d’une main de maître.

Les deux quittent le port en même temps, leurs navires sont identiques, tandis que leurs couleurs sont différentes. Le fils du Sultan appareille, Zâïfrana donne l’ordre de larguer les amarres. Elle suit la même route que son mari et quand il s’arrête elle fait jeter l’ancre et quand il repart elle est derrière lui à trois encablures. Elle s’arrange de se trouver au bout de sa lorgnette et comme par hasard ils se rencontrent. Elle l’invite à son bord. Là il y a tout ce qu’il faut pour passer le temps agréablement, musique, boissons, friandises et une bonne nourriture.


Pourtant les deux s’intéressent à d’autres agréments, d’ordre romantique. Ils sont de vieilles connaissances et n’allant pas par quatre chemins, ils arrivent à l’aboutissement inévitable. Le jour de la séparation approche à grands pas et avant de se quitter le Prince offre son collier à sa femme.


Le temps passe, Zâïfrana a des envies, puis de vomissements, elle engraisse, le troisième mois elle maigrit et elle met au monde au bout de neufs mois une petite fille splendide aux cheveux roux bouclés, Aïcha aux cheveux de flamme, qu’elle met en nourrice chez sa propre nurse. Elle-même passe son temps dans la maison de ses parents et ne revient à son caveau que lors des visites de son mari. Un jour il vient lui annoncer son prochain mariage.

- Zâïfrana je suis promis à ma cousine et je dois l’épouser. Telle est la volonté du Sultan.

- Il faut obéir à la résolution du père.                                    

- C’est tout ce que tu as à dire ?

- Je mets mon espoir en Dieu et une confiance aveugle aussi.

- As-tu besoin de quelque chose ?                                     

- Du henné5 me réjouirait le cœur !

- Du henné ? Et tu comptes t’en servir ?

- Oui, ça me ferait plaisir !

Ensuite elle le questionne sur son habillement, ses chaussures et sur l’organisation de la noce. Bientôt le jour j arrive.

Il tient sa promesse et lui envoie du henné en plus des provisions, pain, eau et olives. Elle prend le henné en main, court chez ses parents, le pétrit, fait un bain dans le hammam familial et s’enduit les paumes des mains et les plantes des pieds, sachant que ce sera elle qui pénétrera ce soir dans la chambre nuptiale. Elle habille ses enfants des costumes princiers qu’elle a fait préparer, met la bague reçue du Prince au doigt de Hamdan aux cheveux d’or, place le collier au cou de Mahmoud aux cheveux de saphir et accroche la montre sur la robe de sa fille Aicha aux cheveux de flamme. Elle confie la petite fille au soin d’un serviteur noir qui lui est fidèle et donne des instructions à ses fils :


- Vous allez visiter le Palais du Sultan et vous assisterez à une fête. Cassez chaque miroir que vous verrez et chaque vase. Si vous voyez passer un serviteur avec des boissons, bousculez-le !

- Maman, on nous fera des reproches, font remarquer les enfants.

- Si quelqu’un vous réprimande vous lui direz : " Nous sommes dans la maison de notre père, vous n’avez pas de réclamations à nous faire ".

La fête bat son plein, les deux enfants princiers font leur entrée dans le Palais Royal suivis du serviteur noir tenant la petite Aicha dans ses bras. Dans le pêle-mêle des arrivants, nos amis ne sont pas interceptés. Ils font ce qu’ils ont été demandé de faire, bousculant les serviteurs qui culbutent, cassant à leur passage des vases, des vitrines et des miroirs. Les domestiques perdant la tête devant les réponses laconiques qu’ils reçoivent des deux enfants, vont se plaindre chez le Sultan :


- Sa Majesté, dieux jeunes diables font un boucan d’enfer dans le Palais, cassant, renversant et culbutant. A nos reproches, ils nous répondent que c’est la maison de leur père et que nous n’avons pas à nous en mêler.


- La maison de leur père ? Que dites-vous ? Amenez les ici !

Peu après, les trois enfants sont introduits chez le Sultan ainsi que le serviteur noir.

- Qui êtes-vous ? demande le Monarque. Le fidèle Noir répond :

- Sa Majesté, celui ci est Hamdan aux cheveux d’or, celui là est Mahmoud aux cheveux de saphir et la petite que je tiens dans les bras est Aïcha aux cheveux de flamme. Je suis leur serviteur et ils sont vos petits enfants. Ne reconnaissez-vous pas vos armures dans cette bague, dans ce collier ou dans cette montre ? Le fidèle serviteur fait une révérence et montre les bijoux au Souverain.


- J’admets avoue le Sultan. Pouvez-vous me mener chez leur mère ?

Peu de temps après, un carrosse royal s’immobilise près de la maison des parents de Zâïfrana. Le Souverain les connaît bien, car ils sont nobles. Le Sultan est attendu et il est reçut avec tout le respect qu’on doit à une si haute dignité. Le père raconte au souverain la demande en mariage du Prince et c’est Zâïfrana qui lui raconte toute son aventure, le mariage, l’emprisonnement et lui fait visiter la matmoura.


- Quel lâche ! Il se laisse marier à la fille de mon frère quand il a une femme si belle et pleine de qualités ? Vous êtes déjà ma fille pour ces beaux enfants que vous m’avez donnés. Venez avec moi, vous n’avez pas à vous en faire pour ma nièce, "mouch mektoub"6, ce n’est pas écrit ! Je lui trouverai un noble qui l’épousera dès ce soir.


Et les choses se passeront exactement comme le Sultan l’a décidé. L’estime et l’affection qu’il a pour sa bru allant et grandissant, grâce à sa sagesse et son habileté manuelle, son esprit, ses qualités d’âme, sa perfection et surtout pour les beaux petits enfants qu’elle lui a donnés. Sa beauté et sa longue chevelure n’étant qu’un ajout agréable à admirer et à orner la cour.

 

 

Fin

Notes :

Henné5: Pâte à base d'une poudre verte, sert de teinture pour les cheveux et dans les mariages à enduire les paumes des mains et les plantes des pieds. Devient rouge ocre en séchant.

Mouch mektoub6 : Ce n'est écrit, D. n'a pas prévu cette situation.

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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 12:01

Un conte : Zaïfrana1

 

Un riche marchand a une fille comblée de dons et de bonnes aptitudes, pour cette raison il ne voudrait accorder sa main qu'à l'heureux élu qui lui paierait 500 écus d’or pour sa beauté et sa longue chevelure, 500 écus d’or pour sa sagesse et son habileté manuelle et encore 500 écus d’or pour son esprit, ses qualités d’âme et sa perfection.


Ces exigences arrivent aux oreilles du Prince qui décide de demander sa main. Il envoie son homme de confiance faire le nécessaire, en soulignant que sa seule condition est qu’il viendrait seul emmener sa femme. Les corbeilles traditionnelles arrivent à la maison de la fiancée en même temps que la somme d’argent demandée en plus de maints cadeaux. Tout ce qui doit être réalisé est fait promptement. Le mariage a lieu dans l’intimité. Le Sultan ne sait rien de ce qui se trame : Le Prince pensant que son père s’opposerait à son projet, s’il en avait connaissance. L’époux n’amène pas sa femme au palais royal comme il se doit, mais voulant l’éprouver l’enferme.


Elle sez retrouve dans une matmoura2, cave souterraine, dont il est le seul à avoir la clef. Il obstrue le soupirail par une plaque d'acier, ainsi elle ne pourrait pas contacter les gens passant dans la rue. La jeune mariée est ainsi cloîtrée habillée de sa robe nuptiale, encore  maquillée et coiffée. Pour tout repas elle trouve du pain et des olives. Le fis du Sultan ne ferme pas l’œil de la nuit,  anxieux de savoir quelle a été la réaction de son épouse. Au petit jour il envoie son fidèle serviteur enlever le panneau, afin de demander à la princesse si elle voulait parler avec son maître. La réponse étant affirmative le mari vient s’enquérir de la santé de sa femme à travers le hublot.


— Zâïfrana où en es-tu ?

— Je place ma confiance et mon espoir en notre Seigneur !

— Zâïfrana, ne t’es tu pas ennuyée ?

— Mes louanges à Dieu pour ce qu’il m’alloue !

— N’as-tu pas faim Zâïfrana ?

— J’ai mangé et il en reste Grâce à Dieu !


Plusieurs fois par jour le fils du Sultan vient poser ses mêmes questions et obtient les mêmes réponses. Il lui fait parvenir des nouvelles provisions de pain et d’olives, chaque fois qu’il pense qu’elle en a besoin. Beaucoup de temps passe ainsi.


Un jour la jeune femme pense à considérer les murs de sa prison. Elle cherche tâtonnant dans l’obscurité, jusqu’à trouver un jour un mur s’effritant d’humidité. Elle gratte de ses doigts une semaine durant et elle réussit enfin à creuser une faille laissant paraître une fine lumière filtrant du mur. Tous ses sens  en éveil, elle s'approche, discernant des sons, colle l'oreille et la pressant contre le mur elle entend - quelle joie, - la voix de sa nourrice. En regardant bien, elle reconnaît la cuisine de la maison paternelle.


Elle appelle, la nurse prend peur pensant que les jnouns3, les mauvais génies ne se manifestent et elle se sauve. Le secours arrive bientôt et une grande pierre est descellée puis une autre et Zâïfrana peut entrer chez elle.


Ses parents la couvrent de baisers et de leur affection, la trouvent bien amaigrie après sa diète inévitable. Après une bonne toilette et bien habillée elle prend un excellent repas réconfortant et elle raconte enfin ses mésaventures, sa nuit de noces dans un caveau et la conduite bizarre de son époux. Son père fâché veut aller de suite chez le Sultan mais Zâïfrana le retient :


— Papa laisse moi mener cette bataille à ma façon, j’aurais le dernier mot, je te l’assure !

Ensuite elle retourne dans sa cave, de rhabillant de ses défroques, les pierres enlevées reprennent leurs places. Quand le fils du Sultan revient la voir et lui poser se questions habituelles, il la trouve comme toujours près du soupirail et elle lui répond pareillement à son habitude.


Désormais elle vit chez ses parents, jouissant du bienfait du hammam4, mangeant une nourriture nourrissante, s’habillant bien et ne retournant à la matmoura que lorsque le Prince vient la visiter.

 


A suivre...

 

****

 


Notes :

Zaïfrana1 : petit grain de safran.

Matmoura2 : cave.

Jnouns3 : Au singulier Jène, mauvais génies habitant sous terre, selon les contes.

Hammam4: Bain maure.

 

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 11:41
   


















Éditions du Vermillon
Collection : Romans
392 pages
ISBN : 978-1-897058-88-6
Date de parution : 2009/11
Format : 23 cm x 15,25 cm
Reliure : Allemande
Code : VER362

Prix : 25.00 $ 

 

 

 

 

 

Hannibal Ben Omer, jeune Tunisien originaire des îles Kerkenna, demeure rebelle à toute forme de contraintes. Cet autodidacte féru d’histoire est curieux de remonter aux sources des civilisations. La mort de ses parents le décide à élucider le mystère de ses origines. Parcours initiatique qui lui fera traverser la Méditerranée avec, pour mentors, les ombres d’Ulysse et du Carthaginois Hannibal Barca.


Quatre îles, Kerkenna, Djerba, la Corse et la Crète, autant d’étapes d’une odyssée, sans oublier la Sicile où Hannibal rencontre l’amour de sa vie, Laura, dont il fait sa femme. Tous deux iconoclastes, ils fondent leur ménage sur de grands idéaux : paix et tolérance, curiosité vis-à-vis de l’évolution des civilisations modernes.
De cette union naît un fils, Télémaque, dont la vie est mise à prix dès la naissance. Laura, nouvelle Pénélope, attend le retour de son mari prodigue; sublimée par la poésie, sa souffrance mêlée de révolte n’a d’égale que sa volonté de comprendre ce qui pousse l’homme qu’elle aime à vivre loin d’elle.


Les aléas d’une odyssée est un roman du Sud avec, pour toile de fond, la Méditerranée éternelle. Nouveau Thésée secouru par une nouvelle Ariane, le lecteur émerge d’un imaginaire foisonnant pour, à la lumière d’autrefois, redécouvrir le monde d’aujourd’hui.

 

Lire aussi : Cap Nord

 

 

 

Il est possible de commander cette œuvre directement chez le diffuseur, au prix de librairie :  <livresaucanadafr@rogers.com>

 


 


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